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Instinct Animal
25 décembre 2010

Partie 4

***

Le changeur les entraina dans son sillage sans leur demander leur avis. Ils prirent le métro jusqu’à Esquirol, sortirent, obliquèrent dans une place où se trouvait une fontaine et prirent une petite rue jusqu’à se retrouver face à une façade d’un vieux restaurant chinois désaffecté dont l’insigne s’ornait d’une tête de tigre rugissante.

-Euuuh… ce truc a dût être ouvert dans une autre vie, mais je doute que ce soit le cas en ce moment, fit remarquer Asuka en passant un doigt sur la couche de poussière amassé sur la vitre.

Le garçon ne l’écouta pas et ouvrit la porte. Celle-ci ne résista pas, ne grinça pas et aucune alarme ne se déclencha si ce n’est le bruit d’un carillon de clochettes familier aux lieux de ce genre.

-Venez ! Fit t’il en leur faisant signe de la main d’entrer.

L’entrée était un couloir tapissé de tentures rouge brodés de tigres dorés, pas du tout à l’abandon comme semblait le suggérer la devanture. Derrière un comptoir se tenait un vieux chinois qui les fixa sans rien dire. Il laissa passer Arisa, Mimiko et Naru mais fit obstacle à Asuka. Kyo repoussa le bras du vieillard et le fusille du regard :

-Changeur en devenir.

Cela sembla calmer le vieux chinois qui se rassit et se remit à fumer de sa pipe.

-Qu’est ce que… ? Commença Asuka, poussée par le changeur.

-Kyogané san ne vous a jamais parlé de cet endroit ? C’est un bar réservé aux changeurs.

-Hein ? Réservé aux changeurs ? Parce qu’il y en a d’autres ?

-Vous vous croyiez les seules dans une ville comme celle là ? Non, on doit bien être une dizaine : un ou deux couples et plusieurs mâles solitaires. Et puis il faut bien un point de chute aux nomades quand ils passent dans le coin. On pourra parler sans crainte ici.

Cette nouvelle laissa les filles muettes. Effectivement, elles avaient toujours pensé qu’à part le docteur Kyogané, il n’y avait aucun autre changeur qui habitait dans les environs.

Arrivant au bout du couloir, ils soulevèrent un rideau et entrèrent dans une très grande salle en pierre, percée au centre d’une ouverture permettant aux eaux de pluie de remplir un petit bassin d’eau couvert de plantes aquatiques. Des plantes, il y en avait partout, dans des zones de jardins improvisés, s’enroulant autour des imposants piliers qui soutenaient le plafond, autour des tables, les séparant ainsi d’un petit rideau végétal. Prés de l’entrée se trouvait un bar occupé par un homme qui nettoyait tranquillement des verres et qui fit un signe de salut à Kyo. De l’autre côté de la salle semblait se tenir comme une estrade. Les filles n’eurent pas le temps d’en voir plus car Kyo les mena à une table où ils s’assirent.

Il y eu un petit silence nerveux et gêné, avant que Asuka, qui était la moins perturbée, prit la parole.

-Bon. De quoi vous vouliez nous parler ?

-D’abord qu’est ce que Kyogané san vous a dit à mon sujet ?

-Pas grand-chose, juste que ce serait mieux pour nous de vous avoir dans nos amis. Au cas où. Enfin je sais pas ce qu’il vous a raconté lui, sur nous, mais on s’est fait un peu attaqué…

-Il m’a raconté. Des nomades. C’était plutôt prévisible.

-C’était pas de chance, répliqua Arisa.

-Non. Prévisible. Et le plus effrayant d’après lui c’est que ça ne vous a pas vacciné du fait de vivre sans la protection d’une meute.

-On a pas besoin de meute, on est une meute ! Expliqua Mimiko.

-Non. Une meute a un territoire défini et un alpha. Vous vous êtes d’étranges électrons libres. Je trouve bizarre que Kyogané san vous passe ce genre de caprice. C’eut été quelqu’un d’autre, il aurait prévenu la meute la plus proche et ils vous auraient embarqué sans se poser de questions.

-J’aimerais bien voir ça, répliqua Arisa en grognant. Quoique vous en pensez, on est capable de se défendre toute seule !

-C’est stupide, n’êtes vous pas venu me voir pour que JE vous protège, le cas échéant ? Ce genre de raisonnement fait de moi votre chef de meute, vous savez ?

Mimiko s’ajouta au concert de grognement et la louve et la panthère manquèrent de s’étrangler quand Naru prit la parole :

-Pourquoi ne pas l’être dans ce cas là ?

-NARU !!!!

-Quoi ? On serait beaucoup plus tranquille comme ça !

-Pas question ! Refusa le roux un peu vivement. Je viens de partir d’une meute, je ne vais pas à nouveau m’y enfermer !

-Vous avez la même réponse que le docteur Kyogané, répondit Naru d’un ton déçu.

-Tant mieux ! Lâcha Arisa.

-Ca dépend pour qui… Un peu de discipline ne vous ferait pas de mal.

-QUOI ?!?!

-Et si on se présentait proprement avant de s’engueuler ? Proposa Asuka en s’interposant entre Kyo et Arisa. Ca n’a pas été fait il me semble.

-Bien. Je m’appelle Kyo Soma. Je viens du Clan Soma, la plus puissante meute existante au Japon. Et contrairement à vous, je suis né changeur.

-On peut naitre changeur ? S’étonna Naru.

-De deux parents changeurs, ça semble évident, répondit Asuka. Puisque ça se transmet par hum, bref… Moi je m’appelle Asuka.

-Je suis Naru, ajouta la brunette prés d’elle.

-Arisa.

-…Mimiko… De la meute de Bouconne, ajouta la brune après coup.

-La meute de Bouconne ? Répéta Kyo.

-Hé ça le fait ! Approuva Arisa. Un peu provincial peut être, mais c’est pas mal !

-C’est quoi Bouconne ?

-Notre territoire, eh oui, ça te bouche un coin, on a notre propre forêt. Enfin on se l’est autoattitré.

-… Stupide…

-Et quoiqu’en dise les gens, on est la meute de Bouconne. Point final à la ligne, insista Mimiko.

-J’ai l’impression que quoi qu’on dise, ça ne changera rien, non ?

-Exact, on est une bande de tête brûlée et fière de l’être ! Fit Asuka. Tout ce que vous pouvez faire, c’est accepter de nous aider de temps en temps ou bien continuer votre vie comme si on ne vous avez jamais rencontré… Mais j’avoue que depuis l’histoire des nomades, je ne suis pas du tout contre un peu d’aide. On sera pas toujours là pour nous protéger les une les autres, surtout Mimiko qui va au lycée à Toulouse et qui s’y retrouve seule.

La brune en question fit un geste nonchalant de la main, semblant considérer ce détail comme insignifiant.

Le garçon ne répondit pas immédiatement, il se remit à les fixer les une après les autres avant de fermer les yeux et de pousser un soupir silencieux. Après quoi, il sortit de son sac un stylo et se mit à gribouiller un numéro sur une serviette en papier, coincée sous une salière dans un coin de table.

-C’est mon numéro de portable. Si vous avez un problème, appelez, lâcha t’il un peu sèchement avant de quitter la table et de partir sans leur laisser l’occasion de dire quoique ce soit d’autre.

-Bizarre ce type, conclut Arisa en soulevant la serviette.

-De mon point de vue encore humain, ce sont tous les changeurs qui sont bizarres, répliqua Asuka en ricanant.

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18 décembre 2010

Partie 3

***

Cette première virée dans leur nouveau territoire se révéla assez satisfaisante pour que l’on prévoie d’autres sorties de ce genre tous les samedis. Evidemment, il y avait la route à traverser, mais avec un peu de pratique, cela finirait par ne plus être un obstacle.

L’avenir se présentait donc sous un bon jour et un nouvel évènement se présenta dans ces heureux auspices.

Trois jours après leur première virée, Kyogane les appela pour leur confier qu’un nouveau changeur, un ancien ami à lui, venait d’arriver dans leur ville. Il lui avait parlé d’elles et les enjoignaient à prendre contact avec lui. Le docteur ne pouvait pas toujours les protéger et il n’était pas mauvais pour elles de se mettre sous la sécurité d’un autre mâle.

Arisa râla, pesta et maugréa qu’elles n’en avaient pas besoin, mais finalement, Naru, Mimiko, Asuka et elle, se rendirent à l’endroit où l’on pouvait le trouver.

-Je me demande quel animal il peut bien être, après tout, il est peut être moins fort que nous, expliqua Arisa alors qu’elles arrivaient en vue d’un bâtiment de deux étages, mi brique, mi béton, à la toulousaine, où trônaient une plaque indiquant « FFK- Fédération française de Karaté, FFAB-Fédération française d’Aikido et Budo ».

-Tu te souviens ce que Kyogané nous a dit : C’est impoli de demander a quelqu’un quel animal il est ! Lui rappela Naru.

Ce qui fait que le « mystère Kyogané » comme l’appelait Mimiko et Asuka était toujours irrésolu. Démangée par la curiosité, ces deux là n’avaient pas pût s’empêcher de demander au docteur en quoi il se transformait. Depuis, elles se fondaient en conjecture à son sujet.

Concluant que son refus d’avouer son autre forme venait du fait qu’elle devait être peu flatteuse, Asuka avait arrêté son choix sur un marsouin et Mimiko un gorille.

-Je sais, je sais…

Naru passa devant, ouvrant la porte et pénétrant à l’intérieur d’un petit hall qui s’allongeait en deux couloirs partant pour l’un vers la droite, pour l’autre vers la gauche. Alors que les autres s’y amassaient, elle se pencha sur le comptoir de l’accueil pour demander à une femme qui faisait un sudoku où se trouvait le dojo de karaté. Elle lui désigna la droite du bout du doigt, sans lever les yeux.

Les jeunes filles prirent donc le couloir de droite, observant distraitement les affiches, photos ou coupures de presses affichées et passèrent devant deux portes qui devaient être les vestiaires (les odorats de Arisa et de Naru étaient formels : vieille chaussette.). Au bout se trouvait une double porte, dont l’un des côtés était ouvert. Des voix s’en échappaient, ainsi qu’une odeur de plastique et de sueur. Ca c’est ce que Naru et Mimiko identifièrent, car Arisa, plus expérimenté, capta une odeur en plus qui la fit s’arrêter.

-Je LE sens, affirma t’elle.

-Hein ? Comment ? S’étonna Naru en levant le nez, à la recherche de la fragrance.

-C’est comme pour Mimiko, ça pue le chat mouillé.

« Le chat mouillé » en question s’empressa de manifester son mécontentement en frappant sur la tête de la blonde.

-Alors c’est une panthère ? S’étonna Asuka.

-Mmh… Je sais pas… Non… C’est différent mais ça se ressemble, expliqua Arisa en se massant le crâne et en foudroyant la brune du regard.

-Et… Euh… Moi je sens quelque chose ? Demanda timidement Asuka.

-… Non, tu sens comme d’hab. Mais j’avais rien senti sur Mimiko ou Naru avant trois semaines.

-Ah… Fit la jeune fille un peu déçue.

Arisa ne pouvait s’empêcher d’être sur ses gardes à présent et elle s’aperçut que Mimiko et Naru l’avait automatiquement imitée. Le changeur derrière la porte était un inconnu/ne fait pas partie de la meute/, /un mâle/, /dangereux/ et alors que le docteur Kyogane lui avait toujours donné un sentiment de tranquillité, elle ne ressentait pas la même chose vis-à-vis de son ami. Son instinct, son odorat… Tout lui désignait que l’autre changeur était un ennemi /un carnivore/… /un dominateur/.  

Elle poussa la porte légèrement entrebâillée et pénétra dans le dojo. Il n’y avait pas beaucoup de monde. La plupart des personnes présentes se trouvaient en dehors du tatami qui recouvrait le centre de la salle. Et au milieu… Se trouvait uniquement deux personnes.

Son regard fut aussitôt happé par des yeux d’un brun clair, presque caramel et la louve en elle se mit sur ses gardes et à montrer les crocs.

/C’était lui./

Il savait aussi qui elle était.

Cela ne dura qu’une minute tout au plus car le jeune homme à qui appartenait ces yeux se concentra à nouveau sur le combat qu’il était en train de mener, ignorant les nouvelles arrivantes. Il para une attaque de ses avant bras et contrattaqua d’un coup de pied.

Arisa et sa louve intérieur se détendirent, l’une plus intriguée que l’autre. Elle entendit à peine ses amies derrière elle le désigner comme le garçon qu’elles étaient venus voir.

Il était roux, pas comme une coloration, vraiment comme une couleur naturelle, ce qui était étrange lorsqu’on se rendait compte de ses yeux légèrement bridés, preuve d’une origine asiatique. Son corps, que l’on ne pouvait qu’imaginer sous son kimono noir, semblait être celui qu’on ne pouvait attendre que d’une pratique assidue des arts martiaux. Fins avec des muscles élégants, souple, mais capable de mouvements secs comme c’était le cas en ce moment. Ses mouvements au combat, qui semblaient presque naturel et sans efforts, étaient harmonieux, fascinant à regarder et… Presque félins.

Son visage était calme, concentré, mettant en valeurs des traits fins et obstinés. Ses pupilles perçantes suivaient son adversaire sans faillir.

Il encaissait les coups, les rendaient, sans aucun temps mort. Le combat était intense et le silence présent dans le dojo le rendait plus encore. Chaque coup porté, le froissement de leurs kimonos, leurs pieds frappant le sol et leur respiration saccadés rythmaient le combat tels des tambours.

Et puis brusquement, sans aucun signal, le combat cessa.  

Arisa daigna alors s’intéresser à l’adversaire et découvrit un homme beaucoup plus âgé. Il sourit et s’inclina :

-Vraiment impressionnant Kyo. Je suis content d’avoir pût tester ça moi-même.

Le dit Kyo s’inclina à son tour :

-Tout le plaisir était pour moi Maître Robert.

-Ouah, m’étonne plus que le docteur a confiance en lui, fit Asuka derrière Arisa.

-Oui… Répondit simplement la blonde.

Etonnement elle ne comprenait pas pourquoi elle ne pouvait pas réagir normalement à Asuka. Etre enthousiaste ou blasée ? Elle comprenait que quelque chose dans son instinct de changeuse contrecarrait ses habituelles réactions humaines. Intriguée, oui, c’était sûrement ça.

Un petit /charmée ?/ essaya de se faire entendre mais elle le repoussa d’un mouvement de la tête moqueur.

Entretemps, le jeune homme avait quitté le tatami, enfilé ses zoris et attrapé une bouteille d’eau pour se désaltérer. Les filles se regardèrent, se sachant pas trop comment l’aborder. Mais c’est lui qui vint à elles. Après avoir reposé sa bouteille, il tourna la tête et d’un regard perçant et sombre les jaugea les une après les autres.

La louve en elle semblait revoir ses dernières opinions, se retenant à peine de ne pas grogner comme Mimiko qu’on sentait offusqué par un tel examen.

Attrapant son sac il s’approcha d’elles :

-Vous devez être les filles dont m’a parlé Kyogané san.

-Et vous devez être le garçon dont nous a parlé le doc., répondit fort à propos Asuka qui semblait être la seule à ne pas être embarqué dans un conflit de dominance.

-Hm, oui. Je vais me changer et puis on ira discuter tranquillement ailleurs.

Elles s’écartèrent pour le laisser passer et rejoindre les vestiaires.

-Très mauvaise première impression, marmonna Mimiko une fois que la porte se referma. Je ne vote pas pour lui !


13 décembre 2010

Partie 2

 

Naru avait souvent raison. Pourtant parfois elle aurait préféré que ce ne soit pas le cas : comme en ce moment par exemple.

Elle avait espéré une vie tranquille, avec une maison confortable /un tapis devant une cheminée/, un boulot pas trop chiant / une balle et un bâton à rapporter/ et peut être même un mari et des enfants si possible, mais voila qu’elle était obligée de suivre une louve et une panthère, sous la flotte, de nuit, à travers les champs qui bordait la route qu’elles suivaient.

Bon, autant être honnête, la pluie elle ne la sentait pas, contrairement à Arisa qui s’arrêtait parfois pour s’ébrouer en râlant. Et le contact de ses coussinets s’enfonçant dans la boue n’était pas particulièrement désagréable. Mais ce n’était pas non plus ce qu’elle aurait préféré faire en ce moment.

Elles arrivèrent finalement face à une autre foute et durent prendre la décision de traverser de l’autre côté. Décision qui n’emballait personne. Les trois fauves se retrouvèrent à piétiner d’inquiétude.

-On peut aussi faire demi tour, proposa Naru d’un jappement et d’un coup de tête vers l’arrière.

Invitation refusée par Mimiko qui lui adressa un grognement et, les oreilles couchées par l’angoisse, profita qu’il n’y avait plus de voiture pour traverser avec de grands pas, le corps presque collé à la route.

Elle arriva de l’autre côté saine et sauve et invita ses amies d’un miaulement rassurant. 

Arisa s’approcha alors du béton à son tour. Elle recula brutalement lorsqu’une voiture passa à toute vitesse, aveuglant les animaux de ses phares.

-Je n’ai pas envie de me retrouver à la rubrique « chien écrasé » ! Couina Naru en se collant à Arisa.

Celle-ci lui donna deux petits coups de langue sur la tête pour la rassurer :

-Mais non, tout va bien se passer.

Après quoi, elle se dégagea de la chienne et entama la traversée à son tour. La route était finalement moins large qu’elle le pensait et elle fut rapidement aux côtés de la panthère.

Toute deux encouragèrent Naru qui s’était collé par terre, les oreilles baissées et qui leur faisaient les yeux de chien battu.

-Allez Naru, tant que tu ne vois pas de phare, tout va bien, l’encouragea Arisa.

-Viens ou on te laisse de l’autre côté ! Grogna Mimiko.

Naru gronda de dépit, puis se résigna. Relevant une oreille, elle s’approcha du macadam et y posa une patte. Elle regarda autour d’elle et ne voyant aucun phare, se lança.

Elle était presque arrivée quand une tache de blanc apparut sur le goudron et s’avança très vite vers elle. Des phares ! Des phares ! Qu’est ce qu’avait dit Risa ? Tout allait bien tant qu’il y avait pas de phares ! Qu’est ce qu’elle faisait maintenant ????

L’esprit logique de Naru complètement emmêlé dans celui illogique du chien, elle était figée, incapable de savoir ce qu’elle devait faire alors que la voiture approchait à toute vitesse d’elle.

Soudain elle sentit une douleur dans sa patte arrière et découvrit que Arisa s’était faufilée derrière elle et l’avait mordue.

La douleur la fit partir droit devant elle, suivie de son amie et toute deux se jetèrent de l’autre côté alors que la voiture passait dans un courant d’air.

-Putain de bordel de merde de voitures a la con qui roulent trop vite ! Aboya Arisa derrière elle.

Naru, quant à elle, avait du mal à reprendre ses esprits.

C’est Mimiko qui les pressa de reprendre la route, pas particulièrement perturbée tandis que Naru se fondait en remerciement auprès de la louve.

Petit à petit, elles aperçurent la frondaison des arbres, ainsi que les odeurs délectables de la forêt, ce qui les fit forcer inconsciemment le pas. A travers l’essence, la pollution, la fumée des cheminées, des fragrances de sèves de sapin, de pomme de pins, d’aiguilles mouillées et de mousses caressèrent leurs museaux.

Les quelques mètres qui les séparèrent de l’orée de la forêt furent franchit au pas de course. Une fois à l’intérieur, Arisa laissa éclater sa joie en bondissant d’un arbre à un autre, suivie de Naru qui ne pouvait empêcher sa queue de battre follement de ravissement et de Mimiko qui s’étirait longuement et se roula et frotta par terre de façon assez peu digne.

-C’est génial ! Oh tu avais raison de nous amener ici Mimiko ! S’exclama Arisa.

-Je dois avouer que je suis plutôt de son avis, fit Naru, bonne joueuse.

La panthère ne répondit pas et continua à se rouler d’un côté puis de l’autre. Puis se laissant tomber sur son flanc, elle se releva et s’approcha d’un arbre pour y faire consciencieusement ses griffes.

-On va chasser ? On va chasser ? On va chasser ? Demanda Arisa en sautillant autour de Naru. Je vais t’apprendre tout ce que je sais !

-Euh…

-Allez-y, approuva Mimiko, on se retrouve aux premiers rayons de soleil ici même.

Et sur ce, d’un bond, elle disparut dans les branches des arbres tandis que les canidés s’élançaient dans les profondeurs de la forêt.

Labrador_Retriever_by_Bleedinheartz

 

13 décembre 2010

Partie 1

 

Chapitre 6 : Territoire

 

-… AAAAAHHHH JE CRAAAAAAQQQQQUUEEEEE !!! J’EN PEUX PLUUUSSS !!! JE VEUX SORTIR !!!!!

Arisa exprimait sa frustration sur les pauvres barreaux de la grille qui cernait son lycée, les tordant au point d’en faire un trou où elle aurait pût aisément se faufiler pour filer. Mais pour quel résultat ? Pour aller où ? Depuis les derniers évènements, les bois aux alentours de leur ville étaient surveillés par la police qui recherchait toujours les coupables de la mort de deux des leurs. Il était donc hors de question de s’y balader, et ce, sous n’importe laquelle de ses formes.

Mais le loup en elle n’en pouvait plus, il voulait courir, se dépenser, chasser…

-…Je veux du saaaaaaannnnggggg ! Continua t’elle en se tournant vers ses compagnes, un sourire de psychopathe sur les lèvres.

Ses amies savaient bien qu’elle le faisait exprès. Ces dernières, assises sur le gazon sec et cassant, secouèrent la tête avec exaspération. Naru et Asuka avaient du mal à comprendre pourquoi Arisa se comportait comme une gamine en overdose de caféine depuis plusieurs jours, mais Mimiko, qui squattait une nouvelle fois dans leur lycée, fit une grimace compréhensive.

-On y peut rien, il faut attendre que les choses se tassent, exprima philosophiquement Naru.

-Mais je peuuuux pas attendre ! Et pis t’es mal plaçé pour dire ça, toi tu peux te promener n’importe où sous ta forme animal ! Et puis comme ça fait pas longtemps que tu te transforme, t’en ressens pas vraiment le besoin !

Asuka qui, elle, était encore en « incubation » (dixit Kyogane) ne ressentait pas non plus cette envie mais se remarquait de plus en plus sujette aux sauts d’humeurs. Cela faisait une semaine que c’était arrivé, les hyenes, tout ça et elle évitait d’y penser au risque d’avoir envie de recracher toutes ses entrailles. Dans le même genre, elle préférait occulter son état et son futur état et repousser une crise d’hystérie au dernier moment : sa métamorphose.

Elle était fataliste, elle savait qu’elle n’y échapperait pas, qu’elle se retrouverait bientôt confronter à tous les problèmes actuels de ses amies mais comme ce n’était pas encore à l’ordre du jour… Elle y repenserait à mi décembre.

-On a pas le choix Naru, approuva Mimiko, il faut qu’on trouve un nouveau territoire ! De toute façon on sera bientôt 4, notre ancien « territoire » va devenir trop petit, peu pratique, trop étendu et trop prés des habitations. Il va falloir aller plus loin.

-Plus loin ? Reprit Naru avec un haussement de sourcil.

La brune sortit de son sac une carte qu’elle déroula au milieu du cercle qu’elles formaient.

-Je ne vois qu’un endroit : la forêt de Bouconne.

-Bouconne ??? S’exclamèrent les autres en regardant leur panthère avec des yeux ronds.

-C’est la seule qui soit assez grande et accessible.

-C’est aussi rempli de promeneurs, de joggeurs, de cycliste et qui plus est, c’est traversé par plusieurs routes et même par le train !

-Les routes sont effectivement un problème, mais a vrai dire je pensais plutôt y aller de nuit, quand il n’y a plus personne, répliqua Mimiko.

-Et qu’est ce que tu fais des gardes chasses ? Intervint Asuka.

-On est des animaux, on sait les éviter.

-Mmmh c’est possible, approuva enfin Arisa, qui, a vrai dire, aurait dit oui même pour un misérable carré d’herbe de dix mètres carré pourvu qu’on la laisse se défouler à son grés.   

Mimiko fut contente d’avoir trouvé une alliée à son idée et après argumentation, insistance et chibi eyes à l’appui, Naru finit par craquer.

-Très bien ! Lâcha t’elle avec exaspération, mais reste un problème : comment on y va ? En voiture ? Qui sais conduire ?

-On va y aller à pied… Ou plutôt à pattes.

-Pour une nuit ?

-C’est mieux que rien. On verra à l’usage. Je propose qu’on essaie dés ce week-end. On attend que tout le monde soit couché et on sort par la fenêtre et on se retrouve devant le terrain de foot du côté de chez Arisa. D’accord Naru, Risa ?

-OK !

-Essayons…

-Et moi ? Demanda Asuka.

-Tant que tu n’ais pas transformé, tu ne peux pas nous suivre et quelque part je t’envie, j’ai l’impression que ça va pas être une partie de plaisir, grommela Naru.

 

***

grille_800

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