Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Instinct Animal
13 septembre 2009

Partie 2

***

Le jour fatalement levé. Une rencontre compromise. Le sang versé. Et un vent d’est qui se lève…

Arisa était extrêmement nerveuse quand elle dût se résoudre à se rendre en classe. Une nouvelle engueulade. Un nouveau mensonge. Et Mimiko qui avait disparue.

Mais il n’y avait pas que ça, tout ses sens lui indiquaient un danger, le moindre bruit la faisait sursauter, comme si elle avait l’impression d’être suivie/ Traquée   

Alors qu’elle s’était toujours plus ou moins sentie en sécurité, sure de sa force, elle se sentait soudain à découvert, comme si quelqu’un la tenait constamment en joue avec un fusil. Impossible de se concentrer dans de telles conditions.

Entre ses doigts, le plastique de son stylo Bic s’éclata.

*Oups !*

Elle ouvrit la main, laissant tomber de petits fragments sur sa table, ainsi que le stylo inutilisable et attrapa un crayon à papier qui ne tarda pas à suivre son exemple. Sa voisine de table, une jeune fille aux courts cheveux roux frisés la regardait avec des yeux ronds.

-Eh bien Arisa… Qu’est ce qu’ils t’ont fait ces pauvres crayons ? S’étonna doucement Kitsune.

-Rien, grogna Arisa qui abandonna sa prise de note pour essayer d’écouter le professeur, ses mains fermement plaquée sur ses cuisses, de peur de casser la table en deux.

Elle n’avait jamais cassée de tables en deux, mais aujourd’hui, elle avait l’intuition que ça ne lui serait pas bien difficile. Derrière elle, deux autres de ses amies la regardaient avec inquiétude : Shinobu et Isaka se penchèrent sur la table pour pouvoir lui murmurer sans être entendue.

-C’est parce que Mi a disparut et que tu es la dernière à l’avoir vue ? Demanda Isaka.

-Ce qui s’est passé hier soir, c’était pas une histoire de garçon ?

-BIEN SUR QUE NON ! CE N’ETAIT PAS UNE HISTOIRE DE GARCON ! EST-CE QUE J’AI L’AIR DE M’EMBARQUER DANS DES HISTOIRES DE GARCONS ?!?! S’exclama Arisa en se levant de sa chaise, comme électrocutée par les paroles de Shinobu, se tournant vers elle, les poings et dents serrées. Les yeux brillant d’une lumière verte, l’iris s’allongeant pour faire disparaitre toute la surface blanche de l’œil.

Une craie lui atterrit alors sur la tête, la replongeant dans la réalité. L’iris se rétracta aussitôt, tellement vite que pour un simple regard humain, le changement fut perçu comme une illusion d’optique, et elle tourna la tête vers son professeur qui la regardait d’un air désabusé, tapotant du pied d’impatience.

Elle fit une grimace, le loup en elle avait envie de gémir en s’aplatissant par terre, conscient d’avoir fait une bêtise.

-Désolé Monsieur…

-J’aimerais bien que ce genre d’interruption de mon cours n’ait plus lieu…

-Oui monsieur…

Arisa se rassit, penaude, retenant un soupir. Elle supportait mal cette attente… Elle avait envie de se mettre immédiatement à la recherche de son amie. Avec son flair, elle devrait pouvoir la retrouver dans ce minuscule petit bois… A condition qu’elle n’ait pas quitté ce dernier…

Mais elle ne savait même pas encore comment elle pourrait la retrouver… Ses parents avaient très mal pris son deuxième « découchage ». Ils l’avaient interdite de sortie pendant un mois et elle avait pour ordre de rentrer directement après le lycée.

*Un mois enfermé… Impossible !*

Elle ne pouvait pas désobéir à ses parents…

*Impossible avec un membre de la meute disparu… Peut être en danger…*

Mimiko ne l’avait pas écouté après tout, c’était sa faute ! La famille ça passait quand même avant les amies !

*La meute, c’est la famille.*

Bon sang non… C’était pas la même chose…

*Elle a besoin de mon aide, comme j’ai eu besoin de la sienne…*

…Quand elle s’était transformée la première fois sans avoir peur…

Soudain, c’était clair pour Arisa. Elle se souvenait du sentiment qu’elle avait ressenti, comme si en se transformant, on lui avait aussi enlevé un lourd fardeau des épaules. Elle s’était sentie si légère, si libre, le futur lointain n’avait plus eu aucune importance, seul comptait le présent et le futur proche. Sa famille… N’avait plus eu beaucoup d’importance non plus a ce moment là, c’était des Hommes. Ils n’étaient pas comme elle. Ou comme Mimiko. Et elle l’avait toujours su. Le loup l’avait toujours su a partir du moment où elle avait été mordu. A partir du moment où elle était devenue comme elle. Un Animal.

Si Mimiko n’avait pas été là, sous sa forme humaine, elle n’aurait vu alors aucune bonne raison de reprendre sa peau d’humaine et tout le poids qui allait avec.

Et Mimiko était perturbé par son humanité, Arisa l’avait vu pleurer. Elle était malheureuse en tant qu’humaine… Mais pas en tant qu’animal : ce qui devait la perturber ne devait pas avoir beaucoup d’importance pour une bête.

C’était pourquoi elle n’avait pas eu envie de reprendre son apparence humaine.

Arisa DEVAIT la retrouver.

Maintenant c’était une question de devoir envers un membre de la meute en difficulté… Les conséquences vis-à-vis de sa famille viendraient ensuite.

-EH !

Avant que la main de Kitsune ne se pose sur son épaule, Arisa se tourna vers elle :

-Quoi ?

-Bein t’as pas entendu la sonnerie ? C’est l’heure de manger !

-Ah… Oui… Fit Arisa en rangeant machinalement ses affaires.

Elle balança son sac dans son dos et suivit la jeune fille rousse dans les couloirs du lycée. Elle ne put s’empêcher de froncer légèrement du nez à la vue du passage encombré d’une cohue d’adolescents, qui, tel un fleuve à deux courants opposés, entrainaient ou bousculaient les choses qui cherchaient à y rentrer.

C’était dans ces moments là qu’on regrettait son odorat développé. Ce qu’elle sentait lui donnait parfois envie de gerber. Odeur de sueurs, de vieilles chaussettes, ou alors de déodorants ou de parfums… Ou d’autres choses qu’elle se refusait à identifier. Tout ça mélangé, c’était simplement infect.

Ensuite, depuis sa transformation, elle n’appréciait pas trop d’être touchée par des Hommes, quant à la foule, elle la détestait bien avant de se découvrir loup.

-Tu sais, les filles et moi se fait un peu de soucis pour toi ces derniers temps, lança Kitsune qui suivait le flot menant jusqu’à la queue du self. Bon d’accord, ça fait que quelques mois qu’on se connait mais tu as changé de comportement.

-Ah oui ? Répondit Arisa entre ses dents, qui ne l’écoutait que d’une seule oreille, trop occupée à bloquer sa respiration.

-Oui, avant tu étais toujours la première à sortir hors de la classe pour la pause de

midi

et tu as tout le temps l’air ailleurs… Je comprends que là tu t’inquiètes pour Mimiko si elle n’est pas rentrée chez elle de toute la nuit, mais tu as des soucis à part ça ?

-Hein ? Non. Non. Tout va très bien, c’est juste une période, ça va passer.

-Bon… Si tu le dis…

Elles étaient finalement arrivé au bout de la longue queue qui leur permettrait de rentrer dans le restaurant du lycée et Arisa leva les yeux vers la petite télé qui était allumé sur la chaine des informations.

Fronçant les yeux, elle crut voir apparaitre le nom de sa ville.

Se concentrant sur son ouïe qu’elle savait aussi excellente, elle tenta de faire abstraction de tout le vacarme que produisaient les lycéens pour entendre ce qui se disait.

Elle retint un petit glapissement en voyant le cadavre sanguinolent d’une vache passer devant l’objectif de la caméra. Suivi aussitôt par le propriétaire, un fermier du coin, qui témoignait l’avoir trouvé là en faisant sa tournée, intrigué par le fait que toutes ses vaches se soient recroquevillées dans un coin du champ, les yeux révulsés de terreur. La journaliste réapparut pour faire la conclusion du reportage :

-Vu le carnage dont a été témoin cette petite ville du sud de la France, peut on craindre la présence d’un loup ou même d’un ours prés de nos maisons ? C’est ce que vont vérifier…

-Eh ARISA ! T’es encore dans la lune ! S’exclama Kitsune.

-Hein quoi ?!

-Faut avancer, on bouche tout le monde !

-Ah oui, désolé…

-Franchement, t’es vraiment pas clair en ce moment…

Arisa ne faisait déjà plus attention à la jeune fille, regrettant de n’avoir pas pu entendre la fin du reportage. Cependant, ce qu’elle avait entendu avait suffit à lui faire comprendre l’urgence de la situation. Si elle ne faisait rien, les médias allaient découvrir leur existence ! Elle ne devait pas perdre de temps : elle partirait à la recherche de Mimiko au coucher du soleil.

eye_of_the_wolf_by_LoceImicaMornie

Credit photo

Publicité
Publicité
Instinct Animal
Publicité
Derniers commentaires
Publicité