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Instinct Animal
27 novembre 2009

Partie 2

***

Naru s’excusa en arrivant la dernière devant l’hôpital : elle avait ratée le bus comme avait pût le constater ses amies qui s’étaient donnée rendez-vous à l’arrêt.

La façade du bâtiment administratif de l’hôpital Purpan se tenait devant elles, dans sa brique d’un rouge fané que l’absence de soleil ternissait en ce samedi après-midi. Les jeunes filles firent alors un tour à l’accueil pour connaitre la situation géographique du bureau qu’elles recherchaient, sachant très bien que ce complexe pavillonnaire était labyrinthique. Elles finirent par trouver le bon bâtiment après un quart d’heure de recherches _valait mieux ne pas être agonisant ici_  et la gorge de Naru se noua.

Bien qu’elle mette un point d’honneur à paraitre confiante au sujet de ses blessures, au fond d’elle, elle était paniquée et marchait presque à reculons… Il ne fallait pas chercher bien loin la raison de son retard. Elle espérait secrètement maintenant que cet homme ne sache rien et se révèle incapable de dire si oui ou non elle allait se transformer en bête féroce assoiffée de sang.

Elle revoyait dans sa tête la panthère feulant, découvrant ses crocs cruellement tranchants dans un cri de pure rage. Et la louve, les babines relevée sur sa mâchoire crispée, un grognement menaçant montant de sa gorge. Elle essayait cependant d’oublier toute la scène accompagnée d’hémoglobine, bien que l’image du policier qu’elle avait soutenu durant toute la traversée du bois jusqu’à une ambulance, ses mains fermement serrée contre le bandage de son cou, essayant de limiter le sang lui coulant sur la main, restait ancrée dans sa mémoire.

Elle se sentait d’autant plus malheureuse que malgré ses efforts, il avait succombé.

Augmentant de un le nombre de meurtre proféré par son amie, même si elle et Asuka était sous le sceau du secret. Pour Arisa, c’était différent. Mimiko lui faisait entièrement confiance, ce qui d’ailleurs ne manquait pas d’étonner les deux autres filles.

Non pas qu’Arisa n’était pas digne de confiance, mais Mimiko et elle ne se connaissait que depuis le début de l’année scolaire, à peine quelques mois, et se comportaient déjà comme des sœurs.

Un truc de bête apparemment.

Arisa avait appelé ça « la meute ».

Naru s’arrêta, manquant de rentrer dans cette dernière qui avait freiné des quatre fers à quelques mètres de la porte arborant la plaque dorée indiquant le nom du Docteur Kyogane Aoba.

-Tu ne sens pas Mimiko ?

La brune se mit à renifler l’air sans beaucoup de conviction, avant de faire une grimace confuse.

-Désolé, je sens que toi…

-Ca sent quelque chose de bizarre… C’est moins fort que toi, plus faible… Mais ce n’est pas celle d’un Homme… Je n’ai jamais senti ça…

La porte s’ouvrit soudain, laissant apparaitre un homme plutôt jeune : il devait avoir dans la vingtaine, peut être la trentaine… Ses cheveux noirs étaient soigneusement coiffés sur son visage à la mâchoire carrée, il portait une grande blouse blanche, et dessous un pull en V beige assorti d’un pantalon ocre coupé droit. 

Ses yeux exprimèrent l’étonnement, puis ses sourcils se crispèrent légèrement, formant des petites rides sur son front, tandis que dans ses yeux, une lumière s’éteignit pour devenir ternes et tristes.

-Alors c’est donc vous la cause de tout ce bazar… Lâcha-t-il en s’effaçant contre la porte pour les laisser entrer.

Arisa et Mimiko se raidirent légèrement, mais l’homme leur adressa un sourire qui estompa toute impression de tension.

Cet homme était au courant, et pire : il était l’un deux ! Réalisa Naru en passant avec méfiance devant lui.

Méfiance qu’il ne semblait pas mériter, il dégageait tellement de douceur que son imposante silhouette carrée en devenait sympathique. Elle rejoignit Mimiko, Asuka et Arisa prés de son bureau, s’asseyant sur le canapé d’auscultation prés de cette dernière. Il ferma la porte derrière lui et à la place de prendre place dans son fauteuil, s’assit sur un coin de son bureau.

-Est-ce que vous vous souvenez de moi ? Demanda finalement Mimiko. J’ai été admise aux urgences après avoir été mordue par un chien…

-Bien sur, j’ai espéré que vous ne reviendriez pas me voir… Ces chiens sont une telle nuisance… Alors c’est vous le foyer de contamination ?

-Pa… Pardon ? Grimaça la brune.

Naru trouva aussi le terme étrange et craignit un instant qu’ils ne parlaient pas de la même chose.

-C’est à moi de m’excuser, je m’exprime mal et vous n’avez sûrement aucune idée de ce qui vous est arrivé, s’excusa le Docteur Kyogane en hochant la tête avant de reprendre : commençons par le début : Je m’appelle Kyogane Aoba, je suis docteur dans cet hôpital, mais je suis aussi un Changeur.

-Un « changeur » ? Répéta Asuka.

-Oui… Comme vos deux amies, je possède deux formes : une forme humaine et une forme animale. La forme animale représente, d’après certaines légendes, son totem, ou alors son ancienne incarnation. Elle varie selon chacun, allant du plus petit insecte au plus grand mammifère terrestre, passant par l’oiseau et par les mammifères marins.

-Alors on peut ne pas se transformer en loup ou en lion ? Intervint brutalement Naru.

Elle commençait déjà à respirer mieux. Si elle devait se transformer, elle préférait que ce soit dans la peau d’un animal pacifique.

-Bien sur. Dans notre monde, nous différencions quatre, voire cinq, types de changeurs : les carnivores, les herbivores, les oiseaux et les marins. Voire, anecdotiquement, les insectes. Généralement, on peut deviner dans quelle catégorie se trouve une personne en fonction de son comportement. Les carnivores sont des prédateurs, des personnes au caractère très tranché et bien trempé, d’une certaine façon, ils sont fait pour prendre des décisions et ce sont des meneurs, à leur façon, ils sont dangereux, sans être pour autant des meurtriers ou des voleurs. On trouve par exemple de nombreux hommes d’affaires dans cette catégorie. Vous connaissez le dicton : « l’homme est un loup pour l’homme. »… Ensuite les mammifères : ce ne sont pas pour autant que des moutons, bien qu’il y en ait beaucoup, ce sont des personnes au caractère plus souple, plus craintif aussi, aimant vivre en compagnie et se fiant aux décisions des autres. Ils sont la catégorie la plus représentée. Les oiseaux et les marins sont, eux, des légères déclinaisons de ces deux catégories…

-Et les insectes ? Demanda Asuka, curieuse.

-Les insectes sont très rare, représentatif d’une personnalité insignifiante, si je puis dire. Comme exemple… hm… Il y a eu le cas de ce japonais qui passait sa vie à travailler, il s’est transformé en fourmi. Malheureusement… Il a vite quitté notre monde après s’être transformé dans un carrefour de Tokyo… (Le docteur fit une légère grimace) Ah oui, et aussi ce cas qui a défrayé la chronique pendant plusieurs mois : Une femme, qui passait son temps à se marier et a tuer ses maris pour amasser une fortune qui ne lui servait à rien, s’est, elle, transformée en mante religieuse. C’est comme ça d’ailleurs qu’elle s’échappait de prison…

-Quel horreur… Lâcha Naru, les mains crispées par sa peur qui était à présent revenue.

L’idée qu’elle puisse se transformer en insecte la révulsait. Elle se mit à détester un peu Mimiko et Arisa qui écoutaient l’homme sans se faire du souci, buvant ses paroles avec intérêt. Elles, elles savaient déjà ce qu’elles étaient. Contrairement à elle. Cependant, avant qu’elle se mette à chercher si elle n’avait pas vécu de façon vaine, elle se secoua en se rappelant qu’elle n’était même pas sure de se transformer. Il était inutile de mettre la charrue avant les bœufs, ainsi, elle s’efforça de se calmer.   

-Alors nous sommes nombreux ? Le questionna Mimiko. Jusqu’ici, on avait l’impression d’être les seules…

-Nombreux… Nous représentons 5% de la population humaine et nous sommes dispersés dans toute la planète. En tout anonymat évidemment. Il est important que les Hommes ne sachent rien de notre existence, insista le Dr Kyogane en fixant Asuka et Naru. 

-Pourquoi, vous mangez des humains ? Demanda faiblement cette dernière.

-Bien sur que non ! Nous sommes aussi humains : ce serait comme du cannibalisme ! Non, la raison est que l’Homme a toujours eu peur de ce qui était différent de lui. De plus, nous avons quelques exigences qu’ils ne sont pas en mesure de comprendre… Et puis la moitié d’entre nous sont pourvus d’une force, d’une vitesse, d’une acuité sensorielle au double de ce que eux ont. Et puis, nous sommes… Très contagieux.

-Ah ! C’est la raison pour laquelle nous sommes venus vous voir ! Annonça Arisa. Mimiko a, sans le vouloir vraiment, griffé la main de Naru et celle-ci dit que ça la brûle. Nous nous inquiétions pour elle.

-Le virus ne se contracte pas par les griffures, répondit aussitôt le docteur.

Naru se sentit soudainement mieux, libéré d’un lourd fardeau qui s’était posé sur ses épaules. Maintenant qu’elle savait qu’elle ne courait plus aucun risque, elle pouvait considérer sereinement les deux nouvelles « changeuses ».

-Cependant, je trouve que la brûlure est étrange, je ferais mieux de faire un test au cas où, ajouta t’il en ouvrant un tiroir d’où il sortit une seringue. Puis je vous prendre un peu de sang ?

Naru hocha la tête et découvrit l’un de ses bras pour qu’il puisse y poser un garrot et y piquer son aiguille.

-Vous parlez d’un virus ? C’est vraiment une maladie alors ? S’étonna Arisa.

-Pas vraiment. Ou alors une maladie encore inguérissable. Une fois que le virus entre dans un corps sain, il se multiplie en moins d’un mois, de façon à contaminer chaque cellule du corps. Le virus est cependant inactif a part pendant la période de multiplication, ce qui explique la brûlure : il est inoffensif du point de vue de notre santé, et même les globules blancs et toutes les défenses auto-immunitaires l’ignorent. C’est en contact avec des hormones ou des neurotransmetteurs qu’il devient actif, entrainant tous les autres virus présent dans le corps et causant la transformation.

Pendant qu’il leur expliquait cela, il pompa un peu de sang dans le creux de l’épaule de Naru et se tourna vers une table de travail où il attrapa des flacons. Il se tourna finalement vers elles, un bécher rempli d’une substance bleutée dans les mains.

-Je suis désolée mademoiselle, mais vous avez été contaminé quand même.

-QUOI ?!

Naru avait l’air d’un poisson hors de l’eau tandis qu’elle sentait son univers s’écrouler devant elle à cause d’un liquide bleu pâle chimique.

-Mais je croyais que les griffures… Commença-t-elle avant de s’arrêter, sentant son sang se retirer de sa tête et le monde tourner autour d’elle.

-Il faut l’allonger ! S’aperçut Kyogane en se précipitant vers elle.

Arisa se leva brusquement de sa place pour laisser le Docteur allonger la jeune fille pâle comme un morte le long du canapé en cuir noir.

-Voila, calmez vous et respirez, lui dit-il d’une voix douce.

-Mais les griffures…

-Les griffures ne contaminent pas. Le virus peut être uniquement propagé par la salive, le sang, la lymphe ou les fluides sexuels. Bien, sur, il faut que ces liquides pénètrent votre corps, si du sang infecté coule sur votre peau, vous ne risquez rien, mais s’il entre par une blessure ou si vous le léchez par exemple, il y aura contamination. Ainsi, une morsure provoque immédiatement contamination car la salive infectée est en contact avec le sang. La contamination par le sang est la plus rapide, elle prend moins d’un mois, le reste est plus long. En gros, si vous m’avez compris, vous vous apercevez à quel point le fait d’être un changeur vous éloigne des Hommes. Il vous faudra vérifier maintenant scrupuleusement que tout vos couverts de table ne soient pas utilisé par d’autre, arrêter de boire directement à la bouteille, mais dans un verre… Je tiens à préciser ce fait car même si vous utilisez une paille pour boire une cannette de soda, vous ne devez en aucun cas permettre à d’autre de boire dedans. Ne laissez personne toucher vos blessures… Et évidemment plus de baisers ou de relations sexuelles à moins que la personne soit consentante et ait pris toute la mesure de ce qu’elle va devenir.

-Génial… Comme si c’était déjà pas assez difficile de trouver un petit ami… Grommela Mimiko du haut de sa chaise. Au fait, j’ai une question : les chiens qui nous ont attaqués Arisa et moi…

-Ce n’était pas des changeurs, la coupa Kyogane en comprenant ce qu’elle voulait lui demander : les animaux peuvent aussi contracter le virus, mais celui-ci a un très mauvais effet sur eux : il les rend complètement fou et incontrôlable. C’est pour ça qu’a chaque fois que vous chassez, vous avez ordre de tuer l’animal. Si celui-ci s’enfuit, il risque de contaminer de pauvres passants… Comme ça a été le cas pour vous…   

-Je me demande comment font les changeurs… Ca doit être horrible d’être toujours sur ses gardes et de ne pas pouvoir se relâcher ? Songea Asuka.

-C’est pour cela que nous vivons en meute, répondit le Dr Kyogane.

-En meute ? Répéta Naru qui reprenait petit à petit ses belles couleurs dorées, bien qu’elle assistait à tout cela avec détachement, comme coupée de la conversation par une glace, attrapant des bribes de paroles par ci, par là, le corps froid et raide.

-Mimiko fait partie de ma meute, répondit automatiquement Arisa avant d’apercevoir sur le visage du docteur un sourire triste.

-Oui, il est temps que je vous parle de ça aussi. Si vous avez remarqué, depuis le début, je vous parle d’exigences particulières, de devoirs, d’obligations… Sachez qu’à partir du moment où vous êtes devenus changeurs, vous n’êtes plus uniquement sous le contrôle des lois du pays où vous vivez, mais aussi, et surtout vous dirons certains qui renient même le pouvoir des Hommes, sous les lois des changeurs. Car nous avons des lois qui nous permettent de vivre au milieu des Hommes sans être découvert, et des chefs pour les maintenir. En France, toutes les meutes sont plus ou moins sous le contrôle de la Meute de la forêt des Cévennes. Et en Europe, toutes les meutes sont sous le contrôle de la Meute de la forêt de Bavière en Allemagne.

-Les meutes sont forcément liées à une forêt ? S’étonna Asuka.

-Une meute est liée à son territoire. La notion de territoire est une chose très importante (et Mimiko et Arisa hochèrent la tête), c’est ce qui fait que nous sommes peu nombreux, car plus nous sommes, plus nous avons besoin de territoires, contrairement aux Hommes qui peuvent se contenter d’un 2 pièce minuscule. Une forêt est un territoire idéal, car elle offre une cachette, une réserve de gibier pour les carnivore, de la végétation pour les herbivore, et le plus souvent un coin d’eau clair pour s’abreuver. Et pour finir, elle est généralement assez grande pour contenir toute la meute. Malheureusement, il y a de moins en moins de forêt et le nombre de Meutes est limité aux forêts. Evidemment, il y a quelques regroupements de changeurs qui vagabondent de ville en ville, généralement pas plus de six individus. Et il y a des solitaires comme moi, qui s’installent dans un coin et se font discrets… Mais la meute me manque. Avoir une meute c’est très agréable, c’est comme une famille : on se sent à sa place, aimé et protégé.

-Pourquoi vous ne retournez pas dans votre meute alors ? Fit Arisa.

-Je ne peux pas. Je me suis enfui. C’est très dur de s’enfuir d’une meute… Ou plus précisément, de s’arracher à l’emprise de l’Alpha.

-L’Alpha ?

-Oui, parce que dans chaque meute, il y a un chef qu’on appelle l’Alpha. C’est le plus fort, il a dû se battre avec les autres pour avoir ce titre. Du moment qu’il est Alpha, le changeur a une certaine emprise sur les autres, par exemple, il est très difficile de lui désobéir. Mais le revers de la médaille, c’est qu’il passe son temps à être inquiet pour les membres de sa meute, à la limite de la paranoïa.

-Bouh… J’aimerais pas être alpha… Conclut Arisa. Notre meute à nous : elle n’en a pas besoin !

-Vous n’avez pas de meute à vous pour l’instant, répliqua gentiment le Dr Kyogané, pour l’instant, ce n’est que des balbutiements de meute. De plus, ne le prenez en aucun cas mal, je vais m’exprimer comme le feraient certains changeurs, vous n’êtes que trois jeunes femelles sans expérience. C’est déjà un miracle que personne ne vous ai senti. Actuellement, vous êtes en danger sans mâles pour vous protéger.

-NON MAIS C’EST PAS VRAI !!! S’insurgea Arisa, le visage et les oreilles rouge écarlate. C’est quoi cette vision machiste ?!

-La plupart des animaux sont machistes, pour reprendre vos mots, ricana légèrement Kyogané.

Mimiko n’avait pas l’air plus heureuse que son amie, et des grognements grésillaient dans l’air. Asuka soupirait, elle aussi désespérée. Arisa bouillonnait de rage, trépignant légèrement sur place.

Naru dû faire un gros effort de concentration derrière sa glace pour comprendre ce qui se passait, mais même après, elle était incapable de réagir, se sentant soudainement toute molle, toute lasse, laissant le soin au premier intéressé de la prendre totalement en charge et de la trainer derrière lui. Entretemps, Kyogane avait repris la parole :

-Ca a beau ne pas vous plaire, je dois vous apprendre certaines règles, qui certes, sont les lois de la jungle. Croyez moi, vous serez plus heureuses au sein d’une Meute qui vous protégera, qu’à la merci des vagabonds dont je vous parlais tout a l’heure et qui jouisse d’une très mauvaise réputation.

-Vous croyez qu’on est pas capable de se défendre seules ? Grogna Mimiko.

-Vous n’en avez aucune idée, vous ne vous êtes jamais battus contre un autre changeur, qui plus est, mâle… Alors imaginez qu’il y en est toute une bande… Je connais bien l’alpha de la Meute du parc national des Pyrénées, même si ce n’est pas la plus proche, c’est un homme bien, si je lui parle de vous je suis sure qu’il acceptera de vous prendre…

-Hors de question !

-Pareil !

-Quoi ! Vous voulez les expatrier dans les Pyrénées ?!?

-Sinon c’est les Cévennes, mais je n’apprécie pas trop Samuel Clear, c’est un ours, au sens propre, comme au figuré.

-Samuel Clear ? Comme le Samuel Clear PDG de la plus grosse boite de pharmaceutique européenne ??? S’exclama Asuka. C’est un changeur ?!

-Oui, il a beaucoup d’influence sur le gouvernement. Mais moi je ne l’aime pas.

-De toute façon, la question est réglée, il est hors de question que je quitte ma famille pour partir vivre dans une forêt ! Encore moins sous les ordres d’hommes que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam ! Répliqua Arisa, toujours remontée.

-Tu mets ta famille en péril ainsi…

-Nous ferons très attention !

-Tu ignores ce à quoi tu t’engage à faire face.

Arisa lui répondit d’un sec grondement.

Asuka se leva soudainement de sa chaise, semblant réaliser qu’il valait mieux réagir. Naru s’en voulut faiblement de ne pas lui être d’un grand secours, mais bon, là, elle était hors service.

-Bon, bien, je crois qu’il va leur falloir réfléchir à tout ça : Ca fait beaucoup d’informations pour une seule journée ! Affirma Asuka. Alors on va rentrer et puis on reviendra un autre jour !

-Ouais, maugréa Arisa en obligeant Naru à tenir sur ses jambes.

Mimiko se leva à son tour et s’aperçut que le docteur lui tenait un petit carton blanc. Il avait l’air très soucieux.

-Voici ma carte avec mon numéro de téléphone. N’hésitez pas à m’appeler. Et surtout, ne prenez pas à la légère ce que je vous ais dit : vous êtes une proie facile, le danger est bien réel et vous pourriez regretter de ne pas avoir intégrer une meute aux mœurs correctes.

Arisa grimaça, mais Mimiko, dont les yeux étaient plongés dans ceux de l’homme, s’empara quand même de la carte et lui murmura un rapide merci.

purpan_zoom

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24 novembre 2009

Partie 1

Chapitre 5 : Les Autres

Novembre était arrivé et les feuilles des arbres étaient presque toutes tombées, arrachée par des bourrasques froides sur fond de ciel d’acier. Arisa lança un soupir. La moindre chose portée par le vent l’attirait plus que son devoir maison de physique. Assise à une table du CDI avec Asuka et Naru, seulement occupé de quelques élèves qui discutaient ou travaillaient, elle jouait distraitement avec son stylo, le regard perdu en direction des fenêtres.

Le loup avait envie de sortir s’amuser. Et elle sentait que sa partie humaine le désirait presque autant. Elle tourna la tête vers ses deux amies et leur lança un regard rempli d’innocence :

-Et si on allait se balader ?

-On a du travail à finir, répliqua Asuka qui était elle aussi plongée dans des exercices impliquant des chiffres associés à des symboles bizarres et farfelus.

-Alllezzzzz ! Insista Arisa en lançant son regard de chien battu. Juste histoire de se dégourdir les jambes !

-Les « jambes » ou les « pattes » ? Demanda Naru d’un ton soupçonneux.

Naru sentait aussi un peu la peur et la colère. Arisa s’aperçut alors qu’elle massait machinalement le bandage qu’elle portait à la main depuis bientôt 2 semaines et demie. Elle retira presque aussitôt la main en grinçant les dents.

Arisa savait qu’elle n’aimait pas ces histoires de transformation, qu’elle trouvait ça dangereux et complètement insensé. Elle pensait que « Mimiko et elle devrait arrêter de se transformer et chercher s’il existe un quelconque vaccin, comme pour la rage ».

Elle n’avait guère apprécié la comparaison par ailleurs. Et il lui semblait impensable, maintenant qu’elle y avait goutée, d’abandonner cet incroyable sentiment de force et de liberté totale. Naru ne savait pas ce que c’était. Elle n’avait jamais courue dans la fraîcheur nocturne où tout était plus beau, où l’air pétillait d’odeur exquise, où la lumière se diffusait presque de façon mélodieuse et ténue, caressant la surface de toute chose en silence et en douceur.

Lui ôter tout ça, ce serait comme lui mettre une muselière avant de l’enfermer dans une cage d’où elle ne pourrait voir la lune qu’à travers d’épais barreaux.

Le loup en elle grogna à cette idée et menaça Naru de l’intérieur. Extérieurement, Arisa s’était redressée, levait le menton et un son presque inaudible sortit du fond de sa gorge. Elle avait encore du mal à contrôler ça… Mais c’était toujours mieux que Mimiko qui ronronnait quand elle était contente.

Si, si, véridique.

D’ailleurs la panthère était en retard.

-Fait attention Arisa, ya ta queue qui est sortie, lança Asuka d’un coup d’œil vers le manteau de la louve qui, posée sur le dossier de la chaise, laissait apparaitre un pinceau de poil clair.  .

-OH PUTAIN DE BORDEL DE MERDE ! Lâcha la jeune fille en se retenant de ne pas se lever et ainsi montrer à tout le monde, l’appendice qui n’avait pas lieu d’être.

Evidemment, le seul jour où elle avait décidé de mettre une jupe… Mais bon, ça lui permettait de mettre aussi ces superbes bottes qu’elle s’était achetée

-Tu devrais faire plus attention, la réprimanda Naru alors qu’elle essayait tant bien que mal de faire disparaitre cet attribut canin.

Ca aussi, ça arrivait de temps en temps. Lorsque le loup cherchait à sortir et que l’humain résistait, elles se transformaient à moitié. Leurs cordes vocales pour les ronronnements et les grognements, parfois leurs oreilles, parfois leurs yeux… Mais bon, cela restait généralement discret quoiqu’un peu déroutant.

La queue disparut, Arisa sentit alors l’odeur caractéristique, forte et encore un peu écœurante pour elle, de Mimiko envahir la pièce.

-Un problème ? Lança cette dernière, encore emmitouflée dans un gros manteau beige.

-C’est réglé, expliqua Arisa. Viens t’asseoir !

La brune ne se le fit pas dire deux fois et pris place autour de la table, regardant d’un air dégoutés les exercices de physique.

-… Je vois que vous vous amusez bien…

-On t’attendait, expliqua Asuka en fermant son cahier. Alors ?

Mimiko avait dû se présenter à un interrogatoire de police ce matin, tout comme ses amies qui avaient été convoquée tout le long de la semaine.

-Ca y est, l’affaire est bouclée : ils ont conclu que les deux policiers avaient été tués par des bêtes sauvages. Par contre ils vont continuer à patrouiller dans le secteur… Soupira Mimiko avant de se tourner vers Arisa : Il va falloir trouver un nouveau territoire…

Arisa hocha la tête gravement.

-Je me sens mal tout de même pour ce pauvre policier qu’on a essayé de sauver… Sans succès… Commenta Naru en baissant tristement la tête.

-Tu as fait de ton mieux, temporisa Arisa en voyant que Mimiko et Asuka était gênée par ce sujet.

Naru fit un signe de la tête et recommença à se malaxer son bandage. S’en apercevant, Mimiko fronça les sourcils :

-Naru, tu as encore mal ? Demanda-t-elle, continuant à se sentir mal à ce sujet.

-Je sais pas pourquoi, mais ça m’élance… Ca me brûle… Ca a dû s’infecter avec toute la boue de ce jour là… Il faut dire que j’étais tellement inquiète pour le policier que j’ai même pas pensé à me bander ou à désinfecter…

-Ca brule, tu me dis… Ca m’inquiète, moi aussi ma morsure me brulait…

-Oui, mais moi j’ai pas été mordu, s’empressa d’ajouter la jeune fille, à présent anxieuse.

-On sait pas si c’est uniquement avec morsure, répliqua Arisa. En fait on sait rien du tout sur nous… Peut être que les griffures ont le même effet…

-Oh non… Oh non… Mimiko, dis moi que ce n’est pas vrai ! Je ne veux pas me transformer en bête féroce !

-Comme l’a dit Arisa, on en sait rien… Et puis on n’est pas des bêtes féroces !

Naru lui lança un air désabusé et réprobateur en guise de réponse.

-Cependant… Je viens de me souvenir de quelque chose… Continua Mimiko.

-Quoi ? Fit Arisa.

-Lorsque j’ai été mordu, on m’a emmené à l’hôpital et j’ai rencontré un médecin très gentil qui m’a dit de retourner le voir si ma blessure me brûlait… Quand ça a été mon cas, j’ai pas fait le rapprochement… Mais il m’a aussi demandé il me semble s’il ne s’était pas passé des choses bizarres… Je me demande s’il n’est pas au courant de quelque chose.

-Tu m’en as jamais parlé, réalisa Arisa.

-J’avais pas fait le rapprochement ! Et puis j’ai une mémoire sélective, que veux-tu !

-Ah ! Ce serait tellement bien si un médecin savait ce qui VOUS arrivez ! S’exclama Naru en insistant pour ne pas s’intégrer dans cette histoire.

-Hm… Oui… Mais je ne connais pas son nom… Avoua Mimiko, un peu piteuse. Mais ça peut peut être se trouver… A votre avis : est-ce que je peux utiliser un des ordis du CDI ?

-Je vais t’inscrire à mon nom, fit Arisa en se levant pour aller s’inscrire sur le cahier se trouvant au bureau des documentalistes, invoquant une hypothétique recherche sur le milieu hospitalier pour les cours de SVT.

Pendant ce temps là, Mimiko s’installa devant un ordinateur, entourée d’Asuka et de Naru entra sur Google le nom de l’hôpital. Elle chercha alors la liste des praticiens, regardant particulièrement leurs horaires, se souvenant que l’homme lui avait expliqué qu’il était de garde la nuit. Elle s’arrêta finalement sur un nom qui semblait correspondre.

-Le docteur Kyogane Aoba… Tiens, je n’avais pas réalisé qu’il était asiatique… Songea à voix haute la brune.

-C’est lui ? Demanda Naru.

-On dirait… Mais il n’y a pas de photo, alors je peux me tromper.

-Alors ? Tu pense qu’on devrait aller le voir ? La questionna Arisa qui s’était penchée sur son épaule.

-On ne perd rien à le faire, répondit Mimiko.

Elles se décidèrent alors sur une date et une heure pour rendre visite au mystérieux docteur, en espérant qu’il aurait des réponses à leurs questions.

Elles ne s’attendaient cependant pas à ce qu’elles allaient entendre.

***

17 novembre 2009

Partie 3

***

Benoit, dit « Ben », franchit d’un bond les dernières broussailles les séparant des formes se cachant sous un grand arbre. Ses bottes, en atterrissant dans la boue, firent jaillir des gouttelettes brunes alors qu’il mettait prudemment en joue les trois créatures.

Il fut extrêmement surprit de découvrir trois jeunes filles de l’âge de son fils ainé, deux le regardant d’un air angoissé et terrifié et le visage de la dernière était cachée sous un rideau de longs cheveux blonds raides. Ses poings étaient crispés, tout comme chaque muscle de son corps, ce dont il pouvait se rendre compte avec facilité en raison de sa nudité totale, bien que grandement cachée par les bras et le corps de la jeune fille qui la protégeait.

Michel arriva alors et ouvrit deux grands yeux :

-Mais qu’est ce qu’il se passe ici ?! Qui êtes-vous ? Et pourquoi celle-là est à poil ???

Celle qui semblait la plus âgée, aux longs cheveux bouclés et frisés, se présenta alors d’un ton sifflant, ainsi que ses compagnes.

-Nous étions venu chercher notre amie qui avait disparue, ajouta rapidement celle qui s’appelait Asuka. Quand nous l’avons retrouvée, elle était dans cet état.

Michel, bien que toujours suspicieux, s’empressa de retirer son k-way pour le déposer sur les épaules de la blonde qui leur tournait toujours le dos, avant que le reste de l’équipe arrive.

Ce qui une fois arrivé, provoqua une série de questions et d’embrouillas que les deux hommes s’empressèrent d’éviter en s’éloignant un peu. Ils savaient effectivement que deux jeunes filles du coin avait disparut, et c’était une bonne nouvelle que l’une d’entre elle soit encore en vie. Mais les deux jeunes filles qui l’accompagnait rendait tout cela très suspect, même si celle aux courts cheveux châtains répondaient à toutes les questions sans se laisser trop impressionner. Il y avait quelque chose d’étrange derrière tout ça.

-Bon, en tout cas, elles n’ont plus rien à faire dans ce périmètre, raisonna le chef d’équipe. C’est beaucoup trop dangereux.

-Mais… Tenta Asuka.

-Non, je ne veux rien entendre ! Vous avez déjà violé les lois en entrant ici… (L’homme se tourna vers les deux hommes qui se tenaient un peu à l’écart) Benoit ! Michel ! Raccompagnez-les hors de la forêt !

Benoit fronça les sourcils, apparemment peu ravi d’avoir à jouer les baby-sitters. Il hocha de la tête à contrecœur avant de fusiller les jeunes filles du regard. Le reste de la troupe se remit en marche tandis qu’il se dirigeait vers Michel :

-Bordel ! C’est la chasse de ma vie et je suis obligé de rester en arrière !

Il donna un coup de pied dans un caillou.

Arisa se releva, à présent couverte du K-way, et se plaça devant lui, l’air menaçante.

-Ca vous plait à ce point là de tuer des créatures juste pour satisfaire votre plaisir ? Grogna-t-elle.

-Ca, ce ne serait pas arrivé si tu n’étais pas allé dans les bois ! Ma petite !

-On a le droit d’aller dans les bois, c’est des espaces publics ! Et je ne suis pas votre petite !

-Allons, allons, intervint Michel qui sentait que ça allait dégénérer, plus vite elles seront hors de cette forêt, plus vite tu pourras repartir chasser !

-Pas faux, lâcha Ben en décontractant sa mâchoire. Allons-y.

Il passa devant, restant attentif aux bruits et la mitraillette à la main. Les jeunes filles le suivirent, penaudes, tandis que Michel fermait la marche.

-Qu’est ce qu’on va faire maintenant ? Demanda doucement Asuka, la pluie couvrant sa voix. Ils risquent de trouver Mimiko avant nous ?

-On ne peut plus rien faire, répliqua Naru. La situation est déjà assez catastrophique comme ça…

Arisa percevait à peine la discussion : elle écoutait les bruits de la forêt et humait l’air. Si l’odeur des arbres et de l’humus était trop fort pour sentir autre chose, elle entendait cependant un bruit faible de branches qui se courbaient, laissant choir toutes les gouttelettes d’eau qui s’y étaient amassés. 

Son instinct lui disait que c’était elle.

Mimiko était en train de les suivre… Non… Mimiko les traquait.

Arisa se rapprocha de ses deux amies et leur pris le bras :

-Faites attention et restez prés de moi, Mimiko est pas très loin de nous.

-Hein ?!

Un craquement de branches lui apprit qu’elle était encore plus proche qu’elle se l’était imaginée et elle ne fut pas la seule à l’entendre car Ben s’immobilisa instantanément et braqua son arme dans une direction un chouilla trop à l’est.

-Il est là ! Siffla-t-il en direction de Michel qui vint se mettre devant les jeunes filles à ses côtés.

L’attaque eut alors lieu. Surgissant du haut d’un arbre, et non d’un buisson comme se l’était imaginé Ben, et un peu plus sur son côté gauche, une masse noire s’abattit sur Michel, l’attrapant au cou. Les jeunes filles s’écartèrent aussitôt en criant alors qu’il basculait vers l’arrière, incapable de se défendre. Il s’écroula dans la boue, l’animal toujours accroché à son épaule, ses canines accrochée dans sa chair, ses longues griffes aiguisée plantée dans son gilet pare-balle. Ben jura et tourna aussitôt son arme vers l’animal, qui, comme s’il avait deviné ce qui allait arriver, lâcha prise en entendant le bruit de la gâchette. Le tir le manqua.

-Putain, c’est pas un loup, c’est une panthère ! Hurla l’homme en essayant de suivre les mouvements souples et aérien de la bête qui semblait monté sur deux ressorts et prenait appui aux arbres, sautaient sur les branches avant d’atterrir sans difficulté, comme doté de deux suspension.

Il tirait dés qu’il le pouvait, ratant l’animal de quelques centimètres à chaque fois. Totalement concentré sur ses déplacements, il ne vit pas venir la louve qui lui sauta dessus et plongea ses crocs dans le bras qui tenait son arme, lui faisant tirer un coup dans son pied.

Ben hurla de douleur et tenta de faire lâcher l’animal roux sans succès. Impuissant, il vit l’autre bête fondre sur lui et refermer sa mâchoire sur sa gorge, teintant ses babines de son sang. Le corps de l’homme s’affaissa dans un dernier cri qui s’étrangla en gémissement.

Naru et Asuka se tenait prés de Michel qui avait perdu conscience, tenant fermement un morceau de manteau contre la plaie de son épaule qui saignait abondamment. Elles étaient tétanisées par le spectacle auquel elles venaient d’assister. C’était si horrible… Cet homme qu’elles venaient juste de rencontrer était mort. Tué par deux de leur amies.

Arisa lâcha sa prise quand elle sentit que le bras était devenu tout mou et s’assit, sa langue nettoyant le contour de sa gueule. La panthère refusa de faire de même et entreprit de tirer le cadavre avec elle. Arisa grogna sur elle et posa deux pattes sur le corps. Mimiko laissa alors le mort et vociféra de rage. Arisa ne se laissa pas démonter et retroussa ses babines.

Les deux jeunes filles ne comprenaient absolument pas ce qu’il se passait mais devinait qu’Arisa était en pleine discussion avec Mimiko. La panthère posa alors ses yeux dorés sur elles, ce qui les fit déglutir de peur. Il y avait dans ce regard une lueur de concupiscence qui les faisait trembler, surtout quand l’animal se plaça dans leur direction, jouant des épaules, en se léchant les babines.

Arisa se plaça aussitôt entre elles d’un saut, les oreilles complètement baissées, sa jolie queue touffue ébouriffée et grogna. La panthère eut l’air ennuyée et regarda à droite et à gauche, semblant humer l’air.   

Arisa se calma alors et s’assit à terre, la regardant profondément dans les yeux. Avant de se relever d’un air excité et de faire mine de se retourner vers Asuka et Naru, la queue battant l’air. Le fauve n’eut aucune réaction.

Alors Arisa reprit sa forme normale, accroupie par terre.

-Arisa ! Alors qu’est ce qui se passe ? Mimiko veut nous manger ??? S’exclama Asuka d’un ton hystérique.

-Bien sur que non, quelle idée… C’est le policier qu’elle veut tuer, répliqua Arisa sans quitter des yeux la panthère. Ces deux là l’avaient énervée en entrant dans son territoire, c’est pourquoi c’est eux qu’elle avait traqués.

-Ouais bein elle a déjà tué ce pauvre homme ! C’est une chance si l’autre ne meurt pas aussi !

-Ce « pauvre homme » comme tu dis n’aurait pas hésité une seconde à la tuer… Ce qu’il a fait d’ailleurs. Pardonne moi Asuka, mais là je suis d’accord avec Mimiko, c’est la loi de « tuer ou être tué » qui prédomine.

-On est pas dans la jungle Arisa ! C’est très grave ! Tu es coupable de complicité de meurtre !

-Ah oui ? C’est bizarre : moi je croyais que c’était un loup et une panthère qui l’avait tué ?

Asuka serra la mâchoire face au ton calme utilisé par Arisa.

-C’est pas le moment de se disputer ! Réagit Naru, ce policier risque de mourir s’il n’a pas accès à des soins rapidement ! Pourquoi Mimiko n’a pas encore reprit sa forme humaine ?!

-Si c’était aussi simple, elle l’aurait reprit depuis longtemps et ce, sans notre aide. Mais elle ne veut pas…

-Comment ça, elle veut pas ?! Qu’elle y mette un peu de bonne volonté !

-C’est pas vraiment ça, c’est que son instinct animal a pris le dessus sur sa pensée humaine. Actuellement, la panthère a presque bouffé tout ce qu’il y avait d’humain en elle : elle raisonne comme un animal et bientôt elle risque même d’oublier qu’elle a était Homme un jour… Si j’ai repris ma forme humaine, c’est pour lui donner l’exemple… Mais on dirait que le déclic n’est toujours pas là…

-Bien… Fit Naru.

Elle se leva et dépassa Arisa avec précaution.

-Attention ! Fit Arisa. Moi elle m’accepte parce que je fais partie de sa meute, mais je ne sais pas ce qu’il en est pour toi…

Naru s’accroupit à quelques mètres de la panthère qui s’était levée et piétinait nerveusement le sol trempé, regardant successivement l’humaine, la main tremblante qu’elle tendait dans sa direction avec lenteur, et derrière elle.

-Là… Gentille… Tout va bien, tu vois, c’est moi Naru… Ton amie…

A présent sa main était à quelques centimètres de la tête du fauve, et il lui aurait suffit d’un mouvement pour la lui arracher, mais à la place de cela, Mimiko feula et fit un saut en arrière en lui donnant un coup de griffes.

-Aïeee !!! Cria Naru en reculant précipitamment, tenant sa main qui arborait à présent quatre griffures ensanglantées.

Arisa s’empressa de repasser devant elle et grogna en direction du fauve qui à présent semblait très mal à l’aise et agité. Naru avait les larmes aux yeux et s’efforçait de ne pas crier de douleur, tenant sa main barbouillée de son sang et de celui du policier. Serrant les dents, elle choisit de refaire un essai et sous les yeux impressionné de Asuka et d’Arisa, recommença à avancer vers l’animal, sa main intacte devant elle.

Cette fois-ci elle gardait le regard fixé dans celui de la panthère et après s’être stoppée un instant, fut surprise de voir le grand félin, après plusieurs mouvements hésitants, s’approcher d’elle, renifler sa main et poser son museau dans le creux de celle-ci.

Cela dura un instant, car quelques secondes plus tard, ce n’était plus une truffe humide qu’elle sentait, mais la peau douce et dénudée de poil de Mimiko, qui tenait sa main contre sa joue, des larmes coulant de ses yeux.

-Oh Naru… Je suis désolée…

La jeune fille esquissa un sourire un peu tordu par la douleur, et retira son manteau pour le déposer sur le corps nu de son amie.

-Je suis contente que tu sois de retour parmi nous.

Et elle accueilli dans son giron la jeune fille qui explosa en pleurs.

La pluie qui continua à tomber jusqu’à la nuit étouffa le bruit de ses sanglots au fond de la forêt.

A suivre…

Black_Panther_by_Wild_Soul

Credit Photo

Instinct Animal
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