Partie 2
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Naru s’excusa en arrivant la dernière devant l’hôpital : elle avait ratée le bus comme avait pût le constater ses amies qui s’étaient donnée rendez-vous à l’arrêt.
La façade du bâtiment administratif de l’hôpital Purpan se tenait devant elles, dans sa brique d’un rouge fané que l’absence de soleil ternissait en ce samedi après-midi. Les jeunes filles firent alors un tour à l’accueil pour connaitre la situation géographique du bureau qu’elles recherchaient, sachant très bien que ce complexe pavillonnaire était labyrinthique. Elles finirent par trouver le bon bâtiment après un quart d’heure de recherches _valait mieux ne pas être agonisant ici_ et la gorge de Naru se noua.
Bien qu’elle mette un point d’honneur à paraitre confiante au sujet de ses blessures, au fond d’elle, elle était paniquée et marchait presque à reculons… Il ne fallait pas chercher bien loin la raison de son retard. Elle espérait secrètement maintenant que cet homme ne sache rien et se révèle incapable de dire si oui ou non elle allait se transformer en bête féroce assoiffée de sang.
Elle revoyait dans sa tête la panthère feulant, découvrant ses crocs cruellement tranchants dans un cri de pure rage. Et la louve, les babines relevée sur sa mâchoire crispée, un grognement menaçant montant de sa gorge. Elle essayait cependant d’oublier toute la scène accompagnée d’hémoglobine, bien que l’image du policier qu’elle avait soutenu durant toute la traversée du bois jusqu’à une ambulance, ses mains fermement serrée contre le bandage de son cou, essayant de limiter le sang lui coulant sur la main, restait ancrée dans sa mémoire.
Elle se sentait d’autant plus malheureuse que malgré ses efforts, il avait succombé.
Augmentant de un le nombre de meurtre proféré par son amie, même si elle et Asuka était sous le sceau du secret. Pour Arisa, c’était différent. Mimiko lui faisait entièrement confiance, ce qui d’ailleurs ne manquait pas d’étonner les deux autres filles.
Non pas qu’Arisa n’était pas digne de confiance, mais Mimiko et elle ne se connaissait que depuis le début de l’année scolaire, à peine quelques mois, et se comportaient déjà comme des sœurs.
Un truc de bête apparemment.
Arisa avait appelé ça « la meute ».
Naru s’arrêta, manquant de rentrer dans cette dernière qui avait freiné des quatre fers à quelques mètres de la porte arborant la plaque dorée indiquant le nom du Docteur Kyogane Aoba.
-Tu ne sens pas Mimiko ?
La brune se mit à renifler l’air sans beaucoup de conviction, avant de faire une grimace confuse.
-Désolé, je sens que toi…
-Ca sent quelque chose de bizarre… C’est moins fort que toi, plus faible… Mais ce n’est pas celle d’un Homme… Je n’ai jamais senti ça…
La porte s’ouvrit soudain, laissant apparaitre un homme plutôt jeune : il devait avoir dans la vingtaine, peut être la trentaine… Ses cheveux noirs étaient soigneusement coiffés sur son visage à la mâchoire carrée, il portait une grande blouse blanche, et dessous un pull en V beige assorti d’un pantalon ocre coupé droit.
Ses yeux exprimèrent l’étonnement, puis ses sourcils se crispèrent légèrement, formant des petites rides sur son front, tandis que dans ses yeux, une lumière s’éteignit pour devenir ternes et tristes.
-Alors c’est donc vous la cause de tout ce bazar… Lâcha-t-il en s’effaçant contre la porte pour les laisser entrer.
Arisa et Mimiko se raidirent légèrement, mais l’homme leur adressa un sourire qui estompa toute impression de tension.
Cet homme était au courant, et pire : il était l’un deux ! Réalisa Naru en passant avec méfiance devant lui.
Méfiance qu’il ne semblait pas mériter, il dégageait tellement de douceur que son imposante silhouette carrée en devenait sympathique. Elle rejoignit Mimiko, Asuka et Arisa prés de son bureau, s’asseyant sur le canapé d’auscultation prés de cette dernière. Il ferma la porte derrière lui et à la place de prendre place dans son fauteuil, s’assit sur un coin de son bureau.
-Est-ce que vous vous souvenez de moi ? Demanda finalement Mimiko. J’ai été admise aux urgences après avoir été mordue par un chien…
-Bien sur, j’ai espéré que vous ne reviendriez pas me voir… Ces chiens sont une telle nuisance… Alors c’est vous le foyer de contamination ?
-Pa… Pardon ? Grimaça la brune.
Naru trouva aussi le terme étrange et craignit un instant qu’ils ne parlaient pas de la même chose.
-C’est à moi de m’excuser, je m’exprime mal et vous n’avez sûrement aucune idée de ce qui vous est arrivé, s’excusa le Docteur Kyogane en hochant la tête avant de reprendre : commençons par le début : Je m’appelle Kyogane Aoba, je suis docteur dans cet hôpital, mais je suis aussi un Changeur.
-Un « changeur » ? Répéta Asuka.
-Oui… Comme vos deux amies, je possède deux formes : une forme humaine et une forme animale. La forme animale représente, d’après certaines légendes, son totem, ou alors son ancienne incarnation. Elle varie selon chacun, allant du plus petit insecte au plus grand mammifère terrestre, passant par l’oiseau et par les mammifères marins.
-Alors on peut ne pas se transformer en loup ou en lion ? Intervint brutalement Naru.
Elle commençait déjà à respirer mieux. Si elle devait se transformer, elle préférait que ce soit dans la peau d’un animal pacifique.
-Bien sur. Dans notre monde, nous différencions quatre, voire cinq, types de changeurs : les carnivores, les herbivores, les oiseaux et les marins. Voire, anecdotiquement, les insectes. Généralement, on peut deviner dans quelle catégorie se trouve une personne en fonction de son comportement. Les carnivores sont des prédateurs, des personnes au caractère très tranché et bien trempé, d’une certaine façon, ils sont fait pour prendre des décisions et ce sont des meneurs, à leur façon, ils sont dangereux, sans être pour autant des meurtriers ou des voleurs. On trouve par exemple de nombreux hommes d’affaires dans cette catégorie. Vous connaissez le dicton : « l’homme est un loup pour l’homme. »… Ensuite les mammifères : ce ne sont pas pour autant que des moutons, bien qu’il y en ait beaucoup, ce sont des personnes au caractère plus souple, plus craintif aussi, aimant vivre en compagnie et se fiant aux décisions des autres. Ils sont la catégorie la plus représentée. Les oiseaux et les marins sont, eux, des légères déclinaisons de ces deux catégories…
-Et les insectes ? Demanda Asuka, curieuse.
-Les insectes sont très rare, représentatif d’une personnalité insignifiante, si je puis dire. Comme exemple… hm… Il y a eu le cas de ce japonais qui passait sa vie à travailler, il s’est transformé en fourmi. Malheureusement… Il a vite quitté notre monde après s’être transformé dans un carrefour de Tokyo… (Le docteur fit une légère grimace) Ah oui, et aussi ce cas qui a défrayé la chronique pendant plusieurs mois : Une femme, qui passait son temps à se marier et a tuer ses maris pour amasser une fortune qui ne lui servait à rien, s’est, elle, transformée en mante religieuse. C’est comme ça d’ailleurs qu’elle s’échappait de prison…
-Quel horreur… Lâcha Naru, les mains crispées par sa peur qui était à présent revenue.
L’idée qu’elle puisse se transformer en insecte la révulsait. Elle se mit à détester un peu Mimiko et Arisa qui écoutaient l’homme sans se faire du souci, buvant ses paroles avec intérêt. Elles, elles savaient déjà ce qu’elles étaient. Contrairement à elle. Cependant, avant qu’elle se mette à chercher si elle n’avait pas vécu de façon vaine, elle se secoua en se rappelant qu’elle n’était même pas sure de se transformer. Il était inutile de mettre la charrue avant les bœufs, ainsi, elle s’efforça de se calmer.
-Alors nous sommes nombreux ? Le questionna Mimiko. Jusqu’ici, on avait l’impression d’être les seules…
-Nombreux… Nous représentons 5% de la population humaine et nous sommes dispersés dans toute la planète. En tout anonymat évidemment. Il est important que les Hommes ne sachent rien de notre existence, insista le Dr Kyogane en fixant Asuka et Naru.
-Pourquoi, vous mangez des humains ? Demanda faiblement cette dernière.
-Bien sur que non ! Nous sommes aussi humains : ce serait comme du cannibalisme ! Non, la raison est que l’Homme a toujours eu peur de ce qui était différent de lui. De plus, nous avons quelques exigences qu’ils ne sont pas en mesure de comprendre… Et puis la moitié d’entre nous sont pourvus d’une force, d’une vitesse, d’une acuité sensorielle au double de ce que eux ont. Et puis, nous sommes… Très contagieux.
-Ah ! C’est la raison pour laquelle nous sommes venus vous voir ! Annonça Arisa. Mimiko a, sans le vouloir vraiment, griffé la main de Naru et celle-ci dit que ça la brûle. Nous nous inquiétions pour elle.
-Le virus ne se contracte pas par les griffures, répondit aussitôt le docteur.
Naru se sentit soudainement mieux, libéré d’un lourd fardeau qui s’était posé sur ses épaules. Maintenant qu’elle savait qu’elle ne courait plus aucun risque, elle pouvait considérer sereinement les deux nouvelles « changeuses ».
-Cependant, je trouve que la brûlure est étrange, je ferais mieux de faire un test au cas où, ajouta t’il en ouvrant un tiroir d’où il sortit une seringue. Puis je vous prendre un peu de sang ?
Naru hocha la tête et découvrit l’un de ses bras pour qu’il puisse y poser un garrot et y piquer son aiguille.
-Vous parlez d’un virus ? C’est vraiment une maladie alors ? S’étonna Arisa.
-Pas vraiment. Ou alors une maladie encore inguérissable. Une fois que le virus entre dans un corps sain, il se multiplie en moins d’un mois, de façon à contaminer chaque cellule du corps. Le virus est cependant inactif a part pendant la période de multiplication, ce qui explique la brûlure : il est inoffensif du point de vue de notre santé, et même les globules blancs et toutes les défenses auto-immunitaires l’ignorent. C’est en contact avec des hormones ou des neurotransmetteurs qu’il devient actif, entrainant tous les autres virus présent dans le corps et causant la transformation.
Pendant qu’il leur expliquait cela, il pompa un peu de sang dans le creux de l’épaule de Naru et se tourna vers une table de travail où il attrapa des flacons. Il se tourna finalement vers elles, un bécher rempli d’une substance bleutée dans les mains.
-Je suis désolée mademoiselle, mais vous avez été contaminé quand même.
-QUOI ?!
Naru avait l’air d’un poisson hors de l’eau tandis qu’elle sentait son univers s’écrouler devant elle à cause d’un liquide bleu pâle chimique.
-Mais je croyais que les griffures… Commença-t-elle avant de s’arrêter, sentant son sang se retirer de sa tête et le monde tourner autour d’elle.
-Il faut l’allonger ! S’aperçut Kyogane en se précipitant vers elle.
Arisa se leva brusquement de sa place pour laisser le Docteur allonger la jeune fille pâle comme un morte le long du canapé en cuir noir.
-Voila, calmez vous et respirez, lui dit-il d’une voix douce.
-Mais les griffures…
-Les griffures ne contaminent pas. Le virus peut être uniquement propagé par la salive, le sang, la lymphe ou les fluides sexuels. Bien, sur, il faut que ces liquides pénètrent votre corps, si du sang infecté coule sur votre peau, vous ne risquez rien, mais s’il entre par une blessure ou si vous le léchez par exemple, il y aura contamination. Ainsi, une morsure provoque immédiatement contamination car la salive infectée est en contact avec le sang. La contamination par le sang est la plus rapide, elle prend moins d’un mois, le reste est plus long. En gros, si vous m’avez compris, vous vous apercevez à quel point le fait d’être un changeur vous éloigne des Hommes. Il vous faudra vérifier maintenant scrupuleusement que tout vos couverts de table ne soient pas utilisé par d’autre, arrêter de boire directement à la bouteille, mais dans un verre… Je tiens à préciser ce fait car même si vous utilisez une paille pour boire une cannette de soda, vous ne devez en aucun cas permettre à d’autre de boire dedans. Ne laissez personne toucher vos blessures… Et évidemment plus de baisers ou de relations sexuelles à moins que la personne soit consentante et ait pris toute la mesure de ce qu’elle va devenir.
-Génial… Comme si c’était déjà pas assez difficile de trouver un petit ami… Grommela Mimiko du haut de sa chaise. Au fait, j’ai une question : les chiens qui nous ont attaqués Arisa et moi…
-Ce n’était pas des changeurs, la coupa Kyogane en comprenant ce qu’elle voulait lui demander : les animaux peuvent aussi contracter le virus, mais celui-ci a un très mauvais effet sur eux : il les rend complètement fou et incontrôlable. C’est pour ça qu’a chaque fois que vous chassez, vous avez ordre de tuer l’animal. Si celui-ci s’enfuit, il risque de contaminer de pauvres passants… Comme ça a été le cas pour vous…
-Je me demande comment font les changeurs… Ca doit être horrible d’être toujours sur ses gardes et de ne pas pouvoir se relâcher ? Songea Asuka.
-C’est pour cela que nous vivons en meute, répondit le Dr Kyogane.
-En meute ? Répéta Naru qui reprenait petit à petit ses belles couleurs dorées, bien qu’elle assistait à tout cela avec détachement, comme coupée de la conversation par une glace, attrapant des bribes de paroles par ci, par là, le corps froid et raide.
-Mimiko fait partie de ma meute, répondit automatiquement Arisa avant d’apercevoir sur le visage du docteur un sourire triste.
-Oui, il est temps que je vous parle de ça aussi. Si vous avez remarqué, depuis le début, je vous parle d’exigences particulières, de devoirs, d’obligations… Sachez qu’à partir du moment où vous êtes devenus changeurs, vous n’êtes plus uniquement sous le contrôle des lois du pays où vous vivez, mais aussi, et surtout vous dirons certains qui renient même le pouvoir des Hommes, sous les lois des changeurs. Car nous avons des lois qui nous permettent de vivre au milieu des Hommes sans être découvert, et des chefs pour les maintenir. En France, toutes les meutes sont plus ou moins sous le contrôle de la Meute de la forêt des Cévennes. Et en Europe, toutes les meutes sont sous le contrôle de la Meute de la forêt de Bavière en Allemagne.
-Les meutes sont forcément liées à une forêt ? S’étonna Asuka.
-Une meute est liée à son territoire. La notion de territoire est une chose très importante (et Mimiko et Arisa hochèrent la tête), c’est ce qui fait que nous sommes peu nombreux, car plus nous sommes, plus nous avons besoin de territoires, contrairement aux Hommes qui peuvent se contenter d’un 2 pièce minuscule. Une forêt est un territoire idéal, car elle offre une cachette, une réserve de gibier pour les carnivore, de la végétation pour les herbivore, et le plus souvent un coin d’eau clair pour s’abreuver. Et pour finir, elle est généralement assez grande pour contenir toute la meute. Malheureusement, il y a de moins en moins de forêt et le nombre de Meutes est limité aux forêts. Evidemment, il y a quelques regroupements de changeurs qui vagabondent de ville en ville, généralement pas plus de six individus. Et il y a des solitaires comme moi, qui s’installent dans un coin et se font discrets… Mais la meute me manque. Avoir une meute c’est très agréable, c’est comme une famille : on se sent à sa place, aimé et protégé.
-Pourquoi vous ne retournez pas dans votre meute alors ? Fit Arisa.
-Je ne peux pas. Je me suis enfui. C’est très dur de s’enfuir d’une meute… Ou plus précisément, de s’arracher à l’emprise de l’Alpha.
-L’Alpha ?
-Oui, parce que dans chaque meute, il y a un chef qu’on appelle l’Alpha. C’est le plus fort, il a dû se battre avec les autres pour avoir ce titre. Du moment qu’il est Alpha, le changeur a une certaine emprise sur les autres, par exemple, il est très difficile de lui désobéir. Mais le revers de la médaille, c’est qu’il passe son temps à être inquiet pour les membres de sa meute, à la limite de la paranoïa.
-Bouh… J’aimerais pas être alpha… Conclut Arisa. Notre meute à nous : elle n’en a pas besoin !
-Vous n’avez pas de meute à vous pour l’instant, répliqua gentiment le Dr Kyogané, pour l’instant, ce n’est que des balbutiements de meute. De plus, ne le prenez en aucun cas mal, je vais m’exprimer comme le feraient certains changeurs, vous n’êtes que trois jeunes femelles sans expérience. C’est déjà un miracle que personne ne vous ai senti. Actuellement, vous êtes en danger sans mâles pour vous protéger.
-NON MAIS C’EST PAS VRAI !!! S’insurgea Arisa, le visage et les oreilles rouge écarlate. C’est quoi cette vision machiste ?!
-La plupart des animaux sont machistes, pour reprendre vos mots, ricana légèrement Kyogané.
Mimiko n’avait pas l’air plus heureuse que son amie, et des grognements grésillaient dans l’air. Asuka soupirait, elle aussi désespérée. Arisa bouillonnait de rage, trépignant légèrement sur place.
Naru dû faire un gros effort de concentration derrière sa glace pour comprendre ce qui se passait, mais même après, elle était incapable de réagir, se sentant soudainement toute molle, toute lasse, laissant le soin au premier intéressé de la prendre totalement en charge et de la trainer derrière lui. Entretemps, Kyogane avait repris la parole :
-Ca a beau ne pas vous plaire, je dois vous apprendre certaines règles, qui certes, sont les lois de la jungle. Croyez moi, vous serez plus heureuses au sein d’une Meute qui vous protégera, qu’à la merci des vagabonds dont je vous parlais tout a l’heure et qui jouisse d’une très mauvaise réputation.
-Vous croyez qu’on est pas capable de se défendre seules ? Grogna Mimiko.
-Vous n’en avez aucune idée, vous ne vous êtes jamais battus contre un autre changeur, qui plus est, mâle… Alors imaginez qu’il y en est toute une bande… Je connais bien l’alpha de la Meute du parc national des Pyrénées, même si ce n’est pas la plus proche, c’est un homme bien, si je lui parle de vous je suis sure qu’il acceptera de vous prendre…
-Hors de question !
-Pareil !
-Quoi ! Vous voulez les expatrier dans les Pyrénées ?!?
-Sinon c’est les Cévennes, mais je n’apprécie pas trop Samuel Clear, c’est un ours, au sens propre, comme au figuré.
-Samuel Clear ? Comme le Samuel Clear PDG de la plus grosse boite de pharmaceutique européenne ??? S’exclama Asuka. C’est un changeur ?!
-Oui, il a beaucoup d’influence sur le gouvernement. Mais moi je ne l’aime pas.
-De toute façon, la question est réglée, il est hors de question que je quitte ma famille pour partir vivre dans une forêt ! Encore moins sous les ordres d’hommes que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam ! Répliqua Arisa, toujours remontée.
-Tu mets ta famille en péril ainsi…
-Nous ferons très attention !
-Tu ignores ce à quoi tu t’engage à faire face.
Arisa lui répondit d’un sec grondement.
Asuka se leva soudainement de sa chaise, semblant réaliser qu’il valait mieux réagir. Naru s’en voulut faiblement de ne pas lui être d’un grand secours, mais bon, là, elle était hors service.
-Bon, bien, je crois qu’il va leur falloir réfléchir à tout ça : Ca fait beaucoup d’informations pour une seule journée ! Affirma Asuka. Alors on va rentrer et puis on reviendra un autre jour !
-Ouais, maugréa Arisa en obligeant Naru à tenir sur ses jambes.
Mimiko se leva à son tour et s’aperçut que le docteur lui tenait un petit carton blanc. Il avait l’air très soucieux.
-Voici ma carte avec mon numéro de téléphone. N’hésitez pas à m’appeler. Et surtout, ne prenez pas à la légère ce que je vous ais dit : vous êtes une proie facile, le danger est bien réel et vous pourriez regretter de ne pas avoir intégrer une meute aux mœurs correctes.
Arisa grimaça, mais Mimiko, dont les yeux étaient plongés dans ceux de l’homme, s’empara quand même de la carte et lui murmura un rapide merci.