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Instinct Animal
7 octobre 2010

Partie 4

 

***

Une voiture déboula soudain dans la ruelle piétonnière : c’était une petite Twingo grise aux vitres fumées. Les deux fauves se détachèrent de leur dernière victime pour se tourner vers cette nouvelle menace. Naru, qui avait reprise sa forme humaine et avait noué des lambeaux de ses anciens vêtements autour d’elle, referma un peu plus son étreinte autour du corps d’Asuka qui, malgré la pression des mains de la jeune fille sur sa plaie, continuait de perdre son sang. Alors que chacun réfléchissait à ce qu’ils devaient faire, Arisa perdit son attitude agressive et se détendit, ses oreilles se pointant au dessus de sa tête avec curiosité : elle avait sentie son odeur avant même qu’il n’ouvre sa portière.

Le Dr Kyogane sortit de sa voiture, regardant avec un air catastrophé le massacre devant lui. Mais en tout bon médecin qu’il était, il se focalisa presque aussitôt sur Asuka et après quelques enjambés, fut à son chevet pour l’examiner.

-Est-ce que c’est grave ? Elle va mourir ? Demanda avec inquiétude Naru quand il l’obligea à écarter ses doigts de la blessure.

-Elle a perdu beaucoup de sang… Mais ça devrait aller si on l’emmène à l’hôpital. Que s’est-il passé ici ?

-Asuka et moi on se promenait tranquillement lorsque trois hommes nous ont agressés… En fait c’était des changeurs !

-J’ai vu ça, commenta Kyogane en jetant un bref regard sur les corps des deux hyènes, ces vagabonds avaient sûrement flairé votre odeur Naru… Je ne vois pas de marque de morsure sur votre amie… A-t-elle été contaminée ?

-Ce type… celui qui semblait être le chef… Il l’a embrassé…

Derrière eux Arisa et Mimiko se mirent à montrer les crocs à cette nouvelle. Kyogane fronça les sourcils et se massa l’arrête du nez avant de reprendre :

-Bien. On ne peut pas l’amener à l’hôpital dans ce cas.

-Quoi ?!

-C’est trop risqué. Arisa, Mimiko, j’ai besoin que vous repreniez votre apparence humaine. Il y a des vêtements dans ma voiture. C’est peut être pas votre taille, mais tant pis. Ensuite, je voudrais que vous hissiez les cadavres de ces deux hyènes dans le coffre. Naru, vous allez m’aider à installer Asuka dans la voiture, ordonna le docteur tout en arrachant des bandes de sa chemise pour pouvoir bander grossièrement la plaie.

Malgré leurs réticences, Mimiko et Arisa obéirent et cachèrent les cadavres pendant qu’Asuka était placée sur la banquette arrière de la voiture, Naru gardant de son mieux la plaie de la blessée fermée bien que le bandage commençait déjà à se teindre d’écarlate. Le coffre fermé, Mimiko monta aux côtés de Naru, maintenant la tête d’Asuka sur ses cuisses, constatant alors qu’elle avait le front brûlant. Arisa grimpa devant et eut à peine le temps de fermer la porte que Kyogané faisait reculer la voiture à toute vitesse. Arrivé dans une rue, il se fraya un passage à coups de klaxon.

-Bon sang, il y avait une tonne de gens dans le coin et ils ont rien entendu ?! S’exclama Arisa.

-Vous étiez dans une longue ruelle et les travaux de l’immeuble empêchaient d’entendre quoique ce soit, répondit Kyogané. Ces hyènes n’ont pas choisit l’endroit par hasard… Arisa, vous saignez à l’épaule.

-C’est là où l’autre connard m’a mordu… Mais c’est rien par rapport à Asuka. Dites moi plutôt : vous avez une voiture aux vitres fumée, des vêtements de rechange pas à votre taille… On dirait que vous êtes plutôt habitué à ce genre de galère ?

-Habitué n’est pas exactement le mot, je vous l’ais dit, j’ai fait parti d’une meute et ce genre de débordement en plein jour et en pleine ville n’ait pas autorisé. Les différents se règlent dans nos territoires, à l’abri des regards humains. S’il y avait une unique règle que vous devriez retenir c’est qu’il est formellement interdit de révéler notre existence aux Hommes… Et vous avez bien faillit nous faire tous plonger !

-Mais c’est eux…

-Ca ne serait pas arrivé si vous aviez accepté de rejoindre une Meute ! La coupa le docteur en serrant les dents.

-On a réussi à se défendre toutes seules, marmonna Arisa d’un air buté.

-Certes et croyez moi, j’en suis très impressionné, mais à quel prix ? La contamination d’une autre de vos amies ?! Et sans mon intervention, vous auriez été bien embêtée. Il faut que vous réfléchissiez plus sérieusement à ce qui est en jeu.

La voiture tourna alors, rentra dans une résidence et Kyogane alla se garer dans le parking souterrain.

-Vous allez m’aider à transporter votre amie jusqu’à mon appartement, nous nous occuperons des cadavres plus tard.

Les jeunes filles acquiescèrent et avec l’aide du docteur, soulevèrent la blessée de la banquette et la portèrent jusqu’à l’ascenseur. Kyogané s’assura qu’il n’y avait personne à l’intérieur et le groupe grimpa jusqu’au dernier étage. Après avoir vérifié que la voie était libre, ils purent enfin entrer dans l’appartement. L’homme les dirigea immédiatement dans un grand salon plutôt vide, occupé d’un canapé contre un mur, d’une télé à l’opposé et d’une table dans un coin. Il ferma aussitôt les rideaux opaque de la baie vitrée, les plongeant dans la pénombre, alluma la lumière et sortit d’un des placards un objet métallique qui une fois déplié, formait comme une espèce de lit d’hôpital.

-Déposez la dessus et allez vous laver les mains, je vais avoir besoin de votre aide !

-Quoi ? Vous voulez qu’on vous aide à… S’étonna Arisa sans pouvoir terminer sa phrase, regardant d’un air évocateur le sang qui lui couvrait les mains.

-Mais nous n’avons aucune connaissance en médecine ! Ajouta Naru quand Asuka fut installée sur le lit.

-Peut être mais je n’y arriverais pas tout seul, répliqua le docteur en revenant avec une grosse mallette qu’il ouvrit, dévoilant bandes, flacons, seringues et aiguilles. La première chose dont j’ai besoin, c’est que vous nettoyiez la plaie avec ça, elle doit être parfaitement propre pour que je puisse la recoudre.

Mimiko grinça des dents à cette affirmation mais prit tout de même le flacon qu’il leur tendait. Elles allèrent vite se laver les mains, puis enfilèrent des gants pendant que le docteur découpait le T-shirt de leur amie à l’aide de ciseau, permettant de libérer l’accès à la blessure.

A côté de celle-ci on pouvait voir plusieurs hématomes qui commençaient à rougir sur sa peau.

-Pauvre enfant, murmura Kyogané, ils ne l’ont pas raté…

Il prépara son matériel tandis que les jeunes filles pansaient le sang et désinfectaient les contours de la plaie en serrant les dents. Cela dût faire du mal à Asuka car dans sa fièvre elle se mit à gémir et à chercher à se débattre.

- Retenez-la !

Arisa immobilisa aussitôt les bras de son amie tout en lui murmurant des mots d’apaisements quelle était loin de penser mais qu’elle espérait de toute son âme.

-Il faudra la retenir lorsque je vais me mettre à la recoudre, je ne veux pas prendre le risque de l’anesthésier avec la fièvre qu’elle a. Je vais avoir besoin de quelqu’un pour me tenir la plaie en place.

-Je… Je vais le faire… Murmura Naru en s’installant de l’autre côté pendant que Mimiko s’installait face à Arisa pour immobiliser les jambes.

L’heure qui suivit fut particulièrement pénible. Asuka se débattit comme elle pouvait malgré Arisa et Mimiko qui pesaient de tous leurs poids sur elle, et laissa entendre des gémissements de douleurs, son front noyés de sueur. Puis Kyogané se résolu à lui injecter un antipyrétique et tout se calma, Asuka plongea dans un profond sommeil sans rêves, ni cauchemars, où elle pouvait oublier tout ce qui venait de se passer.

Les heures s’égrenèrent lentement et lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle découvrit un plafond baigné par la lumière du soleil couchant, la pièce résonnant d’un silence paisible que seul le chant des oiseaux venait déranger.

Au début elle ne chercha pas à savoir où elle était, se contentant de respirer cette tranquillité sans penser. Puis elle laissa tomber sa joue contre le matelas qui avait le touché d’une serviette de bain et regarda Kyogané qui se tenait assit sur une chaise, prés du lit.

Comme s’il avait sentit qu’elle s’était réveillée, il fit de même et lui adressa un fin sourire.

- Comment te sens-tu ?

- Comme quelqu’un qui s’est fait écrasé par un camion, répondit-elle avec ironie.

Il se leva et posa la main sur son front :

-La fièvre est tombée, c’est bien, déclara t’il d’un ton approbateur. Tu es sortie d’affaire.

-C’est vrai ?

-Tu es juste quitte d’une belle cicatrice sur le ventre.

-Oh beuh…

Doucement les évènements se remettaient à leurs places dans la tête de la jeune fille. Lorsque le film se fut rembobiné dans son intégralité et qu’elle prit conscience de tout ce que ça signifiait, elle ferma un instant les yeux, accablée.

-Les hyènes…

-Tout ça c’est terminé, tu n’as pas à t’en faire.    

-Ca, c’est peut être terminé mais… Le cauchemar est juste en train de commencer, n’est ce pas ? Lança Asuka d’une petite voix fragile.

-Ca dépend, regarde les, répondit Kyogane en faisant un geste de la tête dans sa direction avant de reprendre : il semble qu’il n’y ait pas que des inconvénients.

La jeune fille tourna le visage et découvrit ses trois amies qui s’étaient endormie sur le divan, complètement abattue par l’opération, la tête tombée sur les épaules ou la tête de leur voisine, sereines et paisibles, un léger sourire aux lèvres.   

ciel001

 

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Commentaires
A
welcome in the pack Asu!!
Instinct Animal
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