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Instinct Animal
19 décembre 2013

Chapitre 8- partie 3

Vu le peu de bonne volonté qu’elle y mettait et la mauvaise influence que les phéromones d’une femelle avait sur d’autres femelles, Kyogané finit par sortir son fusil anesthésiant du coffre pour le passer à une Asuka qui le regarda avec de gros yeux hallucinés.

Oui, oui, c’était tout à fait normal de se balader avec un fusil dans son coffre…

L’adolescente ne dit rien vu leur situation, mais elle ne pouvait s’empêcher de regarder le docteur de travers.

Tirer sur Arisa ne fut pas une mince affaire, ses doigts tremblaient sur la gâchette de peur de mal viser et de lui faire mal. Finalement Naru le lui prit des mains et sans aucune émotion, et apparemment beaucoup moins de scrupule, tira sur la louve qui poussa un jappement d’étonnement.

Celle-ci commença alors à divaguer sur ses pattes comme un employé japonais sortant d’un bar et s’écroula dans un gros « POF », faisant s’envoler au passage un nuage de petites plumes sur le plancher de la chambre.

-Voila… Réglons cette affaire au plus vite, maugréa Naru en rendant l’arme à Asuka qui la prit en silence.

-OKééé… Tout est normal… Déclara t’elle cependant à elle-même en descendant rendre le fusil à Kyogané, avant de remonter aider la labrador à descendre le corps endormi de leur amie.

Elle connaissait l’adage « la fin justifiait les moyens », néanmoins elle trouvait qu’un peu d’humanité, dans leur nouveau monde de bête ne serait pas en option. Elle s’étonnait et s’inquiétait aussi du revirement de comportement de son amie : Naru avait été la plus angoissée au sujet de leur transformation en changeur, elle semblait alors vouloir que les choses changent le moins possible… Et voila que soudain elle se montrait calme et froidement déterminée comme si… Comme si elle avait pris une décision.

Alors qu’elles descendaient l’escalier avec leur chargement, lui donnant l’étrange impression qu’elles allaient cacher un cadavre, Asuka fixait le visage lisse de la chienne. Impossible de savoir à quoi elle pensait.

Elle poussa un profond soupir, soulevant quelques mèches de sa frange. Combien de situations ubuesques subiraient-elles encore avant la fin de la journée ? Combien de temps encore allaient-elles trimballer Arisa partout ???

Déposant le corps de la louve sur la banquette arrière, elle se trouva comme elle pût une place tandis que Naru montait à l’avant à côté du docteur. Ils démarrèrent et Asuka essaya vainement de se détendre. Elle poka le museau d’Arisa endormie en essayant de ne pas repenser à tout ce qu’elle avait encore appris de « sensationnel » sur sa nouvelle vie.

Elle savait déjà que ce soir, couchée dans son lit à chercher vainement le sommeil, elle se repasserait tout en boucle…

-Dis Naru, qui de nous deux la garde pour aujourd’hui et demain ?

-Toi. Il faut que je nettoie ma chambre avant que mes parents rentrent.

Asuka grimaça brièvement, elle aurait préféré les autres horaires.

-Il faut que j’aille chercher des affaires alors. Et de quoi réviser.

-Ta mère est chez toi, non ? Qu’est ce qu’elle va dire si elle te voit arriver alors que tu devrais être en cours ? Rétorqua Naru en se retournant vers elle.

-J’adore ma vie…

Se remettant droite, Naru esquissa un petit sourire à Kyogané et ils dirent quelque chose qu’Asuka n’entendit pas, avant de rigoler doucement.

Les yeux d’Asuka s’étrécirent un peu devant ce spectacle. Elle eut envie de remonter ses lunettes sur son nez, comme pour mieux y voir, mais son doigt rencontra du vide. Elle oubliait souvent qu’elle n’en portait plus.

Voyant que de toute évidence les deux personnes devant ne faisaient plus attention à elle, elle se carra contre la banquette arrière, croisant les bras et ne dit plus rien du voyage, tournant son profil contrarié vers la fenêtre aux verres fumés.

La morne rocade laissa place aux avenues bordées de platanes nus et de petits immeubles recouverts de briques rouges aux couleurs fanées par le temps et par l’hiver. Une fine pluie se mit alors à tomber, obligeant les passants emmitouflés à sortir leurs parapluies ou à marcher plus vite. Ils longèrent le canal gris acier doucement jusqu’à apercevoir Alec et Mimiko, assis sur des pylônes qui se levèrent alors et leurs firent signe. Kyogané tourna devant eux sur une route privée menant à un parking.

Pressée de sortir à l’air libre, Asuka se précipita hors de la voiture et pris une bouffée d’oxygène, puis elle fixa Mimiko et Alec qui avançaient vers eux, aussi curieux qu’elle aurait pût l’être si elle n’avait pas assistée aux derniers évènements au premier rang des spectateurs.

Kyogané sortit aussi rapidement de la voiture après un mot à Naru qui hocha de la tête. 

-Salut Asu !

-Ouais, salut Asuka ! Imita Alec avant de stopper, le nez froncé : tiens… Ca sent une drôle d’odeur…

Il chercha derrière l’épaule d’Asuka avant d’être épinglé par Kyogané qui s’empressa de l’éloigner :

-Venez par là jeune homme, il faut que nous ayons une discussion !

-Ouah ! Alors Alec peut sentir Arisa depuis cette distance, s’étonna Asuka.

-Kyogané dit que les changeurs y sont beaucoup plus sensibles que les humains ordinaires, lui appris Naru. Coucou Mi-chan. Prête à nous aider à monter Arisa ?

-Hein ? Pourquoi ?

-On a dû un peu… l’endormir… Lui appris Asuka en s’effaçant pour laisser la brune apercevoir le corps avachi du loup sur la banquette. 

Son regard s’obscurcit aussitôt :

-Oh… Génial… Ecoutez, si ce genre de truc m’arrive… Achevez-moi pour de vrai, d’accord ?

Naru leva les yeux au ciel et commença à tirer le corps endormi avant d’être rejointe par ses amies.

-Pauvre Arisa… Compatit Mimiko.

-Ouais bein tu dirais pas ça si elle avait mis ta chambre sans dessus dessous… Et mâcher l’une de tes plus belles tennis !

A trois, elles hissèrent le corps jusqu’à l’ascenseur et sortirent au troisième étage. Là, Mimiko lâcha un instant Arisa pour insérer une clef dans la serrure et ouvrir en grand la porte.

Le corps du loup fut placé sur le canapé en attendant son réveil.

-Bon je vais rejoindre Kyogané, il faut qu’il me ramène à la maison, fit Naru en se frottant les mains pour se débarrasser des poils qui s’y étaient collées.

-Et moi je fais comment ? Demanda Asuka d’une voix implorante.

-Demande à Mi.

Elles tournèrent la tête vers la brune qui haussa des épaules.

Naru partie, les deux filles décidèrent de s’installer sur la table du salon pour surveiller leur amie endormie.

-Tu l’as pas trouvé bizarre, Naru ? Attaqua presque aussitôt Asuka alors que Mimiko ouvrait une boite de cookie.

-Hum… Pour les minutes que je l’ai vu… J’aurais dû ?

-Bein, elle semble… Décidée et plus du tout hésitante… Tiens, t’as raison, passe moi un cookie, toute cette histoire m’a achevée…

Mimiko lui en tendit un avant de croquer dans le sien d’un air pensif.

-Je sais pas… C’est Naru. On a toutes plus ou moins tendance à nous reposer sur elle. Enfin, surtout moi, je crois. Mais c’est parce que j’étais toujours à côté d’elle au collège. Je crois que du coup, c’est devenue naturel pour elle de nous soutenir. Elle prend le contrôle des choses, c’est mieux de toute façon que de se laisser porter et de subir tout le temps.

-Mouais… Enfin là on subit quand même…

-Je m’en veux de l’avoir mêlée à toute cette histoire… Après tout c’est ma faute si elle a été contaminée…

-Arrêtes Mi ! Avec ce genre de discours je pourrais tout aussi bien dire que c’est la faute à Naru si je suis devenue changeuse ! Ce qui est fait est fait !

Mimiko piocha un nouveau gâteau avec un petit sourire contrit.

-En tout cas, heureusement que le docteur Aoba est là, conclut-elle.

-Ouais bein le docteur, parlons-en, sans compter du fait qu’il a des choses bizarres dans son coffre, il est devenu le mot préféré de Naru. « Kyogané » par ci, « Kyogané » par là… Tu devrais voir comme elle le regarde ! Je te le dis, ya anguille sous roche ! Prédit Asuka en tapant du poing sur la table.

-Tu voudrais dire qu’elle pourrait être tombée amoureuse ? S’étonna Mimiko. Bah… Pourquoi pas. Il y a pire qu’être amoureuse d’un jeune docteur qui est en plus déjà changeur !

-Vu comme ça… Il y a quand même une sacrée différence d’âge à mon avis. Ca m’étonnerait pas qu’il ait 10 ans de plus qu’elle ! En plus, on ne sait TOUJOURS PAS en quoi il se transforme celui là ! Comment peut-on savoir si c’est quelqu’un de bien sans avoir vu son animal ?

-Asu, tu es juste une grooooossse curieuse.

Celle-ci prit un air innocent qui lui allait aussi bien qu’une minerve à une girafe. Mimiko leva les yeux au ciel et détailla un instant le sac de cours d’Asuka ainsi que son manteau.

-Vous avez laissé les affaires d’Arisa chez Naru ?

Asuka suivit son regard, puis, alors que les mots atteignaient son cerveau, son visage se décomposa pour figurer un immense « MERDE » :

-Elles sont encore au lycée !!!!

***

-Bon… Elles ont encore disparue sans rien nous dire… Affirma Isaka en tournant autour de la chaise vide d’Arisa, là où se trouvait encore son sac à dos et son manteau.

-C’est vraiment pas sympa de leur part de nous exclure comme ça, en convint Shinobu, assise sur la chaise d’à côté.

C’était la pause de midi et ni Asuka, ni Naru n’étaient rentrées. Elles étaient allées à l’infirmerie demander des nouvelles d’Arisa mais les personnes présentes leur avait assurée n’avoir vu personne de la matinée.

-Devant tous ces mystères à résoudre, il ne nous reste qu’une chose à faire, Watson ! C’est enquêter sur cette curieuse affaire et découvrir ce qu’elles nous cachent ! Fit Isaka en s’immobilisant soudain, le doigt en l’air. Et pour ça ! La première chose à faire c’est de chercher des indices.

Le doigt s’abaissa alors sur le sac.

-Arisa n’aimerait surement pas qu’on fouille ses affaires.

-Les absents ont toujours tord.

La petite brune pouvait avoir réponse à tout quand il s’agissait de trouver des réponses à ses questions, surtout lorsque son joli petit nez sentait derrière les évènements une odeur de testostérone. Il se trouvait qu’en plus, dû à l’hiver et au mauvais temps qui donnait à chacun la goutte au nez et un teint de cadavre, chacun était en manque de potins et de cancans frais à se mettre sous la dent.

-Tu es sure de toi ? S’enquit Shinobu qui ne pouvait s’empêcher d’avoir des scrupules.

-Attends, Arisa est inhabituellement déchainée et quand elle croit qu’on ne la voit pas, elle pousse des soupirs à fendre l’âme en regardant son téléphone portable ! Si ça c’est pas une preuve !

-Hum… Oui… Et puis il y a les nombreuses fois où elle a découchée… Ajouta malicieusement Shinobu.

-Non… Tu ne crois pas que… si ? Déjà ? S’exclama Isaka qui s’efforçait d’avoir l’air choqué mais qui semblait au contraire extatique.

-On dit que les filles qui l’ont fait… Bein elles attirent plus les mecs. Ce serait une histoire de phéromone… Et tu as vu comme moi ce qui s’est passé ce matin !

-Ca pour avoir vu ! J’ai vu ! Et ça ne s’effacera pas de mémoire. Notre Arisa, notre petite Arisa qui regardait à peine les mecs, qui les qualifiait d’un vague « bof » désabusé… Est devenue une graaannnde fille !

Les deux jeunes filles s’esclaffèrent au dessus du sac.

Quand elles eurent finies de glousser tout leur saoul, Isaka se décida à relever ses manches, pure expression bien sure, et à ouvrir le sac. Pour avoir couramment espionné au dessus de son épaule, elles savaient qu’elles ne trouveraient rien dans ses cahiers ou son agenda. Même une Arisa-grande-fille ne semblait pas du genre à gribouiller des petits cœurs dans ses marges avec le nom de l’élu à l’intérieur. Du coup, il ne restait plus que le téléphone portable.

-TADAM ! Fit Isaka en l’arrachant d’une poche de manteau, après avoir été tenu en échec par le sac à dos.

Heureusement pour elles, il était ouvert. Elles auraient été bien embêtées s’il leur avait fallu un code.

-Booon voyooonnns ce que nous avons là… Commença-t-elle en faisant défiler les textos.

Les deux filles en furent cependant pour leurs frais car aucun message amoureux ou de garçon ne s’y trouvait.

-C’est bizarre…

-Essaie le journal d’appel, proposa Shinobu au-dessus de son épaule.

-Yep, good idea Watson !

Là, déjà, il y avait un contenu bien plus intéressant.

-« Kyo » ? Ca te dit quelque chose Shin ? On a un type qui s’appelle Kyo au lycée ?

-Ca me dit rien… Mais elle a appelé ce garçon un sacré nombre de fois… Par contre lui…

Effectivement, il n’y avait pas une seule trace d’appel de sa part.

-C’est bizarre… Soupira Isaka en se laissant glisser sur la table, déçu de n’avoir rien de plus probant pour comprendre le comportement erratique de ses amies.

-Peut-être qu’il n’est pas du lycée ? Peut-être que c’est une racaille ?

-Ou alors c’est un homme marié et il ne peut pas l’appeler car sinon sa femme le saurait !

-Mais oui, tout s’explique… Et si elle est si malheureuse c’est qu’il refuse de divorcer avec sa femme…

-Si il faut… A cette heure elle a peut-être fuguée avec lui en Ecosse pour se marier… Et Asuka et Naru lui servent de demoiselle d’honneur !

-C’est pas sympa de ne pas nous avoir invité ! Mais pourquoi l’Ecosse ?

-Tu sais, comme dans Orgueil et Préjugés, quand Lydia s’enfuit avec Mr Wickam.   

-Ah oui...

Les deux jeunes filles restèrent pensives un moment et la sonnerie de reprise des cours retentit.

-Bon… Quand on arrêtera de dire des bêtises, on trouvera peut-être une hypothèse moins tirée par les cheveux…

-Mais où elles soooonnntttt ?!?!????

***

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