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Instinct Animal
15 mai 2011

Partie 5

***

Le gel de Décembre s’empara de la ville, la couvrant d’une pellicule grise et blanche, tandis que des décorations lumineuses de sapin, de feuilles de houx ou d’étoiles s’accrochaient aux réverbères, formaient des arches dans les rues piétonnières et rappelaient aux lycéens la proximité engageante des vacances de Noël.

Arisa s’enivrait des odeurs de marrons grillés, de gaufres, crêpes et autres chocolats et vin chaud alors qu’elle déambulait aux côtés de sa mère et de sa petite sœur dans le marché de noël réunis sur la place du Capitole. Tout cela lui donnait l’eau à la bouche.

Elle devait cependant se contenter de regarder à l’intérieur des cabanons en bois disposés en rangées pour trouver quelque chose à offrir le 24. Devant un stand à bijoux, sa petite sœur s’extasiaient sur des broches colorées, tandis qu’elle-même louchait sur des pendentifs et boucles d’oreilles en onix. C’était tout elle, ça, c’était quand elle devait trouver pour les autres, qu’elle trouvait des choses intéressantes pour elle.

La blonde ne put s’empêcher de se demander si ces boucles iraient bien sur sa forme de loup. Question qu’elle se posait depuis samedi soir dernier, lorsqu’elle avait constaté que le labrador avec lequel elle chassait avait de petits anneaux dorés aux oreilles. Mimiko ne portait pas de boucles d’oreilles et comme elle n’avait jamais eu l’occasion de se regarder dans un miroir lorsqu’elle était transformée (elle s’était juste aperçue dans des flaques d’eaux), elle n’avait jamais réalisé qu’elles gardaient leurs piercings et bijoux.

Ce soir elles retournaient toutes chasser, elle avait envie d’essayer quelques « styles », histoire de customiser son loup. Mais rien qui la gênerait pour chasser, car ça l’énerverait beaucoup. Naru et elle venait tout juste de mettre au point une technique plus ou moins concluante pour attraper des petits animaux. Le labrador trouvait que c’était un jeu amusant, mais contrairement à Arisa, son instinct ne la poussait pas particulièrement vers la chasse. C’était moins pour manger que pour jouer qu’elle suivait la louve. Et la chienne déplorait généralement qu’Arisa, une fois la proie attrapée, la tue. Mais elle savait qu’elles n’avaient pas le droit de laisser en vie un animal mordu. Le docteur Kyogané le leur avait interdit.

Penser à la chasse rappela à Arisa qu’elle se mettrait bien un petit truc sous la dent. Suivant sa mère et sa sœur qui bougeaient jusqu’au stand suivant, elle huma l’air, cherchant ce qui sentait le plus bon. Le fondant au chocolat ? Les gaufres au Nutella ? Les churros ? Les marrons… ? … L’odeur détestable de fauve ?

Hé ?

Arisa se retourna brusquement, cherchant dans la foule d’où venait cette odeur. Elle était certaine, pour en avoir senti d’autres, qu’il s’agissait d’un changeur.

-Arisa, tu viens ? Fit sa mère en se retournant dans sa direction.

-Ouais, ouais, j’arrive.

La jeune fille se tourna vers elle en faisant en sorte de se calmer. Après tout, Kyo leur avait dit qu’elles n’étaient pas les seuls changeurs de la ville. Rien d’étonnant à ce que l’un d’eux se trouve aussi à flâner au marché de Noël. Il ne lui voulait probablement aucun mal.

Malgré cette réflexion, elle sentait ses poils s’hérisser tout le long de son échine. La louve n’aimait pas l’idée d’être aussi prés d’un changeur qui ne faisait pas partie de sa Meute.

/Danger/

*Tout va bien, il va peut être s’éloigner, il ne m’a peut être même pas senti*

En plus, par chance, sa mère et sa sœur avait accéléré le pas pour passer des stands de charcuterie, fromages et autres mets en rapport plus ou moins proche avec les fêtes de fin d’années. Elles tournèrent, passèrent devant un Père Noël longiligne qui avait tenté de se remplumer avec un coussin  et s’engagèrent dans une nouvelle allée de petits chalets. L’odeur du changeur disparut un moment, laissant Arisa respirer et se détendre. Mais elle réapparut bien vite à son goût, accentuant son impression de malaise.

*Grrrr dégage… Laisse moi faire les boutiques tranquille !*

Elle jetait des regards en arrières, mais avec la foule, impossible de deviner de qui il s’agissait. Un changeur sous sa forme humaine ressemblait à n’importe quel humain, suffisait de la regarder : qui pourrait deviner qu’elle cachait en elle une bête féroce ?

Ne supportant plus cette situation et jugeant plus prudent de s’éloigner de sa mère et de sa sœur, elle inventa un prétexte pour se séparer d’elles, indiquant qu’elle les appellerait une fois qu’elle voudrait les retrouver, et disparut dans la foule.

Elle craignait un peu que le changeur sente son odeur sur les membres de sa famille, mais apparemment, il semblait plutôt vouloir suivre sa trace. Elle sentait toujours son odeur lorsqu’elle quitta le marché de Noël alors elle se mêla dans la foule qui naviguait sur les trottoirs.

C’était à présent officiel, pour un motif inconnu, elle était suivie. Que ce soit par curiosité ou pour des actions malhonnêtes ne changeait rien à ses yeux : elle n’aimait pas être poursuivie comme une proie. Elle était tentée de l’attirer dans un coin pour lui dire son fait /lui arracher les oreilles/ mais elle savait que ce serait très imprudent. Elle était seule, ni Mimiko, ni Naru n’étaient présente. Personne ne pourrait lui venir en aide si besoin.

Mais alors, quelle conduite devait t’elle tenir ?

Elle sortit son téléphone portable et composa le numéro du docteur Kyogané. Malheureusement de longues intonations lui répondirent avant de tomber sur le répondeur. Le docteur n’était pas disponible.

*Merde, moi qui espérait lui demander conseil…* 

Elle voulut faire défiler les numéros enregistrés sur son répertoire pour appeler l’une de ses amies lorsqu’elle tomba sur « Kyo ».

Elle hésitait.

L’appeler serait lui prouver qu’il avait raison au sujet de ce qu’il leur avait dit. Et ce serait aussi une façon de se mettre sous son autorité et ça l’agaçait au plus haut point. Mais elle ne savait pas quoi faire d’autre.

Elle appuya sur la touche appel et écouta à nouveau les intonations d’attentes tout en continuant à suivre la foule. Heureusement cette fois-ci, quelqu’un décrocha :

-Allo ?

-Oui Bonjour Kyo, c’est Arisa, fit t’elle d’une voix rapide et étranglé. Tu sais la blonde un peu chiante de Bouconne…

-J’avais reconnu ta voix. Qu’y a-t-il ?

Il avait dû sentir sa tension dans sa voix car ces derniers mots sonnaient inquiets.

-Désolé de te déranger dans ce que tu faisais, mais j’aurais besoin d’un conseil là tout de suite. J’étais tranquillement en train de faire mes courses de Noel quand un suiveur a décidé de jouer au chat et à la souris et comme je me suis dit que c’était pas une bonne idée de lui sauter dessus pour le tabasser…

-Excellente décision…

-Je cherche un moyen de le semer et ce, sans succès, continua Arisa qui ne s’était presque pas arrêté au commentaire ironique du roux.

-Tu es sur que c’est un changeur ?

-Oui je suis sure, je l’ai senti. J’ai un excellent odorat, je suis un loup !

Elle n’éprouvait aucune gène à lui révéler quelle bête elle était, surtout qu’elle savait malgré lui qu’il était un félin.

-Je l’ignorais, répondit simplement le roux. Le seul moyen de le semer est de lui faire perdre ton odeur. Où es tu ?

-Dans le centre de Toulouse.

-Tu as une station de métro pas très loin de ta position ?

-Oui, Jean Jaures.

-Très bien, tu vas aller prendre le métro. Il va falloir agir avec rapidité, le but étant d’entrer dans une rame différente que ton poursuiveur. Tu feras passer quelques stations, puis tu en descendras au dernier moment, et quand je dis le dernier moment, c’est le dernier moment. Il ne faut pas qu’il prévoit ta sortie.

-OK, fit Arisa en arrivant aux escalators qui descendait jusqu’au métro.

-Une fois sorti, prend le métro en sens inverse en te rendant à une autre station plus éloigné, puis ensuite arrange toi pour descendre à Roseraie.

-Pourquoi ?

-Je t’y attendrais là bas.

Arrivant sous terre, elle perdit à ce moment le réseau et la communication s’arrêta nette.

-Bon OK, c’est parti, se murmura t’elle en rangeant son téléphone.

Elle sentait toujours l’odeur piquante du musc, celle du changeur, lorsqu’elle poinçonna son ticket, mais la foule présente la lui cachait un peu : elle devinait que ce devait être pareil pour sa propre odeur. Elle descendit un nouvel escalator en piétinant sur place car elle était bloquée sur sa marche par la foule, jusqu’à être libéré à temps : des wagons étaient en train d’arriver à quai. Elle se précipita vers le fond, songeant que le changeur, derrière elle, n’aurait pas le temps d’atteindre sa voiture et rentrerait par la première ouverture. Elle se retrouva pressée contre la paroi de la porte quand celle-ci se referma, écrasée par une foule d’acheteur. Elle ne sentait plus le changeur mais certaines odeurs lui faisaient regretter la précédente.  

Se sentant moins en danger, mais toujours un peu tendue, elle se força à se calmer. Jetant un coup d’œil à son téléphone, elle se sentie reconnaissante envers ce type qui n’avait pas hésité une seconde à l’aider… Après tout elle s’était conduite un peu rudement envers lui et il n’avait aucune responsabilité envers elle.

Et c’était un peu agaçant, mais elle se sentait rassurée à l’idée qu’il l’attendait. Peut être parce qu’il ne s’était pas imposé et qu’il ne leur voulait aucun mal, la louve en elle semblait ne plus avoir de différent avec lui et l’humaine du coup ne ressentait plus de sentiments parasites qui l’empêchait de le considérer comme un humain avant un animal.

S’étant éloigné de deux stations, elle prit sa décision de descendre au prochain car elle craint en voyant des personnes entrer dans le wagon que le changeur qui la suivait en profite pour se rapprocher du sien, voire même d’y entrer.

Profitant du monde qui descendait, elle attendit que la sonnerie de fermeture des portes retentisse pour en sortir comme une furie et de courir jusqu’à l’escalator. Elle ne chercha pas à tourner la tête pour voir si elle était suivie, ni à sentir, elle couru juste pour prendre le métro dans l’autre sens et se sentit rassurée une fois dans un wagon, en sécurité. Elle était presque sur de n’être plus suivie et commença enfin à se détendre.

Qui qu’il était, elle espérait ne plus jamais le rencontrer.

Elle se laissa porter jusqu’à la station roseraie et eut le plaisir d’apercevoir le roux sur le quai. Sortant, elle s’approcha de lui, humant inconsciemment son odeur qui ne lui paressait plus si agressive.

-A première vue, on dirait que tu l’as semé, affirma t’il.

-Oui, je crois.

Il posa soudainement sur le front de la blonde une cannette d’Ice Tea, la légère fraicheur du contact la surprit un instant.

-Tiens.

Il la lui fourra dans les mains sans explication et tourna les talons. Arisa était perplexe, mais il tourna la tête vers elle :

-Tu n’as pas envie de prendre l’air ?

-Si !

Elle le suivit alors en décapsulant la canette : la course poursuite lui avait donné soif… Peut être qu’il y avait pensé exprès ?  

Il semblait secret, un peu bougon, mais il semblait au final qu’il ait plutôt bon fond et qu’il savait prendre soin des autres.

Définitivement, elle ne le voyait plus comme un ennemi ou un adversaire.  

Si ça continuait comme ça, ils pourraient même devenir amis !

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Commentaires
A
une canette d'ice tea, ça se jette pas!!! ça se boit!!!<br /> du coca, à la limite...
A
Arisa n'a pas jeté la canette à la figure de Kyo : c'est effectivement un grand pas en avant >.>
A
"Arisa s’enivrait des odeurs de marrons grillés, de gaufres, crêpes et autres chocolats"... ben voila, j'avais la dalle, et maintenant c'est pire... Et j'ai rien pour faire un petit déjeuner digne de ce nom OUIN!!<br /> ça fait plaisir de voir un nouveau post!! ^^
Instinct Animal
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