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Instinct Animal

22 octobre 2014

Chapitre 9 (Partie 4)

***

-KYOGANE !!! Rugit Kyo en faisant valser la porte du bureau que le docteur étudiant occupait à l’hôpital.

Celui-ci, en pleine consultation d’une femme qui s’était ouverte la main avec un couteau de cuisine, le foudroya du regard.

-Oups… Pardon… Se rattrapa Kyo en se figeant. Je… Je vais attendre dehors…

Il recula et referma la porte en se traitant d’imbécile. 

Vingt minutes plus tard, la femme ressortit avec un énorme bandage et Kyogané derrière elle fit les gros yeux au rouquin :

-Je te rappelle qu’il y a des gens qui travaillent ! C’est pas ton cabinet de consultation privée ici ! 

-Oh ça va ! Tu travailles tout le temps ! T’es jamais à ton appart !

Kyogané ne pouvait rien rétorquer à cela, ainsi il repartit à l’intérieur de la pièce en soufflant.

-Bien, qu’est-ce que je peux faire pour toi ?

Kyo lui brandit son téléphone sous le nez :

-C’est QUI ce mec ?!

Le médecin fit alors plus attention à la photo qui s’y trouvait.

-Alec, répondit-il.

-Tu le connais ?

-Oui, on a partagé mon appart il y a quelques semaines quand… Enfin, c’est le nouveau changeur de la meute.

Parce que c’était un changeur en plus ! Kyo sentit son animal intérieur s’agiter dans les méandres de son subconscient. Il pouvait presque le sentir faire les cents pas en grognant de colère. Contre lui l’idiot qui le retenait constamment et qui avait laissé faire ça. 

Rien de mieux qu’un conflit moral pour créer un dédoublement de personnalité… Songea Kyo en tournant lui aussi en rond dans la pièce sous les yeux inquiets de Kyogané.

Généralement un changeur formait un tout. Il arrivait parfois qu’en parlant ils distinguent l’animal de l’humain, mais c’était plus pour parler des pulsions sauvages qu’ils ne pouvaient retenir. L’animal et l’humain étaient une seule et même personne… A part quand il commençait à y avoir un conflit important entre la part animal et la part humaine. Là, les deux se séparaient et tel un jeu de chaise musicale, c’était tantôt l’un, tantôt l’autre qui avait le contrôle.

Kyogané savait que Kyo avait eu récemment de gros problèmes de dédoublement, c’était d’ailleurs pour ça que sa Meute l’avait envoyé ici, loin d’eux. Et le problème ne semblait pas encore tout à fait réglé…

La plupart du temps les victimes de ce phénomène, afin de garder le contrôle et de guérir, enfermaient leur animal au fond d’eux et ne le laissait pas sortir jusqu’à ce que le problème se tasse ou que les deux parties trouvent un terrain d’entente. Hélas, chaque nouveau désaccord pouvait provoquer un nouveau basculement.

Il était aussi intéressant de remarquer que ça ne touchait presque que les carnivores.

-Et il fait partie de la Meute de Bouconne ? Répéta Kyo d’un ton tendu.

-Oui, c’est ce que j’ai dit, répondit calmement Kyogané en espérant que sa sérénité pourrait atteindre le jeune homme.

-Et tu crois qu’il pourrait… Il sort avec Arisa ?

-Je n’étais pas au courant, mais apparemment, il semblerait que ce soit le cas.

Au vu de l’agitation de Kyo, allant tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, comme un animal qui a perdu ses repères, son autre lui devait être en train de chercher à reprendre le contrôle.

-Je croyais que c’était ce que tu voulais… Commença doucement le médecin qui devait s’avouer, lui aussi, un peu perdu.

-Je…

-Tu ne voulais pas rester avec elle car en absence d’un partenaire, vous ne pouviez pas être amis. La situation vous aurez forcement conduit à essayer de vous séduire ou à vous rejeter violemment…

-Je… Je sais pas… Geignit Kyo en passant nerveusement une main dans ses cheveux.

-Maintenant tu peux la revoir…

-PAS AVEC LUI !!! Rugit presque le garçon en bondissant en avant, forçant Kyogané à reculer derrière son bureau.

Pendant un instant, les yeux du garçon étaient devenus doré, fendu d’une fine pupille, mais son iris se rétracta presque aussitôt et il sut que l’humain avait repris le contrôle.

-Désolé… Maugréa Kyo en s’éloignant.

-Bon, il y a clairement conflit de dominance là, maugréa Kyogané en essayant de reprendre contenance.

Il avait beau être un éléphant, la présence d’un carnivore ne faisant pas partie de sa meute le rendait nerveux.

-Mais la question c’est : est-ce que c’est uniquement l’animal ? Ou est-ce que toi en tant qu’humain…

-C’est pas ça le problème ! Répliqua Kyo.

-Bien sûr que si.

-C’est ma décision, à moi, de… Ne plus fréquenter de fille…

Enfin on y arrivait, songea Kyogané, le nœud du problème, l’objet de sa première crise et aussi de celle-ci, certainement.

-Ecoutes, Shigure m’a que vaguement mis au courant de ce qui s’était passé, et j’avoue que le fonctionnement de votre meute est très spéciale, tellement que je ne comprends pas comment elle marche, là, avec votre Alpha humain, mais il faut que tu oublies Tohru Honda.

A l’écoute de ce nom, Kyo se crispa comme s’il venait de prendre le jus. Mais il se reprit bien vite pour lui lancer, furieux :

-OK, écoute bien aussi Kyogané, primo, c’est pas tes oignons cette histoire et deuxio, ça n’a rien à voir ! Alors laisse-moi !

-C’est toi qui es venu me voir ! Lui rappela Kyogané, sans pour autant hurler.

-Ouais bein je me demande pourquoi… J’me casse…

-Tu comptes fuir longtemps ? Fuir ta vie ? Fuir tes émotions ? Ce n’est pas parce que tu as perdu une fois que tu dois te conduire comme un perdant le reste de ton existence !

Kyo tourna la tête pour le regarder par-dessus son épaule, l’air provocateur :

-Genre t’es bien placé pour dire ça…

-Oui ! Car j’ai décidé de ne plus fuir ! Je vais intégrer la Meute de Bouconne et tirer un trait sur mon passé… Sur Anne ! Recommencer à vivre, recommencer à penser à l’avenir… Recommencer à aimer peut être ! Et toi Kyo ? Qu’est-ce que tu vas faire ? Rentrer comme un bon toutou chez les Soma ? Passer ta vie à râler sur ce qui aurait pu être ? Tout en voyant la fille que tu as aimée au bras d’un autre ?

-Et qu’est-ce que je pourrais faire d’autres… ?

La voix de Kyo n’était plus du tout colérique ou provocatrice, elle était brisée, ce qui obligea Kyogané à changer de ton lui aussi.

-Je ne sais pas, pleins de…

-La meute me laissera jamais partir… Quand bien même ils n’ont pas besoin de moi…

-Ma meute ne voulait pas me laisser partir, mais c’est ce que j’ai fait. Heureusement ce n’est pas un pacte à vie contrairement à ce qu’ils voudraient te faire croire. Si la Meute ne protège pas son membre, ne le laisse pas s’épanouir, alors il a le droit de tenter de s’y dérober. De plus, si tu intègres une nouvelle meute, elle te défendra contre l’ancienne… Et cela est encore plus vrai si tu deviens alpha.

Kyo se retourna vers lui, intrigué.

-Alpha ?

-Je sais que c’est une grosse responsabilité et que tu n’y tiens pas trop, mais ta meute ne pourra plus revendiquer quoique ce soit de toi… Et puis… Si tu n’étais pas ne serais-ce qu’un petit peu intéressé par Arisa, tu ne serais pas dans tout tes états en ce moment. Non ?

-Mais elle ? J’avais vraiment l’impression que ce qu’elle voulait, c’était vraiment que de l’amitié.

-Ca c’est une chose que tu dois lui demander.

***

-A quoi est-ce que tu t’attendais, franchement ? Soupira Mimiko.

-Notre sœur me déteeeestttteeee !!! Geignit Alec avant de replonger son visage dans le giron de la brune qui tentait de le consoler en lui donnant de petites tapes dans le dos.

-Je trouve que ta sœur est quand même injuste de lui mettre sur le dos le divorce de vos parents, intervint Sumomo.

Elle s’écarta pour laisser passer un lycéen et reprit sa place. Le trio se trouvait sur la plateforme du second étage donnant sur l’escalier central et sur la vie scolaire, comme une grande partie des autres élèves. Ca se bousculait donc un peu. 

-C’est une ado. Moi-même je ne la comprends plus vraiment. Avant elle était quasiment tout le temps dans mes pattes, maintenant je ne la vois plus qu’aux repas où elle ne parle que de ce qui l’arrange. C’est un peu frustrant.

-Ca lui passera.

-Si entretemps elle ne perd pas sa virginité ou je ne sais quel autre chose…

-QUOI ?!? S’exclama Alec en se détachant de Mimiko avec horreur.

-Ce ne sont que des suggestions de grande sœur inquiète…

-Et quand bien même, quel mal y aurait-il à cela ? Lança Sumomo avec un sourire taquin, s’attendant à l’avance à la réaction de ses deux amis.

-MAIS QUOI QUE !?! ENFIN !!! Crièrent-ils tous les deux, écarlates.

-Tiens, je ne pensais pas qu’Alec était encore puceau à son âge…

-Je suis un romantique, moi… Grommela le garçon en s’inquiétant que quelqu’un ait pu entendre.  

-Je veux dire, tant que votre sœur est consentante…

-Non ! Elle est trop jeune ! Elle le sera toujours ! Gémit Mimiko. C’est pour ça que c’est une PETITE sœur !!!

-OOooooké…

A ce moment-là les deux seuls autres garçons de la classe hélèrent Alec qui se fraya un passage pour les rejoindre. Mimiko et Sumomo se rapprochèrent en les observant.

-Au fait, au sujet de sexe…

-Oh non pitié, je sens déjà que ça va être une horreur ! S’exclama Mimiko.

-Je suis allée à cette soirée vendredi dernier, c’était génial ! Enfin pour la partie dont je me souviens, parce que j’ai comme un trou noir pour le reste. J’ai un peu trop abusé de l’alcool je crois…

-Non saaans rire ? Grogna Mimiko avec regard noir à l’appui. Mais est-ce que tu te rends compte qu’il aurait pu t’arriver n’importe quoi ? C’est SUPER dangereux ! N’importe quel type…

-Bein ouais justement, je crois que je l’ai fait avec quelqu’un mais je me souviens plus du tout de sa tête…

Mimiko chercha un endroit pour se cogner la crane mais n’en trouvant pas, elle ne pût montrer son exaspération.

-J’étais un peu inquiète, alors j’ai fait un test hier et je suis pas enceinte.

-Et le sida ?

-Non plus. J’étais rassurée, tu peux pas t’imaginer, parce que ça me pesait un peu cette histoire…

-Je suis exaspérée Mo. Totalement exaspérée. Faut que t’arrêtes ça, un jour il va t’arriver un truc.

La fille aux courts cheveux châtains leva les yeux au ciel : Mimiko prenait tout tellement au sérieux !

Et d’ailleurs une autre petite brune sérieuse était en train de faire une énième approche stratégique. Sumomo donna un coup de coude à Mimiko qui grommelait dans sa barbe et lui désigna Mizuki qui s’avançait timidement vers le groupe de garçons, encouragée par ses amies.

-Mizuki : tentative n° 7 !

La pauvre tentait vainement d’avoir une discussion plus élaborée que « Bonjour » avec Alec, mais n’y arrivait jamais. Il fallait dire qu’elle choisissait toujours les mauvais moments.

-Je me demande pourquoi elle ne vient pas le voir quand il est avec nous…

-Tu es une sœur intimidante, lui expliqua Sumomo. Tu émets des ondes de « Pas touche, à moi » à la ronde.

-Mais non ! C’est même pas vrai !

-Si. Et…

Sumomo se retint de justesse de dire qu’Alec avait l’air d’un gros chat qui ronronne quand elle s’occupait de lui. Il y avait des évidences difficiles à dire et à admettre.  

Mimiko ne semblait pas, de toute évidence, s’en rendre compte et elle observait Mizuki avec une moue agacée.

Celle-ci émit un petit bonjour, s’attirant vaguement le regard des trois garçons qui lui répondirent machinalement avant de revenir à leur discussion. La jeune fille se fit un peu bousculer par un groupe d’élève et n’eut pas d’autre choix que de battre une nouvelle fois en retraite.

Sumomo balança sa tête d’un air navré.

-Faut vraiment que je m’occupe de les mettre ensemble ces deux-là…

Mimiko lui jeta un regard de reproche.

-Je crois qu’Alec est assez grand pour se trouver une petite amie toute seule…

-Mais ils seraient trop mimi tous les deux… Fondit Sumomo en les regardant avec un air maternel pendant que Mimiko grognait comme à son habitude.

La sonnerie de fin de pause lui donna une bonne excuse pour tirer son amie de sa gagatisation en la poussant vers leur prochaine salle de cours.

***

Kyo s’était déplacé jusqu’au lycée d’Arisa après ses cours. Il n’avait pas encore décidé de ce qu’il allait faire car il changeait d’avis toutes les cinq secondes, mais il s’était dit que c’était un début.

Il n’avait qu’à chercher Arisa et… Et… Bon sang, que pourrait-il lui dire ? Lui expliquer froidement comment marchaient les relations entre mâles et femelles ? Non, ça sonnait comme une excuse… Lui demander si elle était, par le plus grand des hasards, tentée de larguer le minable avec lequel elle sortait pour tenter le coup avec lui ? Rah non quelle honte… Faire comme s’il n’avait jamais vu la photo ? Oh oui, commencer une relation avec un mensonge, quelle bonne idée !

/S’imposer et puis c’est tout ?/ Proposa son animal intérieur sans la moindre nuance d’humour, car les fauves n’avaient pas de sens de l’humour.

Kyo le chassa de sa tête en le maudissant. En temps qu’humain il aurait très bien pût se dire : « Ok cette fille est sympa, mais vaut mieux pas » et l’effacer de sa vie, mais son animal le prenait comme si un autre venait de lui piquer un gigot sous son nez.

Arisa n’aimerait certainement pas être comparée à un gigot…

De plus, il ne savait pas comment faire pour rentrer dans le bâtiment sans se faire stopper par un surveillant. Et si elle était déjà rentrée ?

Inconsciemment il humait l’air à la recherche de son odeur. Généralement les félins n’aimaient pas les odeurs des canins, mais il le savait pour l’avoir senti, leur odeur mélangée à tous les deux sentait diablement bon.

Il grogna intérieurement en songeant avec horreur qu’aujourd’hui l’odeur d’Arisa était mélangée avec celle d’un autre.

Et là, il devait avouer que ce n’était pas que sa partie animal qui réagissait.

Il se senti d’un coup beaucoup plus en phase avec lui-même.

C’est alors qu’il sentit une odeur qui lui hérissa tous les poils.

Les félins n’aimaient pas l’odeur des canins… Mais ils n’aimaient pas plus l’odeur d’un félin du même sexe !

Elle était là, forte, donc non loin.

Il la suivit en contournant le bâtiment vers la seconde entrée qui menait sur un parc. Sans plus réfléchir il sauta la clôture quand personne ne le regardait et suivit la piste.

Quittant la foule d’élèves qui sortaient, il s’enfonça dans l’espace vert, puis s’immobilisa.

IL était là.

L’espèce de play-boy efféminé de la photo. « Alec ».

Entouré de deux filles, à première vue non changeuses, ils discutaient et riaient sans se rendre compte qu’ils étaient observés. Et plus Kyo le voyait, plus il s’indignait.

Arisa ne pouvait pas éprouver des sentiments pour cette espèce de m’as-tu-vu exubérant ! En plus il était en train de flirter avec ces deux autres filles !

Un son rauque s’échappa de sa gorge, et le play-boy tourna la tête dans sa direction, l’air surpris. Il le dévisagea, leva le nez d’un air intrigué, puis sans le lâcher du regard, il sauta du banc où il était assis.

Il sembla hésiter un instant, puis décida de l’approcher d’un air décontracté, un sourire moqueur sur ses lèvres.

-Tu es Kyo, non ?

-Et toi Alec.

-Exact ! Comment le sais-tu ?

-Ca ne te regarde pas… Toi et moi… On doit « parler ».

Kyo appuya bien sur ce dernier mot et vu la lueur qui passait dans les yeux de son vis-à-vis, il s’aperçut qu’Alec l’avait compris et qu’il acceptait le défi.

Le japonais se rendit compte alors des deux autres filles derrière lui qui se murmuraient des choses en le dévorant du regard, l’air extatique. Il fronça des sourcils, se demandant ce qu’elles savaient. En tout cas, il ne voulait pas d’elles dans ses parages. 

-Où on pourrait être tranquille ?

Alec tourna sur lui-même pour le garder dans son champ de vision, puis désigna un grand bâtiment :

-Là bas, derrière le gymnase.

-OK, allons-y. 

Il s’y dirigea calmement pendant qu’Alec se tournait vers les deux filles. Ce qu’il leur dit ne sembla pas leur plaire, mais au moins, ils seraient tranquilles.

Sentant sa présence derrière lui, il continua son chemin avec impatience car il avait hâte d’en découdre et de faire ravaler sa superbe à ce jeune inconscient.

Une partie de lui était néanmoins troublé.  

Alec ne sentait que très peu Arisa, et autant qu’Asuka et Naru. Par contre… Il sentait beaucoup Mimiko. L’animal en lui n’était plus certain de ce qu’il faisait, mais sa partie humaine ne pouvait oublier la photo et le message.

Oui, lui l’humain était jaloux. Ce n’était donc pas qu’une question de « gigot ».

Il avait envie d’avoir Arisa pour lui.

Une fois sur de ne pas pouvoir être vu de quiconque, il se retourna pour faire face à l’adolescent. Celui-ci en fit de même et lui adressa un sourire. Kyo ne le lui rendit pas et le jaugea sombrement du regard.

Il avait un corps fin et gracieux, quelques muscles, mais plus de ceux que donne la pratique de l’athlétisme. Il ne pratiquait certainement pas les sports de combats, décida Kyo, même s’il savait probablement se défendre quand on l’attaquait. Il faisait presque une tête de plus que lui, mais ça n’avait aucune importance.

Kyo retira ses baskets, ses hauts et son baggy, ne gardant que son boxer et avança son pied nu devant lui pour se mettre en posture de combat. Alec le regarda avec de grands yeux ronds :

-Mais… Qu’est-ce que tu fais ?

-Tu ferais bien de faire pareil si tu tiens à tes vêtements, répliqua le japonais.

-Par ce froid ? Pas question ! En d’autre météo je m’en foutrais de faire un concours de strip-tease avec toi, mais là je ne tiens pas à attraper la crève !

Les yeux de Kyo s’étrécirent, assassin.

-Tu verras si tu seras en état de parader après ce que je vais te faire ! Siffla-t-il d’un ton vénéneux.

-J’attends de voir ça ! Répondit Alec avec un sourire provocateur en levant les poings devant lui, prêt à frapper comme à se défendre.   

Kyo lança avec vitesse le premier coup, frappant avec son pied contre sa défense, défense en partie cassée car étonné, Alec avait avancé un de ses poings. Non seulement il frappa dans le vide, mais le coup de pied le déséquilibra et l’envoya choir plus loin sur ses fesses.

-Ouille ouille ouille… Gémit-il en se massant les fesses. Toi tu fais pas semblant quand tu frappes.

Kyo ramena son pied à lui et le fusilla du regard car il semblait prendre tout ça comme un jeu :

-Je n’en ai pas l’intention.

Il aperçut alors avec un peu d’étonnement l’adolescent perdre son masque d’insouciance, découvrant un visage sombre, aux grands yeux brillants de violence, mais indéchiffrable.

Si Kyo avait fréquenté plus longtemps les membres de la meute de Bouconne, il aurait reconnu Mimiko, car c’est dans leur humeur noire que ces deux-là se ressemblaient le plus.

-OK, j’ai compris…

Il se releva, et se remit en position.

Cette fois-ci c’est lui qui frappa. Kyo esquiva son poing, mais Alec releva son genou, le touchant à l’estomac. Le japonais contrattaqua en le frappant violemment du tranchant de la main dans la clavicule. La douleur vive fit crier Alec qui lui attrapa les cheveux pour les tirer tout en essayant de lui faire un croc-en-jambe. Kyo ne se laissait pas tomber, faisant basculer tout le poids de son corps sur son autre jambe et attrapa les deux épaules du garçon, dont l’une déjà bien amochée pour tenter une prise. La manœuvre lui arracha quelques cheveux, mais il réussit à déséquilibrer le roux pour le plaquer sur le côté.

L’américain poussa un râle de douleur et tenta de se dégager. Il prit une poignée de terre et la jeta au visage de Kyo pour l’aveugler.

Il eut le résultat escompté et se retira à quelques mètres, un grognement continu de menace dans sa gorge, même s’il ne s’en rendait pas compte. 

Kyo s’éloigna par précaution tout en frottant ses yeux irrité par la terre. Comme il l’avait prévu, Alec avait déjà dû se battre dans la cour de récré, où tous les mouvements déloyaux étaient permis pourvu qu’on soumette l’autre. Ce n’était pas un combat très agréable, comme l’étaient les duels au dojo. Mais il fallait dire qu’il avait pour but de faire mal, du moins jusqu’à ce qu’Alec reconnaisse sa dominance. 

*Dussais-je l’écraser…* Grogna t’il intérieurement.

Ils se défiaient à présent chacun à distance, avec un grondement d’avertissement. Le combat pour humain était terminé. L’autre allait commencer.  

**

Isaka ne tenait pas sur place. Alec leur avait beau demandé de rentrer chez elles et qu’il leur raconterait tout la prochaine fois, elle exigeait d’avoir sa part du « gâteau » quant à leur opération « Kyo ».

Celui-ci était bien différent de ce qu’elle s’était imaginée avec Shinobu, dans le sens où il semblait moins racaille ou métaleux que dans leur prédictions. En fait, pour un japonais, il semblait presque commun. Ni habillé à la mode, ni non plus comme un clochard, sa coupe de cheveux était très classique, même si leur couleur décolorée était jolie.  

En fait, il avait l’air d’être le genre de garçon sérieux qui suit ses cours sagement et ne regarde pas les filles. On pouvait vraiment se demander comment Arisa et lui avaient fait pour entrer en contact et pourquoi celle-ci lui tournait autour.

Nonobstant le fait qu’Arisa n’avait jamais montré d’intérêt pour la gente masculine, hormis celle de cinquante ans son ainé, qui portait des cheveux longs et qui chantait des chansons d’amour sous fond de guitare électrique, elle s’était imaginé que le genre de garçon qui lui plairait serait soit un genre de gothique abonné à la hellfest, soit un gars décontracté et marrant qui connaitrait toutes les répliques de Disney par cœur.

Quoiqu’il en soit, elle était un peu inquiète pour Alec car ce Kyo semblait vraiment en colère. Les laisser tous les deux seuls lui semblait vraiment une mauvaise idée.

Shinobu semblait être de son avis, car elle lui fit signe de passer de l’autre côté du gymnase pour aller les espionner.

C’est ainsi qu’elles arrivèrent au moment même où les deux adolescents s’empoignaient violemment. Shinobu retint un petit cri en se bâillonnant de la main tandis qu’Isaka se retenait de ne pas courir vers eux pour leur gueuler dessus.

Ah les garçons ! Ils ne savaient pas régler leur problème autrement qu’en se battant !

Heureusement ils finirent par s’éloigner. Les deux filles poussèrent un petit soupir de soulagement, mais il fut court, car alors elles se rendirent compte qu’ils n’en avaient pas fini.

Tous deux se regardaient avec une expression quasi meurtrière, faisant battre de peur le cœur des deux jeunes filles. Jamais elles n’auraient imaginé que le visage du si gentil et joyeux Alec pouvait devenir ce masque crispé de rage.

Que s’était-il passé quand elles n’étaient pas là ?

Isaka n’était pas prête à laisser son nouvel ami se faire tabasser pour ce qui était juste une farce.

Au moment où les deux garçons bougèrent pour se foncer dessus, elle échappa à la poigne de Shinobu et s’interposa entre eux, se tournant vers Kyo pour l’arrêter, les bras tendus.

Sauf qu’en arrivant face à Kyo, ce n’était plus un adolescent, mais un grand félin roux qui bondissait sur elle. Ses yeux s’écarquillèrent à la fois de surprise et de peur, mais avant qu’elle ait pu réagir ou bouger, la gueule du fauve se referma sur son épaule et happée par la force du mouvement, elle tomba brutalement par terre, se cogna la tête et s’évanouit.

Tout cela n’avait duré qu’une fraction de seconde.

-ISAKA !!! Hurla Shinobu sans réfléchir en voyant l’animal et le sang.

La blonde se tourna vers Alec dans l’espoir de trouver un soutien, mais il n’y avait plus d’Alec.

Le fauve qui relâchait sa mâchoire d’Isaka fut bousculé violemment par un autre fauve, roux et tacheté, plus élancé et moins massif.

Une partie d’elle reconnut que l’un des félins était un puma et l’autre un jaguar ou un léopard. Mais comme tout cela n’avait aucun sens, elle ne comprenait pas pourquoi elle les voyait et son esprit passait à des phases où elle suivait le combat entre les deux animaux, à d’autres où elle ne voyait qu’Isaka au corps immobile, avec une tâche de sang sur son pull.

Avec d’énormes difficultés elle rampa jusqu’à son amie, ses mains papillonnant autour d’elle sans savoir ce qu’elle pouvait faire, des larmes au coin des yeux et la gorge nouée. Elle ne savait même pas si elle était encore en vie.

Elle essaya de soulever le pull, tachant ses mains, mais tout ce qu’elle voyait c’était un autre vêtement orné d’une fleur rouge qui s’étendait doucement.

Elle passa les mains sur son visages, dans ses cheveux, se mordit les doigts. Ses jambes étaient clouées au sol.

Elle devait appeler au secours mais elle n’y arrivait pas !

**

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28 août 2014

Chapitre 9 (Partie 3)

**

Asuka et Arisa revenaient de leur cours de sport quand la première stoppa brutalement en passant au milieu des deux espaces couverts qui se trouvaient au milieu de la cour. Sur les tables de pique-nique placées en dessous, elle voyait nettement Isaka et Shinobu… AVEC quelqu’un qui n’aurait jamais dû se trouver là.

-Mais c’est Alec ! S’indigna-t-elle.

La blonde à côté d’elle jeta un regard par-dessus-elle :

-Ah oui. Il était déjà venu la dernière fois.

-Mais… Il est avec Isa et Shin !

En les voyant rigoler tous les trois ensembles, se penchant comme pour se raconter des confidences, on aurait dit qu’ils étaient de vieux amis de toujours. Observant de plus comment les deux filles le regardaient, Asuka ne pût s’empêcher de grogner.

Oui. Bon. Elle était jalouse. Et sans raison, honte à elle, car le roux n’avait jamais vraiment fait de signes ou dit quoique ce soit laissant à penser qu’il s’intéressait plus à elle qu’à n’importe quelle autre fille.

Mais elle était jalouse quand même. 

Elle se demanda quand l’idée qu’Alec ferait un petit ami acceptable s’était insinué sournoisement dans sa tête, mais il ne fallait pas être un grand génie pour comprendre pourquoi : il était beau, il était gentil (un peu trop, et avec tout le monde, mais bon, passons), il aimait rire et c’était un changeur. DONC c’était le parti parfait pour quelqu’un dans sa situation. Mais il ne fallait pas se voiler la face : sous sa forme animal elle avait beau être un superbe lynx de compet, sous forme humaine elle n’avait franchement rien de plus qu’une autre humaine lambda. Pardon : une autre changeuse lambda.

Alors qu’Isa et Shin…

Elle ne pût s’empêcher de se porter vers eux et de se recoiffer machinalement, peine perdue car de toute façon après deux heures de sport (athlétisme, forcement), elle ne pouvait qu’avoir le teint rougeau et une coupe en pétard.  

-Eh ! Quelle surprise… ! Lança-t-elle en essayant d’y mettre autant de bonne humeur que possible.

Isaka et Shinobu ne firent pas cet effort et se renfrognèrent en faisant mine d’être soudainement très intéressées par leur agenda ou leur téléphone.  

-Salut Asuka ! Répondit Alec qui lui n’avait aucune raison de se sentir gêné. Salut Arisa !

-Salut, répondit la blonde. Quoi de neuf ?

-Oh, eh bien… A la fois rien d’intéressant et de très intéressant. Disons que je suis sur un projet passionnant. Ou plutôt NOUS sommes sur un projet passionnant.

-Ah oui ? Quoi donc ? Demanda Asuka.

-C’est un secret pour l’instant.

-Ah… Dis, on peut te parler un instant… SEUL…

Shinobu et Isaka la regardèrent avec indignation, mais Asuka ne pouvait décemment pas parler de ça devant elles. Grommelant intérieurement de ne pouvoir rien faire pour sauver leurs amitiés qui se dégradaient, elle tira Alec par un bras pour l’entrainer un peu plus loin avec Arisa :

-Mais enfin Alec, tu devrais éviter d’être aussi proche d’elles ! On n’a pas fait tous ces efforts moi et les filles afin éviter qu’elles soient contaminées pour que tu gâches tout !

-T’inquiètes, j’ai bien retenu la leçon : éviter tout contact de salive, sang ou sperme. Je ne vois pas pourquoi on devrait se priver de la compagnie de ceux qui ne sont pas comme nous.

-Oui, c’est ce qu’on se disait aussi, au début, railla Arisa. Avant que Naru et Asuka soient aussi contaminées.

-Mais ça n’a rien à voir, se défendit Alec, toi et Mio avaient étés mordus par des chiens contaminés, Naru s’est contaminée elle-même en barbouillant la griffure que lui avait faite Mio du sang d’un chasseur que ma sœur avait déjà bien mâchouillé –et donc contaminé – en tout cas d’après Kyogané, et toi Asu… Euh…

La jeune fille se détourna brusquement.

-Mieux vaut ne pas en parler, énonça t’elle sombrement.

-Bref, vous ne vous êtes jamais contaminées les unes les autres.

-Mais INDIRECTEMENT, si, répliqua Arisa. Notre seule présence à leurs côté à suffit. Les chiens qui ont agressés Mimiko étaient là parce qu’ils avaient senti MON odeur. Naru a été contaminée parce qu’elle a voulu rattraper une erreur de Mi et Asu a été attaquée par des changeurs qui avaient senti l’odeur de Naru. Donc ta seule présence pourrait causer du tort à Isaka et Shinobu même si ton animal ne s’est pas encore révélé…

Alec sembla contrarié par le discours de Arisa. Asuka posa une main sur son épaule et en profita pour la même occasion pour se griser de son parfum. Mélange de son odeur naturelle et d’un parfum, ou d’une eau de Cologne. Une odeur plus sensuelle que virile, très inhabituelle chez un garçon de cet âge.

-Tu t’inquiète à ce sujet ? Demanda-t-elle avec douceur.

-A quel sujet ?

-Ton animal.

-Non, pas vraiment, répondit-il après même pas trois secondes de réflexion.

Ce qui étonnait Asuka car cela avait été un énorme sujet d’inquiétude pour elle et pour Naru.

-Tu sais que tu pourrais devenir à peu près n’importe quoi ? Insista-t-elle.

-Je sais ce que je suis.

Il avait l’air si confiant qu’il en paraissait bête. Bah, tant pis pour lui s’il se transformait en tapir géant. Ca semblait bien lui ressembler de ne pas se faire du souci pour une chose qui était de toute façon déjà définie.

Devant son visage confus, Alec lui sourit et revint vers Isaka et Shinobu. Il se retourna vers elles à un moment :

-Tiens, tant que j’y pense ! J’aimerai avoir une photo de vous avec moi, pour rassurer ma mère. Elle ne me croit pas quand je lui dis que je me suis déjà fait plein d’amis !

-Pas de soucis.

-Ah mais l’appareil photo de mon portable craint, Risa, le tien est plutôt pas mal, non ?

La blonde haussa des épaules :

-Bah, il est pas fantastique non plus…

-Mais mieux que le mien, je peux te l’assurer. On peut prendre les photos avec ? Tu n’auras qu’à me les envoyer.

-Oui, ça pose pas de problème.

-Qu’est ce qu’on fait ? On pose tous les trois ? Demanda Asuka.

-Non d’abord moi avec chacune d’entre vous, puis tous ensembles ! Et des photos un peu sexy, c’est plus marrant ! Allez viens là Asu !

Arisa alla se placer devant eux pour prendre la photo pendant que les deux autres prenaient place.

-Tu me l’enverras aussi Risa ? Demanda Asuka en se laissant prendre dans les bras de l’adolescent, se prêtant fort volontiers au jeu.

-OK ! Alors souriez… Voilà c’est fait ! Je vous envoie ça !

-Super ! Répondit Alec en lâchant Asuka. Isa ! Tu veux bien prendre la suivante avec moi et Arisa ?

Isaka et Shinobu qui observaient jusque-là s’étonnèrent de la demande car Alec savait bien qu’elles boudaient les deux filles, mais devant le clin d’œil qui leur adressa discrètement, Isaka compris et voleta jusqu’à Arisa pour se faire expliquer le fonctionnement du téléphone.

Lui laissant l’appareil, Arisa alla rejoindre Alec qui lui tendait les bras d’un air chafouin.

-Allez, sexy Arisa !

-S’il le faut vraiment… Gémit-elle avant de s’exécuter, un poil hypocrite. 

-Voilaa ! C’est pris ! Annonça Isaka avec un grand sourire. Elle est géniale. Je te l’envoie Alec.

Pendant que celui-ci réunissait Arisa et Asuka sous prétexte de trouver une pose de groupe, Isaka envoya aussi la photo à quelqu’un d’autre. Suivi d’un texto en plus, pour faire bonne figure. Shinobu derrière elle se retint de ricaner.

Alec était vraiment trop fort.

**

-C’est donc ainsi qu’on calcule les variables de…

Kyo se retint de se cogner la tête contre sa table. Si on lui avait dit que ces cours de gestion financière étaient en fait des cours de maths déguisés, il y aurait réfléchis à deux fois avant de prendre cette option.

Mais de toute façon, il n’avait pas d’autres choix, dixit Maître Robert, que de suivre sa section de gestion d’entreprise dans ce lycée professionnel s’il voulait un jour ouvrir son propre dojo. La bonne blague.

C’était comme ce formulaire pour les études supérieures qu’on leur avait distribués. En ce moment, il ne savait pas quoi faire au sujet de son avenir. Rien que ce mot « avenir » lui fichait des frissons d’angoisse. 

Déjà ce serait bien beau qu’il finisse sa terminale. Après…

Devrait-il rentrer ? C’est ce qu’exigerait sans doute sa famille. Sa meute.

Mais il y avait aussi la possibilité de continuer le sports/études avec la section STAPS à l’Université Paul Sabatier. S’il restait ici évidemment. Si on lui en donnait l’autorisation.

Mais pourquoi faire ? On lui ordonnerait de toute façon de rentrer après pour exercer dans le dojo familial.

Cet encart en France, ça ne devait être qu’une respiration. On le lui avait permis pour ça après tout… 

Il fut coupé de ses pensées sombres par le vibreur de son portable. Le sortant discrètement de sa poche, il fut surpris de découvrir un message d’Arisa. Cela faisait un moment qu’elle avait renoncé à lui envoyer quoique ce soit pourtant…

Bien qu’il ne lui ait jamais répondu, il avait lu chaque message, sms ou répondeur qu’il avait reçu. Ainsi il fit de même et ouvrit le mms.

Son portable fit un bruit inquiétant quand il resserra inconsciemment les doigts dessus, menaçant de le réduire en morceau.

Là, sur le petit écran, il y avait une photo d’Arisa qui semblait à deux doigt d’embrasser un garçon inconnu. Et écrit dessous : « Comme promis je te l’envoie. Pleins de bisoux, je t’aime. ».

Aussitôt après, un deuxième texto arriva et il s’empressa de l’ouvrir, découvrant cette fois-ci un « Oups, désolé, c’était pas pour toi, je l’ai envoyé à la mauvaise personne. Bonne journée ! ».

Kyo était purement estomaqué, et il remit la photo, dévisageant cet espèce d’olibrius roux qui était avec elle. Mince, il ressemblait à un acteur américain en plus, même s’il avait l’air un peu con.

Il jeta son téléphone dans son sac, dégouté, et se raccrocha à sa table en essayant de se calmer et de ne pas y penser. Peine perdu et dans un craquement sonore, la plaque de bois qu’il crispait dans ses mains se fendit en deux. Tous les élèves se retournèrent vers lui pour voir les deux pans de son bureau s’effondrer par le milieu, formant un espèce de M.

-MONSIEUR SOMA !!! S’indigna le professeur en remontant ses lunettes sur son nez, n’en croyant pas ses yeux.

-Grummlemle… Sont pas solide vos tables… Maugréa-t-il avant d’attraper son manteau et son sac pour sortir précipitamment de cours.

***

Lorsque le ciel s’obscurcit au-dessus du lycée VH, Alec décida de rentrer à Toulouse. Se faufilant au milieu des lycéens qui finissaient leur journée de cours, il se dirigea en direction de la sortie.

C’est par hasard, alors qu’il n’y pensait même pas, qu’il tomba nez à nez avec Umiko.

Elle ne ressemblait plus du tout à la petite fille qu’il avait connu, celle que lui et Mimiko appelaient « la sauterelle » à cause de ses membres longilignes. Elle avait commencé à mettre des formes là où il le fallait et semblait avoir arrêté de grandir comme une pousse de haricot. Habillée d’un duffle coat carmin, d’un baggy, de mitaines en résille noire ornant ses mains et de tennis à la mode, elle était entourée de plusieurs amies assez pareillement vêtues.

Elle se figea brutalement en le voyant, perdant une partie des quelques couleurs qui lui restaient en hiver.

-Umi… Commençant Alec avant de se prendre en pleine face son regard haineux et assassin.

-Qu’est ce que… Qu’est ce que tu fais là ?! Personne ne veut de toi ici ! Rentre chez toi !

Tout ce qu’aurait pût dire Alec lui resta coincé au fond de la gorge alors que l’adolescente et son groupe passaient à côté de lui.

-Mais… Tu es ma sœur… Réussit-il à murmurer.

-Non. J’ai pas de frère, j’ai qu’une sœur. Toi, tu n’existes pas, asséna-t-elle sans le regarder.

Elle le laissa derrière lui et Alec ne fit rien pour la rattraper, la tête baissée vers le sol.

Mais…Lui, il n’y était pour rien…

Qu’est-ce qu’il pouvait bien y faire ?

***

16 août 2014

Mimiko Laroche

instinct animal MI copieMeute: Forêt de Bouconne (France)

Animal: Panthère noire

Catégorie: Poids Lourd

Rang: Omicron

Compagnon: Aucun

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Age: 15 ans

Origine ethnique: caucasienne

Couleur de peau: mâte

Couleur de cheveux: Noir

Couleur de yeux: Marrons (tournent au jaune sous forme animal)

Domicile: Chez ses parents

Métier: Lycéenne en seconde (Lycée des Arts)

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    Mimiko est la seconde a être contaminée par le virus, après s'être fait mordre par un chien enragé. Au début elle n'est pas au courant qu'elle aussi est atteinte, se contentant d'aider Arisa à vivre sa double nature, mais ses problèmes personnels enclencheront la transformation.
Et désireuse de laisser ses problèmes derriere elle, elle se laissera dévorer par son animal, perdant le controle. Arisa ne s'en rendra pas immédiatement compte, mais en ne retrouvant pas Mimiko le lendemain, elle se lancera à sa poursuite. 

L'animal de Mimiko est considéré par ses pairs comme le plus instable, et donc le plus dangereux. La panthère tuera de sang froid deux hommes lors de cette course poursuite. Seule Naru et son amitié parvinrent à ramener Mimiko, mais avec pour prix sa propre contamination. 
Bien qu'elle ne le dise pas, Mimiko se sentira très coupable à ce sujet. 

Ayant toujours des difficultés à controler l'animal en elle, elle trouvera un éxutoire qui leur convienne toutes les deux en commençant à traquer les malfaiteurs. De leur groupe seule Asuka, Alec et très vaguement Arisa, sont au courant de cette activité nocturne. 

Alec, son demi-frère, étant revenu des Etats-Unis et s'étant lui même contaminé en l'embrassant, Mimiko doit aussi affronter des problèmes d'ordre amoureux. Elle sait qu'elle n'a pas le droit d'aimer son frère (ils ont été élevés comme cousins), mais elle ne peut s'empêcher d'être jalouse. 

Et si elle admet désormais volontiers qu'ils ont besoin de former une vraie meute, elle refuse de tout son coeur toute domination d'un mâle inconnu. Ainsi quand Kyo prendra la place d'alpha, et ce après avoir bléssé grievement Alec, elle le rejettera de toute ses forces, et ainsi, destabilisera l'équilibre de la meute nouvellement créée. 

16 août 2014

Elephant de savane d'Afrique

African_elephant


Kyogane est un éléphant de savane d'Afrique

L'éléphant de savane d'Afrique a des oreilles plus longues et plus grandes que celles de son cousin d'Asie. Il présente également une taille moyenne plus importante et un dos concave. Les mâles et les femelles ont des défenses externes, et sont d'habitude moins poilus que leurs cousins asiatiques.

L'éléphant apparaît dans de nombreuses cultures. Il est symbole de sagesse dans la culture asiatique, connu pour sa mémoire et son intelligence. 

Il est impossible pour un éléphant de sauter, pour des raisons d'ordre biomécanique : il lui faut toujours un pied sur le sol. Cependant il peut courir à une vitesse maximum de 20 km/h (record24 km/h).

Même si on emploie le terme « courir » pour un éléphant, il est à noter que le terme est inapproprié. Il serait plus logique de dire qu’il « marche vite ». En effet, il ne change pas son allure (sa façon de se déplacer) lorsqu’il accélère.

Dans l'organisation matriarcale des éléphants, les mâles sont connus pour leur tempérament indépendant et ont tendance à vivre en solitaire, forgeant parfois une alliance provisoire avec un autre individu ou intégrant une bande de manière informelle. Tandis que les femelles entretiennent des liens familiaux étroits et solides.

 Les troupeaux sont composés d'une dizaine d'éléphantes et de jeunes éléphanteaux, après la maturité sexuelle les mâles quittent le groupe. Ils errent jusqu'à ce qu'ils fassent alliance avec d'autres jeunes mâles.

Une étude, menée dans un zoo, montre que l'éléphant aime les fruits fermentés à un degré d'alcool de 7 °. Lorsque l'éléphant est saoul, il perd de sa sociabilité (alors que sobre il est très sociable). Lorsqu'il est ivre, il reste à l'écart du troupeau.

L'éléphant est herbivore, il mange une grande variété d'éléments végétaux : herbes, plantes, feuilles, fruits, racines et tubercules, écorces et même du bois. Quotidiennement, il faut à l'éléphant entre 150 et 180 kilogrammes de nourriture en saison sèche, et entre 200 et 260 kilogrammes en saison des pluies. Ces quantités varient aussi en fonction des espèces et des milieux fréquentés.

En l’état actuel des connaissances, l’éléphant est, avec l'humain, le dauphin, le corbeau et certaines espèces de grands singes, l'une des rares espèces animales à réussir le test du miroir de Gallup : lorsqu’on marque d’une tache le front d’un éléphant en un point qu’il ne peut voir directement et qu’on lui présente un miroir, il passe sa trompe sur la tache ; démontrant ainsi qu’il a reconnu son image et donc qu’il a conscience de lui-même. 

(Merci wikipedia ^^)

17 juillet 2014

Chapitre 9 (Partie 2)

**

-Nooon j’hallucine, tu crois que c’est lui, le fameux « Kyo » ?!? Conjectura Isaka de derrière le poteau où elle et Shinobu se tenaient pour espionner.

-Je suis jalouse, il est trop beau… Maugréa Shinobu. Où elle a bien pût le trouver ?

-Il est pas du lycée, hein ? On l’aurait remarqué s’il y avait un garçon comme ça au lycée.

-C’est clair, il serait passé direct number one devant « l’Etre Suprême ».

-Du coup, on doit l’appeler comment celui là ? « L’Etre Divin » ?

-« Le petit copain d’Arisa », rectifia Shinobu avec un grand soupir exagéré. N’empêche qu’elle nous a bien caché son jeu…

Isaka hocha gravement de la tête.

-Entre ça et les cachotteries de Asuka et Naru… Je ne sais plus quoi penser. Qu’est ce qu’on a fait pour être rejeté du cercle des confidences ?

-Je n’en ai pas la moindre idée, mais franchement… Ca me rend un peu malade. Je pensais qu’on était amies. Et voila que pouf, on passe au lycée et on se fait ignorer royalement…

Isaka prit la main de Shinobu pour la consoler.

-Hey, darling, je suis là moi.

-Heureusement.

-Et on a rien fait de mal. Sinon on s’en souviendrait.

Alors qu’elles allaient s’asseoir sur un rebord de béton, le « beau gosse copain d’Arisa » passa prés d’elles et mue à la fois par réflex et désir de vérité, Isaka trouva le courage de l’arrêter par la manche.

Il se retourna d’un air étonné et Isaka prit malgré elle une teinte de coquelicot.

-Heu bonjour… Dit… ?

-Oui ?

Il regarda alors Shinobu qui rejoignait timidement Isaka.

-On est des amies d’Arisa.

Devant cette présentation, il leur adressa un grand sourire chaleureux qui manqua de les achever toutes les deux d’un coup.

-Ah oui ?

-Oui je… euh… je suis…

Allons bon, voila qu’elle perdait tous ses mots. Isaka avait envie de se donner une paire de claque pour se reprendre.

-Je suis Isaka et voila Shinobu, arriva t’elle à terminer dans un souffle. Et toi, tu es Kyo, non ?

Le roux cligna des yeux :

-Je devrais ? Non, je m’appelle Alec, qui est donc ce Kyo ?

Les deux jeunes filles se regardèrent d’un air dépité. La hoooonnnnnte. Arrêter un garçon qui n’était même pas celui qu’elles croyaient.

-Ah… Bein on pensait que c’est le petit ami de Arisa… expliqua Isaka en regardant à droite et à gauche, un peu embêtée.

S’il était le vrai petit ami d’Arisa, il n’allait pas aimer savoir que sa copine appelait souvent un autre garçon…  

-Son petit ami ? Je ne savais pas qu’elle en avait un…

Shinobu et Isaka le regardèrent, perplexe. Finalement « beau gosse » ne semblait pas être casé avec leur amie. Hmm, c’était bon à savoir.

-Bein en fait, on se demande si ce serait pas une histoire compliquée… Elle a l’air tellement triste depuis quelques temps… Fit Shinobu.

-Comme du genre : un amour unilatéral ? Demanda Alec qui s’était rapproché des deux autres filles, un petit sourire aux lèvres.

Sans s’en rendre compte, les adolescentes se détendirent aussi et tous les trois se mirent à papoter comme des commères.

Un autre talent d’Alec dans le genre…

Il était à la fois très curieux de connaitre les vies de ses nouvelles amies et se prenaient vite au jeu. Un amour empêché, voila un sujet qu’il connaissait très bien ! Si seulement ils avaient plus d’indication sur ce fameux Kyo !

-Tu es le frère de Mimiko ???? S’étonnèrent Isaka et Shinobu. Bon sang, tu ne lui ressemble pas du tout !

-Mais si, on a le même nez, avec les mêmes tâches de rousseurs dessus ! Et la même couleur de yeux !

Apprenant cela, les deux jeunes filles lui parlèrent aussi de l’éloignement de leurs amies et leur tristesse à ce sujet. Alec comprit immédiatement que c’était une conséquence de leur transformation en changeuses, mais il s’étonnait de leur besoin de s’éloigner d’aussi gentilles filles. Après tout, tant qu’elles faisaient attention, il n’y avait aucun risque, non ?

Par affiliation, il se demanda si le problème amoureux de Arisa n’était pas aussi lié à tout ça.

-Je demanderais à Mio ce qu’elle sait de ce Kyo, affirma Alec, et alors on élaborera un plan d’attaque !

-Un plan d’attaque ?

-Oh oui un plan d’attaque ! Approuva Isaka en se retenant d’applaudir de joie.

-On échange nos numéros de portable ? Demanda Alec en sortant le sien. Je vous tiendrais au courant.

Et ainsi, en moins de trente minutes, Isaka, Shinobu et Alec étaient devenus les meilleurs amis du monde… et les pires complices inimaginables.

Quand les jeunes filles s’en rendirent compte, quelques heures plus tard, comme s’il fallait un temps au charme alecien pour s’effacer,  elles se regardèrent d’un air halluciné.

Le canon, le beau gosse, était dans leur téléphone !!!

Un concert de cri hystérique suivit cette révélation tardive.

***

-Kyo ? C’est un changeur, répondit Mimiko en balançant nonchalamment ses chevilles sous sa chaise tout en lisant un manga.

Il se tenait assis à table face à elle, occupé à engloutir à lui tout seul trois croissants, alors que Sumomo fumait sa cigarette un peu plus loin dans le froid du patio.

C’était la pause de midi, et après avoir mangé (enfin… La pause repas semblait ne pas être terminé pour certains…) et été cherché leurs cartons à dessin, ils s’étaient installés à la cafeteria.

-Ah c’est bien ce qu’il me semblait, approuva Alec en hochant la tête d’un air satisfait. Et c’est quoi le problème ?

-Parce qu’il y a un problème avec lui ?

-Pourquoi il fait pas parti de la bande ?

-Parce qu’il le voulait pas et tant mieux d’ailleurs.

-Pourquoi ?

-Parce que… Je sais pas. Ya assez de garçons dans la meute, finit-elle par répondre d’un air agacé.

-Rhooo Mio…  

Sa petite Mio qui n’aimait pas les garçons… Il la trouvait adorable.

-Arisa est amoureuse de lui, lui apprit-il en finissant son premier croissant.

Elle ne réagit pas immédiatement, puis ferma son manga d’un air halluciné :

-Non, tu rigole !

-Est-ce que j’ai une tête à rigoler ?

-Mais… non… tu dis n’importe quoi… On l’a vu qu’une fois ce type ! Et il était super désagréable ! Franchement, je n’ai pas compris pourquoi Kyogané nous a demandé de l’avoir dans nos contacts.

-AH AH ! Ce n’est pas parce que TOI tu ne l’as jamais appelé qu’ELLE ne l’a pas fait ! La contra Alec en brandissant sa prochaine viennoiserie dans sa direction.

Mimiko regarda le croissant s’agiter sous son nez et fit mine d’en croquer un bout pour qu’il le retire, avant d’avancer son ultime argument :

-Et puis… ARISA quoi !

-Quoi « ARISA » ? C’est aussi une fille, comme toi, avec des lèvres, des seins, des…

-Inutile de continuer l’énumération, le coupa sèchement la brune.

-Quoi ? Tu ne vas pas m’en vouloir parce que j’ai remarqué qu’elle avait une poitrine ? Si tu veux savoir, la tienne est plus gross…

Il se prit le manga en pleine figure.

Sumomo arriva pile poil sur cet entrefaite:

-Vous savez que parfois vous ressemblez à un vieux couple ?

-Il m’embêtêêe, expliqua Mimiko avec une moue boudeuse.

-C’est à ça que serve les frères, répondit Sumomo en lui tapotant la tête avant de regarder le roux et de faire la grimace : Tu peux m’expliquer où va toute la graisse que tu enfournes à longueur de journée ?

-Mystère… Marmonna Mimiko en regardant elle aussi le garçon grand et fin.

Alec haussa les épaules :

-Je sais pas, je m’en suis jamais préoccupé.

-C’est sacrément injuste…

Il haussa à nouveau les épaules, impuissant et attaqua son troisième croissant sans aucune honte.

Mimiko récupéra son manga sur la table et le rangea dans son sac. Au passage elle regarda son carton à dessin et poussa un petit soupir :

-Mo, tu as pût avancer ton projet d’art-pla ?

La fausse rousse hocha de la tête en s’asseyant à côté d’elle :

-Oui, j’ai presque fini, et toi ?

-Oh moi, pas du tout. Je suis pas du TOUT inspirée ! Je suis en train de développer une haine viscérale pour l’acrylique !

-Et toi Alec ?

Le garçon mâcha vivement et s’empressa d’avaler sa bouchée :

-Oh ça va, moi j’ai réussi à tourner ça d’une façon qui m’arrange, et je suis sur que ça va plaire au prof !

-De toute façon le prof t’adore déjà… Gémit Mimiko en enfouissant son visage dans ses bras pour se cacher.

-Oui, c’est un peu agaçant d’ailleurs, ajouta Sumomo pince sans rire qui n’arrivait pas à cacher sa jalousie.

-Moi j’ai juste droit à son petit regard narquois et son ton condescendant comme s’il parlait à une gamine qui allait se mettre à pleurer d’un instant à un autre ! Ajouta Mimiko toujours dans ses bras.

-Mais noooon… Temporisa Alec. Tenez, regardez.

Le roux prit son carton à dessin sur ses genoux et en sortie une grande photo qu’il avait commencé à recouvrir de peinture.

Les deux filles devant lui firent de grands yeux effarés en voyant qu’il s’agissait d’une photo de lui, languissamment couché sur son canapé, et très probablement originellement nu sans la peinture qui recouvrait en partie le bas de son corps.

-En fait, lâcha Sumomo, je crois que tu flattes sans le savoir la part narcissique du prof…

-Une photo de toi… hallucinait toujours Mimiko qui était à court de mot.

-Oh, je la trouvais pourtant réussite moi, grommela Alec en la retournant vers lui.

-Et de l’autocongratulation en plus… Agonisa Mimiko sur sa chaise. Mais qu’est ce que je fais avec vous deux moi ????

**

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5 juillet 2014

Chapitre 9: Compagnon (Partie 1)

Février

« Oh well I woke up tonight and said I
I'm gonna make somebody love me
I'm gonna make somebody love me
And now I know, now I know, now I know
I know that it's you »

Calfeutré sous la capuche de son sweat-shirt qui laissait à peine voir quelques mèches de roux, il courait sous la pluie à la lumière des réverbères. Il détestait au plus haut point la pluie, ça le rendait malade, et plus jeune il se calfeutrait chez lui jusqu’à la fin des averses. Maintenant il était trop vieux pour interrompre ses activités habituelles à cause d’un peu d’eau, alors il faisait de son mieux pour en faire abstraction, la musique à fond sur son lecteur mp3.

C’était le félin qui détestait ça.

Le félin était habitué à un climat sec et chaud. A peu près tout ce qu’il n’avait jamais connu en somme.

Pas de traces d’aube dans le ciel, bien qu’il était presque 7h30 du matin. Ca aussi, ça restait déroutant. A quoi leur servait donc leurs fichus changements horaires aux Français si c’était pour commencer la journée dans le noir ?  

Il dépassa le tournant et arriva en face du dojo. Il commença ses assouplissements devant le parvis avant de sortir la clef et d’ouvrir la porte d’entrée. Parce qu’il était toujours le premier son maitre avait fini par lui donner un double.

Il sourit en sentant l’odeur familière, que d’aucuns jugeraient peu agréable, et un changeur à l’odorat fin complètement horrible, mais lui il s’y était habitué. Balançant son sac et son mp3 dans le vestiaire, il s’avança jusqu’à l’espace de combat, se déchaussa et continua ses échauffements, appréciant la solitude et de n’entendre rien d’autre que son cœur qui battait.

Malheureusement, il y avait encore le bruit de la pluie qui frappait contre les vitres. Agaçant.

Un bruit difficile à occulter et qui revenait inlassablement de manière répétitive.

Comme s’il le combattait, ennemi invisible, il se mit à donner des coups avec ses pieds et ses bras, se démenant bien plus qu’il ne l’aurait voulu pour un entrainement. Il aurait dû aller se doucher et enfiler son kimono, mais non, il restait là, en jogging à capuche à se battre contre un sentiment à peine défini.

La pluie qui claquait, la nuit derrière les fenêtres et la lumière de la salle.

Dans une ville à peine connu, entouré d’inconnu, avec un futur dont l’amplitude semblait aussi large qu’un trou de souris. Ah comparaison toute pourrie.

Il se laissa tomber sur l’épais « tatami » ou plutôt machin chose en mousse beige, suffoquant, la sueur perlant le long de son corps, pas le moins du monde libéré.

Disait-il apprécier sa solitude, sa liberté ?

La vérité c’était que là il se sentait seul. Et sa liberté était quelque chose d’aussi étroit que son futur.

Un trou de souris.     

***

Alec était un garçon qu’on ne pouvait pas ne pas remarquer. En plus de son physique, il y avait quelque chose dans sa démarche confiante, dans le son de sa voix, dans la façon dont ses yeux pétillaient à chaque fois qu’on lui adressait la parole, que l’on soit inconnu ou ami, qui attirait irrésistiblement l’attention.

Ainsi, au lycée V.H, chacun se disait que s’il était un élève, ils l’auraient sans doute déjà remarqué, mais pour autant personne n’osait le chasser comme de peur de voir l’adonis disparaitre de leur vue.

Mais théoriquement, Alec n’avait strictement rien à faire ici.

Ce qui ne l’empêchait pas de s’y comporter comme s’il était un vieil habitué.

-Laaa, voyons… Oui, la cour c’est bien par là…

Il ne se doutait pas, innocemment, de ce que sa présence provoquait. Attention, il était bel et bien au courant de toutes les paires d’yeux posés sur lui : habitué dès son enfance, cela ne le gênait pas le moins du monde car il n’affectionnait ni fausse-pudeur, ni modestie. Il savait qu’il était beau, mais il n’en faisait pas tout un plat non plus.

Non, ce dont il était ignorant, c’était de la puissance des réseaux d’informations. Remontant le long des couloirs, se diffusant dans les toilettes des filles, filant jusqu’au C.D.I où planchaient alors deux jeunes filles, bien studieuses, mais aussi aux oreilles trainant sur les tables alentours.

Ce n’était pas dans un intérêt de nuire a quiconque, mais les journées au lycée pouvaient être SI ennuyantes ! Qu’auraient donc fait toutes ces adolescentes « désœuvrées » sans leurs lots de potins concernant des histoires d’amours ou des disputes ?

Mais ce jour là, que la présence d’un canon inconnu dans l’enceinte du lycée arrive jusqu’aux oreilles bien ouvertes d’Isaka et de Shinobu était vraiment un coup de malchance… Et en même temps quelque chose de furieusement prévisible.

Quoiqu’il en était, Alec, un étage plus bas, n’avait pour l’instant, pas la moindre idée de tout ça et se dirigeait, innocemment donc, vers la seule changeuse de la meute qu’il avait réussi à repérer.

-Yo Arisa ! Lança-t-il en bondissant à ses côtés sur la table de pique nique en bois où elle était assise.

Elle leva le nez du téléphone portable qu’elle torturait dans tous les sens depuis tout à l’heure et le fixa, étonnée.

-Yo ? Mais qu’est ce que tu fais là ?

Elle chercha forcement Mimiko des yeux mais ne la vit nulle part.

-J’ai raccompagné Mio chez elle et me voila toouuuut seuuuuul !!!! Gémit-il d’une voix faussement malheureuse en serrant son flanc droit sur la jeune fille.

Arisa essaya de s’écarter un peu, gênée. C’était bizarre, mais elle avait un peu du mal avec la familiarité naturelle d’Alec, alors qu’elle était la première d’habitude à accueillir les « nouveaux » amis avec chaleur.

Sauf qu’avec Alec, il n’y avait pas eu besoin de ça. Il se comportait avec chacun des changeurs comme s’ils se connaissaient depuis leur tendre enfance. Déroutant.

Et un peu gênant.

Alec était très tactile. Il prenait les mains, serrait les épaules, s’appuyait, s’effondrait sur eux et parfois elle se disait avec frayeur que le niveau au dessus de tout ça – qu’il ne réservait encore qu’à Mimiko- c’était les embrassades, les câlins, les joues ou le nez frotté et les bisous.

Alors elle avait tendance à penser qu’il fallait tout de même établir des limites. Et vite.

-Et… Tu viens me voir, moi ?

-Bein oui.

Elle chercha à voir ce qu’il pouvait bien penser dans ses yeux caramel, mais il n’y avait rien d’autre que de la franchise.

-T’es la seule que j’ai trouvé, rajouta t’il alors comme s’il avait pris ce moment de fixation comme une invitation à développer.

-Asu et Naru sont en cours, expliqua Arisa en hochant la tête. Moi j’ai une heure de trou là, avant l’espagnol.

Il lui sourit et regarda autour de lui. Arisa retourna son attention sur son téléphone. C’était joli tout ça, mais s’il n’avait rien à lui dire…

-Pourquoi t’es pas resté avec Mi, si tu voulais pas rentrer de suite ? Finit-elle par demander.

-Je pouvais pas, sa mère allait rentrer.

Arisa fronça des sourcils :

-Désolé, Mi ne m’a rien dit au sujet de votre histoire. Je ne savais pas que vous n’aviez pas la même mère…

*A vrai dire, jusqu’à ce début d’année, je n’étais même pas au courant qu’elle avait un frère !*

-Pas grave, notre père fréquentait juste deux femmes en même temps. Comme ma mère était sa secrétaire et qu’il s’est marié par la suite avec la mère de Mio, des mauvaises langues ont affirmé que c’était ma mère la « maitresse », mais ce n’était pas comme ça. Notre père vivait deux vies à la fois, deux vies de mensonges. Et dans chacune de ces vies, il a eu un enfant, moi d’un côté, Mio de l’autre.

-Ah oui… D’accord, j’aurais jamais imaginé ça.

-Le problème c’est qu’il n’avait qu’un seul père et qu’une seule mère, et du coup, chaque vacances d’été, il nous envoyait tous les deux chez nos grands parents. Papi et Mami étaient au courant, ainsi que nos tantes, mais à Mimiko et à moi, ainsi qu’à nos mères, il nous a présentés comme « cousins ». T’imagine l’organisation de fou ?

-Et surtout pour que vos mères découvrent pas le pot aux roses !

-Un jour c’est arrivé, et ça a été un sacré choc pour moi et pour Mio, on s’adorait tellement que Umiko piquait des crises parce qu’on la délaissait, et tout d’un coup, pouf ! Nous voila tous frère et sœurs ! La suite a été plutôt « sanglante », dirons nous, et ma mère a préféré, pour me protéger, repartir aux USA chez ses parents.

-Ah… D’accord.

Arisa ne savait plus vraiment où se mettre. Tout ce que racontait Alec avait des accents de tragédie, mais c’était dit de façon si simple et dépourvue de tout sentiments négatif qu’elle ne savait pas s’il attendait à ce qu’elle compatisse ou s’il ne voulait pas en parler plus.

Alors qu’elle démêlait les deux hypothèses, Alec lui sourit, l’air d’avoir oublié tout ce qu’il venait de raconter :

-Les collégiens sont mélangés avec les lycéens ? 

-Hein ? Euh non… Les salles de classes et la cour sont différentes…

-Où ça ?

Arisa pointa du doigt une zone bétonnée en partie couverte d’un préau. Alec regarda alors dans cette direction, les yeux scrutateurs.

La jeune fille réalisa alors qu’il n’était pas venu à la recherche d’un membre de la meute.

*Il cherche Umiko…*

Son autre sœur, qui, à ce qu’il lui semblait se rappeler, ne paraissait pas être très attachée à Alec.

Oui, cette histoire était tout de même compliquée…

**

 

30 mai 2014

Chapitre 8 - dernière partie

**

Quand Naru et Mimiko arrivèrent au balcon, elles eurent le temps de voir un loup sortir d’une poubelle renversée d’un pas hésitant.

-Oh… Bordel !

-Nom d’un chien ! Approuva Naru alors que la louve s’ébrouait. Elle a sauté !

-Et elle est sous sa forme animale ! Elle croit faire quoi là ? Bon sang… ! Ce n’est pas comme si elle pouvait…

-SUJET TABOU N°1 !!! Piailla Naru avant que Mimiko ait pût finir sa phrase. JE NE VEUX PAS SAVOIR !!!!

-Oui ! Bon ! J’imagine qu’on a plus qu’à la ramener avant qu’elle ne fasse une bêtise ! Je vais la pister par le haut, toi…

-Je la suis par le bas et j’appelle Kyogané !

-Je doute qu’il puisse énormément nous aider tu sais, grogna Mimiko avant de s’agripper au garde corps pour sauter d’un bond puissant sur celui qui leur faisait face.

Elle entendit à peine la réponse de Naru alors que celle-ci rentrait dans l’appartement pour descendre :

-On ne sait jamais.

La brune n’eut aucun mal à rejoindre le toit. Ses escapades nocturnes l’avait familiarisée avec ce bâtiment et ceux alentours.

Elle suivit donc la louve sans difficulté au début et garda un œil sur Naru qui courrait derrière elle.

-Quelle plaie… Maugréa-t-elle avant de sauter sur un nouveau toit.

Naru avait sans nul doute raison. Elles courraient tout droit à la catastrophe en se contentant de rester en groupuscule plus ou moins lié afin de satisfaire les exigences de liberté de chacun et la situation leur échappait peu à peu des mains.

Mais au fond d’elle, oh, ça ne lui plaisait pas du tout… Elle ne voyait personne convenir… Personne en qui elle aurait assez d’estime pour lui offrir le droit de jouer sur son libre arbitre.

/Il faudra nous battre pour prétendre à un tel pouvoir…/ Grogna une voix au fond d’elle et pour une fois, elle était totalement d’accord.

Obligée de descendre pour traverser le canal, elle fit un détour qui lui permit de ne pas être trop remarquée des passants et voiture, passant sous le pont, plutôt que dessus. Bondissant de pieds en pieds de l’architecture en pierre, avant de remonter vers son terrain de prédilection. Un instant elle crut avoir perdu Arisa, mais elle repéra Naru et tâcha de rattraper son retard.

Arisa semblait foncer dans la foule sans schéma précis, d’ailleurs il lui sembla vite aux coups d’œil effrénés à chaque croisement qu’elle semblait perdue.

*Eh oui Risa, on n’a pas la même perception du monde qui nous entoure sous forme animale…* Soupira intérieurement Mimiko qui en avait déjà fait l’expérience. 

Ainsi elle fit ce que tout animal perdu ferait : elle chercha la verdure pour pouvoir se cacher.

Son chemin les conduisit toutes trois au jardin de Compans Caffarelli. Une fine pluie se mit alors à tomber comme pour tout arranger.

Mimiko se laissa tomber de la pagode du jardin japonais prés de Naru, causant son sursaut. Elle la foudroya du regard en portant une main à son cœur :

-Ca t’amuse de me faire peur avec tes acrobaties ?

-Bon, pour l’instant aucun homme ne lui a sauté dessus, ce qui répond peut être à ta question tabou.

-Merci de ramener ça sur le plateau…

-C’est toi qui dit toujours qu’il faut qu’on en sache le plus possible sur nous !

-Il y a quand même des choses que je ne veux pas savoir… Marmonna Naru en continuant à chercher la louve.

-Oui mais s’il nous suffisait d’être sous forme animale pendant cette période pour ne pas…?

-Les hommes, oui ! Peut être ! Mais que fais tu des autres changeurs… ET PIRE, à supposer que ce soit pire, je n’en ai aucune idée : des animaux ?!?

-Ah… Oui… Ok, je me tais. C’est toi la scientifique… Moi je vais me contenter d’être une future L. J’ai d’horribles images dans la tête maintenant…

-C’est ta faute, tu n’avais qu’à pas en parler !

A se disputer, elles avaient évidemment perdu la trace de leur consœur animale. Mimiko fixait la grisaille entre les gouttes d’eau, tandis que Naru levait son nez en l’air à la recherche de l’odeur d’Arisa.

La pluie était en train d’effacer la piste. Faisant plus confiance aux capacités de Naru, Mimiko suivit la jeune fille qui slalomait d’un courant d’odeur à un autre. Ce fut cependant un bruit de poubelles renversées qui les fit se diriger vers Arisa.

Deux jeunes qui avaient apparemment abusés de la boisson l’entouraient, l’obligeant à se retrancher derrière deux grandes poubelles. Ils jetèrent l’une de leur bouteille vide dans sa direction et la louve se rencogna un peu plus derrière son abri de fortune. Un petit couinement de douleur suivit quand la bouteille explosa sur le mur et qu’un débris de verre vint se planter dans son museau.

-Raah loupé…

-Attends, et si c’était un chien en fait ?

-Non, j’te jure, mon frère en élève, ç’pas un chien ça, c’est un loup !

-ARRETEZ CA DE SUITE !!! S’exclama Mimiko en s’approchant à grands pas des deux hommes. C’est mon chien !

Elle regretta sur le moment de ne pas avoir pensé à prendre un des colliers et des laisses que gardait Naru. Cette dernière vint la rejoindre, pas rassurée, et essaya aussi de faire face. Bien que deux adolescentes à moitié trempée par la pluie ne devaient pas sembler être une menace suffisante pour ces deux escogriffes.

Pour Mimiko, même s’ils étaient des humains, ils n’étaient guère différents des deux chiens enragés qui les avait attaqués, Arisa et elle, cet hiver. 

-Heiiiiinnn ??? Fit le plus grand d’un ton pas très intelligent mais avec un regard et une attitude menaçante.

-C’est mon chien, je vous interdis de le brutaliser, continua Mimiko tout en le défiant du regard du haut de ses deux têtes de moins.

-On… On va appeler la police ! Glapit Naru en s’agrippant à la brune.  

-Ouais vas-y, appelle la police pétasse, et on verra si cette bête est pas un loup !  

Naru grimaça et sentit un grognement résonner dans la cage thoracique de son amie. Elle l’attrapa au niveau des épaules et lui chuchota :

- Calme-toi ! Ce sont des humains, on ne peut pas leur faire de mal !

-Parce que tu crois qu’ils nous en feront pas… Marmonna Mimiko a la limite de l’audible tellement sa gorge grondait déjà.

-Tu as déjà tué deux hommes, tu te rappelles ????

Le rappel de ce fameux jour suffit à faire revenir Mimiko aux commandes. Le grondement se calma et elle se détendit légèrement.

-Désolé… Mais Arisa est blessée…

La louve passa à nouveau la tête en dehors de son abri et les implora du regard de l’aider. Des gouttes de sang tombaient de son museau là où le morceau de verre était encore fiché.

-Je vous assure que ce n’est pas un loup, elle ressemble à un loup, mais en fait c’est un mélange de euh… Husky et de berger allemand ! Improvisa Naru.

L’homme plissa des yeux en les regardant, s’apprêta à dire quelque chose, puis leva les yeux, comme son compagnon, sur quelque chose qui se trouvait bien au dessus d’elles, l’air éberlué.

Mimiko et Naru qui n’avaient rien senties de particulier, se retournèrent et firent machinalement quelques pas en arrière.

-Oh putain ! S’exclama l’un des jeunes hommes alors que se dressaient devant eux, grand d’au moins 4m et aussi massif qu’un camion, un éléphant aux courtes défenses pointées, juste légèrement recourbée, sur eux.

Ne pas avoir senti ou entendu un animal aussi gigantesque était aberrant pour les deux changeuses, mais elles comprirent vite que c’était parce qu’il ne leur était pas hostile, bien au contraire.

-Ky… Kyogané… Balbutia Naru alors qu’elles s’écartaient du passage.

-Bein ça alors… Asu va regretter de ne pas avoir été là… Lacha Mimiko en le regardant passer pesamment devant elles.

Kyogané les salua en éventant ses grandes oreilles, puis s’avança jusqu’aux deux garçons et attrapa le plus menaçant avec sa trompe pour le secouer un peu et le lancer plus loin.

Le jeune homme fit une parabole en criant d’horreur et son copain n’attendit même pas de savoir ce qu’il était devenu avant de se carapater en hurlant.

Arisa sortit timidement la tête de son abri, avant de trotter vers eux alors que Kyogané reprenait forme humaine.

Mimiko et Naru, un peu choquée par ce qui venait de se passer, ne pensèrent à se retourner qu’une demi-minute trop tard. Elles se jetèrent un regard embarrassée mais éloquent. Joliment foutu leur médecin : il cachait bien son jeu avec sa blouse de médecin et ses vêtements amples.

-Naru, j’ai laissé mes vêtements derrière le grand arbre, déclara t’il d’un ton un peu voilé en s’éloignant d’Arisa qui semblait avoir perdu toute notion de gène ou de pudeur avec son état et qui se frottait à lui.

*Heureusement qu’elle est sous forme animal…* Songea Mimiko en regardant le spectacle du coin de l’œil.

Naru revint avec les vêtements quelle lui passa tout en tenant son regard fixé ailleurs et attrapa par la même occasion Arisa par le cou pour la tirer avec elle.

-Tu devrais avoir honte… Maugréa-t-elle à la louve alors que Mimiko venait l’aider.

-On devrait partir d’ici, non ? Ces types vont probablement rameuter des policiers ? S’inquiéta la brune.

-Hum… Vu leur état d’ébriété, commença Kyogané en fermant le dernier bouton de sa chemise, il est fort possible qu’ils finissent en cellule de dégrisement s’ils affirment avoir vu un éléphant en plein Toulouse.

-Pas faux.

-Merci d’être venu nous aider, fit Naru avec ce que Mimiko pourrait qualifier d’un certain ton d’adoration dans la voix.

*Hum hum, Asu avait pas tord…*

La chienne évita de peu de se faire morde par Arisa qui voyait mal cette appropriation intempestive d’un de SES mâles.

-Ce n’est rien. Mais à ce que je vois, même les arrangements que nous avons pris ne suffisent pas à garder la situation sous contrôle…

Il s’était retourné tout en enfilant ses chaussettes et ses chaussures. C’était assez étrange comme scène. On ne voyait pas son médecin faire ce genre de choses, un médecin c’était plus une sorte d’entité immuable. Sauf que là, il se montrait aussi à l’aise que s’il était au milieu de sa famille.

-Arisa a sauté du balcon… Du troisième étage ! 

-Sous forme de loup ?

Arisa émit un grognement satisfait, comme si elle cranait de son exploit.

-Et elle est blessée… Continua Mimiko en observant son museau suintant d’hémoglobine.

-Alors d’abord, il vaut mieux qu’elle reste sous cette forme, car la transformation tirerait sur les blessures et sur les muscles qu’elle aurait pût se fouler en tombant, commença Kyogané en chaussant ses lunettes. Croyez moi si je vous dis que ça fait TRES mal de se transformer avec un os cassé ou un muscle déchiré.

-Vous allez la soigner ?

-Malheureusement, il vaut mieux que j’évite de m’approcher d’elle. Même si je ne suis pas des masses dominant, je ne suis pas immunisé à ses phéromones. Il faudra lui retirer le morceau de verre à l’aide d’une pince et désinfecter en tamponnant doucement la blessure avec du coton et de la Bétadine. Tu pourras le faire Naru ?

-Oui ! Bien sur ! Affirma cette dernière.

Avec un ton qui affirmait qu’il aurait pût lui demander n’importe quoi. Mimiko balança la tête et leva les yeux au ciel d’un air désespéré, mais Naru fut récompensée d’un sourire.  

Arisa quant à elle, grogna quelque chose qui aurait pût ressembler à une insulte.  

***

-LAISSSEEEZZZZZ MOIIIII MOOOOUUUURRRRRIIIIRRRR !!!!!!!!! Hurla une voix depuis le troisième étage d’une jolie résidence au bord du canal.

C’était enfin le dimanche soir et Mimiko, Asuka et Naru avaient vu au cours de la journée le taux de phéromones baisser, baisser… jusqu’à ça.

Arisa s’était enfermée dans la salle de bain, avait reprit sa forme humaine et gémissait son désespoir et sa fierté blessée.

-Bon ça va, pas la peine d’en faire un flan, puisqu’on te dit que tu n’as rien fait d’irréparable ! Grommela Asuka derrière la porte.

-JE SAIS TRES BIEN CE QUE J’AI FAIT ! J’M’EN SOUVIENS FIGURE TOI !!!! RAAAH !!! JE POURRAIS PLUS JAMAIS METTRE LES PIEDS AU LYCEE !!!!

Asuka se retourna et poussa un soupir en haussant des épaules.

Mimiko était couchée sur le divan dont on avait changé la housse et bailla, complètement crevée d’avoir dû utiliser son influence sur Arisa pendant les 3 derniers jours. Naru quant à elle était toute joyeuse aux fourneaux, avec des faux airs de jeunes mariées qui foutaient la frousse à tout le monde.

Asuka vint se laisser tomber à côté de Mimiko qui replia ses jambes.

-Elle a pas vraiment tord, comment on va expliquer ça au lycée ? Et à Isa et Shin qui nous font presque la gueule à cause de ce qui est arrivé ?

-Ah oui, carrément ?

-Yep, elles nous saluent du bout des lèvres et nous regardent en murmurant quand on croit qu’on les voit pas… Je comprends qu’elles se sentent mise à l’écart, mais qu’est ce qu’on peut y faire ? Tout leur dire ?

Le signe de dénégation n’était même pas utile tellement il était évident que Shin et Isa mettant leurs mignons petits nez dans leurs affaires de changeurs c’était comme rajouter un agent hautement volatil et explosif dans une solution déjà pas très stable.  

-Pour le lycée, je pense que vous pourrez expliquer l’étrange état d’Arisa par la maladie. Ca devrait passer. TU ENTENDS ARISA ? CA DEVRAIT TE SOULAGER ?

-MOUAIS, C’EST CA !

Pas du touuuut ironique, et avec quelques trémolos qui semblaient indiquer qu’elle était en train de pleurer. Mimiko et Asuka se jetèrent un regard d’impuissance. Comment pouvaient-elles donc consoler leur amie ?

La sonnette retentit soudain dans l’appartement et Asuka bondit du canapé pour aller ouvrir aux convives qui étaient attendus.

Kyogané et Alec entrèrent, ce dernier avec sa valise et bien content de retrouver son chez lui.

-Bonsoir vous deux ! On attendait plus que vous !

Kyogané salua les filles d’un hochement de tête avant de s’inquiéter immédiatement pour Arisa :

-Elle va bien ? Sa blessure s’est bien refermée ?   

-Du peu qu’on en a vu, oui. Elle est dans la salle de bain, ajouta Asuka en pointant son pouce derrière elle.

-Hum, ça sent bon, affirma Alec en se dirigeant vers la cuisine.

-Lasagnes maison, annonça Naru.

-Donc avec pleins de trucs en plus et que j’aime pas, précisa Mimiko depuis son canapé.

Alec se retourna vers elle et avec un sourire chaleureux, vint s’asseoir près d’elle avant de lui servir de coussin :

-Fatiguée ? Demanda-t-il d’un ton mi moqueur, mi affectueux.

-Ouiiiii !!!

-Oh pauvre chérie.

Asuka essaya de ne pas faire attention à eux mais la voix d’Alec était difficile à ignorer (en fait, Alec dans sa globalité était difficile à ignorer), surtout quand elle avait cette tessiture soyeuse qui avait de quoi mettre à l’envers l’estomac de la plupart des filles. Elle ne pût s’empêcher de rougir et elle qui n’avait ni frère ni sœur, était incapable de savoir si ce genre de scène était normale.

En tout cas ça lui semblait vachement intime. 

Elle se força à se porter vers Kyogané qui parlementait avec la porte de la salle de bain tout en priant pour que personne n’ait remarqué son trouble et en se traitant de toutes les appellations fleuries qu’elle connaissait.

-Alors ? Des résultats positifs ?

-La situation est inédite, regretta Kyogané en se frottant les cheveux. Et je ne crois pas être spécialement bien placé pour rassurer et conseiller une adolescente, mais… Hum. Laisse-moi quelques minutes.

Le visage du médecin passa de l’embarras à la détermination et Asuka, déjà un peu surprise d’être tutoyée, hocha la tête et revint vers le salon.  

Elle entendit la porte de la salle de bain s’ouvrir et Kyogané rentrer à l’intérieur. Ils ne pouvaient qu’espérer qu’il trouverait les mots pour soulager Arisa.

En attendant elle mit la table avec Alec, une nouvelle chose assez irréaliste, bien qu’elle cachait ce sentiment en faisant le pitre.

Tout ça était si fou. Tous les six dans cet appartement. Quand il n’y avait que les filles, elle pouvait se dire qu’elles étaient entre amies, mais la présence de Kyogané et d’Alec donnait une toute autre impression.

Une impression d’étonnement, un peu de gène, mais aussi, pas mal de chaleur.

Elle pourrait s’habituer à voir Alec lui parler et lui sourire comme s’ils étaient amis depuis des lustres, de sentir Kyogané pas loin et près à guérir le moindre de ses bobos. Oui, elle pourrait s’y habituer avec plaisir.

*C’est ça, la meute ?* Se demanda t’elle en finissant de poser les verres.

Elle se souvint alors de ce que lui avait dit Kyogané quand elle s’était réveillée après avoir été contaminée :

« -Ca, c’est peut être terminé mais… Le cauchemar est juste en train de commencer, n’est ce pas ?

-Ca dépend, regarde-les, il semble qu’il n’y ait pas que des inconvénients. »

Oui, malgré les galères qui leur tombaient quotidiennement sur la tête, il y avait aussi beaucoup de joie et de bonheur.

Quand Naru vint poser le plat de lasagne au milieu de la table, que Mimiko le regarda avec suspicion alors qu’Alec lui cachait les yeux pour l’empêcher de faire la fine bouche, Arisa arriva timidement du couloir avec Kyogané et s’assit à côté d’elle, ce dernier affirma que ce n’était plus la peine de parler de ce qui s’était passé tout en prenant place, et alors tout le monde se servit et l’univers autour d’Asuka sembla soudain à nouveau à sa place.

 

A suivre… 

harmonie du soir de asdom

 

photo (c) Asdom

19 janvier 2014

Chapitre 8 - partie 4

***

Arisa se réveilla difficilement, avec l’impression d’être en train de mâcher une boule de coton. Elle mit un temps immense à réaliser qu’elle était sous sa forme animale et se demanda bien pourquoi.

Puis elle sentit à nouveau l’horrible sensation de manque brûler dans son corps et grogna légèrement de frustration. C’est alors qu’elle réalisa qu’elle était sur un canapé qui sentait très bon. Passant la truffe contre la housse, elle l’huma profondément avant de frotter amoureusement ses joues dessus. L’odeur d’un mâle, un changeur… Hum… Alec…

Elle s’arrêta en entendant une porte claquer. L’odeur d’une femelle vint alors polluer l’atmosphère. Mimiko, détermina-t-elle.

-C’est bon Asu, j’ai trouvé tout ce que tu voulais. Par contre, tu m’en voudras pas, il y avait plus que des T-shirts roses et violets… Et des culottes avec des petits cœurs…

-Pff… Tant pis… On n’est pas en mesure de faire les difficiles…

Arisa entendit Asuka avant de réaliser qu’il y avait aussi son odeur.

Mimiko posa deux gros sacs de courses sur la table et l’odeur de nourriture s’ajouta au cocktail. Arisa mâcha sa salive : elle avait soif et sortit sa langue pour la faire pendre alors qu’elle arrivait enfin à ouvrir les yeux.

-Par contre, pour l’argent… Commença Asuka, embêtée.

-Pas de soucis. J’utilise le compte « spécial meute ».

-Le « compte spécial meute » ? Depuis quand on a un compte spécial meute ?

-Depuis que j’en ai ouvert un en ligne avec l’aide de Kyogané.

-Ah bon ? Et pourquoi ça ?

-Il me fallait un compte pour qu’on me verse l’argent que je gagne en chassant…

Asuka plissa les yeux :

-Tu as recommencé… Naru est au courant ?

-Non ! Ca va pas ! Elle désapprouverait totalement !

-Ouais bein ya des bonnes raisons pour ça… Genre que c’est super dangereux…

-Tu es la seule au courant. Je compte sur toi pour ne le dire à personne. Au début je me demandais si c’était honnête d’accepter ces récompenses, puis j’ai réalisé qu’avoir de l’argent pour la meute ne serait pas du luxe. T’as vu, ça nous sert déjà !

-Et on a combien pour l’instant ?

-Dans les 5000 euros.

-QUOI ?!?!

-Chut, tu vas réveiller Arisa… Ah bein trop tard.

Mimiko regarda la louve qui les fixait en tirant la langue.

-Ca va aller vous deux ? Demanda Mimiko, plus à Asuka qu’à Arisa en fait, puisque celle-ci était un peu le centre du problème.

-Il faudra bien, soupira Asuka en faisant tourner les clefs dans ses mains. Et toi, ça va d’avoir séché tous ces cours ?

-Je prétexterais un horrible mal au ventre, et comme d’habitude, une infirmerie fermée. Je suis pas allée vérifier, mais je suis prête à parier 5000 euros là-dessus.

Asuka secoua la tête avec désespoir et Mimiko lui tira la langue avant de se lever.

-Bon, bein, vous entredévorez pas et si t’as un souci demain, n’hésites pas à m’appeler.

-Yep, a plus.

-A plus !

La brune referma la porte d’entrée derrière elle et Asuka se retrouva seule avec la louve.

-Je suis même pas sûre de désirer que tu reprennes ton apparence humaine, lui déclara t’elle sachant qu’elle trouvait plus que flippante la Arisa qui courrait après les garçons.

Celle-ci répondit d’un grognement peu amène. Et n’avait, pour l’instant, pas l’intention de changer vu que son instinct lui soufflait que garder crocs et griffes étaient une bonne idée. Elle ne savait pas où elle était, mais à l’odeur qui émanait des lieux, elle supposait qu’il s’agissait du territoire d’Alec, mais à première vue, il ne s’y trouvait pas /dommage/. Comme pour se rassurer, elle abaissa sa truffe contre le canapé, là où l’odeur du mâle était imprégnée et observa avec suspicion les allées et venues de l’autre femelle dans la cuisine.

Asuka. Un membre de sa meute. Oui. Mais une femelle célibataire, et donc, en cet instant, une rivale.

Un grognement sourd de menaces à son encontre raisonna dans sa gorge. Tous les mâles de la meute lui appartenait à elle, que ce soit Kyogané ou Alec, et elle n’avait pas intérêt à s’en approcher.

La lynx sentit la menace et lui jeta un regard noir avant de lever les yeux et de continuer à préparer le repas.

Moui, ça valait mieux. Qu’elle reconnaisse sa place sinon…

Un nouveau grondement tinta dans sa gorge. Asuka était un adversaire qui pourrait être battu, avec un peu de mal quand même, par contre, il y avait une menace en la personne de la panthère. Celle-ci était très dominante, et très indépendante aussi. Elle serait un problème.

Si la louve et l’humaine en elle appréciaient toutes les deux Mimiko, elles détestaient par contre la panthère. Il était même difficile de se dire que Mimiko et la panthère faisaient parties d’une seule et même personne.

Naru ne serait pas dans la course, la louve dominait son chien sans qu’il y ait eu de bataille pour ça. C’était elle qui donnait les directives pour la chasse, et Naru suivait ses ordres.

Elle enfonça encore plus sa truffe dans le tissu et se retint de ne pas le mordiller.

Tout cela était compliqué pour la louve qui réagissait complètement par instinct, car comme l’avait souvent dit Kyogané, la meute n’était pas réellement formée. Il manquait l’Alpha autant mâle que femelle, et sans ce repère lumineux, ce cadre, c’était comme si la lutte pour ce poste était ouverte. Connaitre sa place dans le délicat réseau de dominance permettait aussi d’éviter cette sensation de conflit ouvert qu’elles ressentaient toutes en ce moment.

Même l’odeur de la nourriture ne parvint pas à la sortir de cette espèce d’état de tension, mais aussi d’abattement qu’elle ressentait.

Après tout, elle demandait juste un mâle, et c’était son droit de l’obtenir…   

Asuka posa près d’elle une assiette remplie de spaghetti à la bolognaise et un bol d’eau sur lesquels elle se jeta voracement, avant de se retourner brusquement, le museau tout tâché de rouge tomate artificiel, pour grogner férocement sur Asuka qui allait s’asseoir sur SON canapé et remonta dessus d’un bond pour l’empêcher de contaminer la délicieuse odeur du mâle avec la sienne.

Asuka fit un saut en arrière, surprise, sa propre assiette dans la main.

-OOOOkééé… Mon dieu mais c’est pire que quand une fille à ses règles…

*MON canapé a MOI. Mon odeur d’Alec a MOI !!!*

Avec un signe de bras de lassitude, Asuka repartit dans la cuisine en marmonnant des choses sur les fantastiques jours qu’elles allaient passer ensemble ici.

Arisa n’osa plus quitter son canapé de peur qu’on vienne le lui prendre. Elle continua à frotter sa joue contre la merveilleuse odeur tout en guettant le retour de celui à qui elle appartenait.

Alec semblait être un bon choix. C’était un changeur, même s’il n’était pas encore tout à fait stabilisé, et son odeur promettait force et puissance. En fait, elle ressemblait un peu à…

La louve redressa la tête, surprise, écoutant à peine Asuka passer dans le salon et lui dire qu’elle allait se doucher.

Elle allait avoir un mâle très bien sous la patte, mais elle réalisait à présent que ce n’était pas de lui qu’elle voulait. Une idée, qui, elle en était sure, venait de sa part humaine. Un autre changeur, un autre roux.

Mais il ne faisait pas parti de la meute. C’était embêtant.

Si elle décidait de former une paire avec lui, elle serait obligée de le suivre et de quitter sa meute.

Un grognement d’agacement confirma cette pensée et la louve se releva pour faire des allers retours nerveux sur le canapé qui commençait à être couvert de poil dorés.

Oui, c’était très embêtant.

**

Quand Asuka pénétra dans la chambre à coucher, elle regarda le grand lit d’un air las, la fatigue de la journée pesant sur ses épaules maintenant que la douche l’avait un peu détendue.

Elle n’aspirait qu’à oublier cette horrible journée et la louve qui se trouvait dans le salon. Avec un peu de chance, en se reveillant demain, elle réaliserait que ce n’était qu’un cauchemar et elle retrouverait sa Arisa habituelle, celle qui ne vous grognait pas dessus.

-Pff… Flemme de changer les draps. Je ferais ça demain… Marmonna t’elle en se laissant tomber sur le lit et en rampant à l’intérieur des couvertures.

Elle s’installa confortablement et éteignit la lumière.

Cependant, une fois dans le noir, elle se tortilla, gênée et rougissante au milieu des couvertures.

 

-…Ca sent Alec…

***

Quelques jours passèrent avant que Mimiko ne reçoive un coup de fil en provenance de l’appartement. C’était à présent Naru qui s’occupait de garder Arisa sous clef, mais son amie semblait avoir d’énormes problèmes.

Mimiko décida alors de sécher quelques heures d’allemand (bah après tout, ça tombait bien !) pour voler à son secours.

Quand Naru lui ouvrit, elle semblait à la fois furieuse, mais aussi effrayée, ce qui fit froncer les sourcils de la brune. Dans le salon elle pouvait entendre les grondements de la louve comme un moteur de moto qu’on faisait chauffer. Elle avisa aussi la morsure que Naru portait à l’épaule et se mit au diapason des sentiments électriques du lieu.

-C’est horrible, déclara Naru en refermant la porte derrière elle, je n’ai aucun contrôle sur Arisa. Elle avait pourtant reprise sa forme humaine, mais elle m’a bondit dessus quand j’ai refusé de lui donner les clefs.

-Et elle t’a mordue ?!? C’est pas horrible, c’est juste affreux de sa part !

-Pas fort, mais j’ai eu peur tout de même, tenta de relativiser Naru.

-C’est pas une raison… Asu a eu des soucis aussi ?

Naru fit la grimace :

-D’après ce qu’elle m’a dit, elle et Arisa ont gardés leurs distances durant les deux jours, se regardant en chien de faïence. A ce sujet, ne t’approches pas du canapé, pour une raison qui nous échappe, elle a décrété qu’il était à elle.

-Mais elle ne l’a pas attaquée elle !

-Non, mais je crois savoir pourquoi et c’est un gros problème. C’est même pire qu’un problème. Viens dans la chambre.

Les deux filles quittèrent le petit hall et Mimiko jeta un regard en coin à la louve qui se tenait presque tapie sur le canapé, l’air mauvais, comme si elle allait leur sauter dessus. Naru se tendit, mais Mimiko la fixa dans les yeux et la louve recula doucement sans cesser de gronder.

Elles la dépassèrent, pénétrèrent dans la chambre et refermèrent la porte derrière elles.

-Comme je le pensais, toi, elle ne t’attaque pas, soupira de soulagement Naru.

-Conflit de dominance ? Demanda Mimiko  qui avait sentit le défi et l’hésitation dans les yeux de la louve.

-Je le crains. Elle n’a pas attaqué Asu car elles savent toutes les deux qu’elles sont du même poids. Du coup elles ont préférée s’éviter… Moi… Moi, continua Naru avec une lueur rebelle dans le regard comme n’acceptant pas ce qu’elle allait dire, je suis clairement en dessous. Et du coup elle n’accepte pas que je lui donne des ordres.

-Mais enfin, ce n’est pas une raison ! Ca ne nous pose aucun problème d’habitude ces histoires de dominance !

-Oui mais là Arisa n’est clairement pas dans son état normal ! Elle a beau avoir une apparence humaine… C’est plus comme si la louve contrôlait son corps d’humaine ! C’est comme… Toi qui a des problèmes à contrôler ton corps de panthère.

Mimiko fit la moue, elle savait très bien que la plupart du temps, une fois transformée, elle perdait totalement conscience de son humanité, un peu comme si elle était atteinte de double personnalité alors que ses amies gardaient le plus souvent leur esprit d’humaine dans leur corps animal et avaient un meilleur contrôle.

-Oui mais qu’est ce qu’on peut faire ?

-Cela doit nous faire réaliser à quel point former véritablement une meute est à présent vital. Il nous faut un chef qui puisse nous contrôler quand on perd les pédales !

Cette idée ne plaisait pas beaucoup à Mimiko et Naru le sentit, aussi elle continua :

-Et là, il ne s’agit que d’Arisa, mais essaie d’imaginer un peu l’horreur que ça va être quand c’est TOI qu’il nous faudra maitriser !

-Oh pitié, ne me parle pas de ça, je prie tous les soirs pour être une exception à la règle, je ne supporterais pas de subir… un tel truc. C’est trop honteux zut… Et j’ai une réputation mince…

-L’Arisa humaine doit être en train de se dire la même chose, persiffla Naru. Et ta réputation, laisse moi rire…

-Oui bon… Quand même… Je préfère qu’on pense que je suis frigide plutôt que cuisse légère…

-Il n’empêche que je ne supporterais pas de me faire piétiner par chacune d’entre vous sous prétexte qu’on n’a pas de véritable meute !

-Mais ce que tu veux, c’est un alpha mâle… Et franchement avec ce que j’en ai vu des mâles changeurs, ça ne me donne pas envie. C’est quelqu’un en qui on doit avoir confiance car une fois alpha, qu’est ce qui l’empêcherait de nous faire exécuter la moindre de ses envies ? Hein ?! J’aurais bien voulu entendre ce que le Dr Aoba a pût vous dire au sujet de la façon dont les meutes règlent ce problème de chaleurs !

Naru évita son regard, touchée.

-Il n’a rien dit, mais moi je lui ai demandé après coup… Finit-elle par dire doucement.

-Et ?

-Si on avait été ajouté à une meute comme le voulait Kyogané au début… l’alpha nous aurait mis d’autorité en couple avec un mâle de la meute.

-Fantastique ! Railla Mimiko. La prochaine fois que le Dr Aoba a une bonne idée de ce genre, qu’il s’abstienne !

-Ne dis pas ça, il fait de son mieux pour nous aider ! Plaida Naru en se laissant tomber assise sur le lit. Rien ne l’y oblige après tout.

Mimiko ne répondit rien à cela. Elle se contenta de tourner la tête vers la fenêtre et de soupirer. Tous ces sujets frustrants lui donnaient encore plus envie de chasser…

-Et Alec… ? Proposa timidement Naru.

Mimiko passa une main nerveuse dans ses cheveux.

-Ecoutes, j’ai une assez bonne confiance en mon frère, mais aussi une assez bonne connaissance de ce qu’il est pour ne pas cautionner cette idée… C’est pas qu’il est bête ou violent… Mais il n’est pas raisonnable DU TOUT. Et à cause de ça il lui arrive de faire des choses stupides. Dangereuses pour lui ou pour les autres. Mais sans le vouloir, hein, et c’est peut être ça le pire. 

-Je comprends tes réticences… Mais, à part lui, qu’est ce qu’on a comme option ? Kyogané m’a dit que c’était impossible pour lui…

-Oui, c’est un herbivore.

-Ah ? Comment tu le sais ?

-Son comportement. Il n’est pas dominant pour deux sous.

-Bref, on est en panne de garçon là. Je ne parle même pas de Kyo parce qu’il nous a clairement fait comprendre qu’il ne voulait pas rentrer dans la meute…

-… Et je lui fais absolument pas confiance, ajouta Mimiko l’air de rien.

-Hum… Oui…

Un bruit de vitre cassée les coupa dans leur discussion et elles se regardèrent un bref instant, avant de foncer vers le salon.

**

Arisa refit un tour de canapé avant de fixer à nouveau la porte de la chambre avec fureur. Dire qu’elle s’était sentie à deux doigts de partir de cette prison. Naru n’aurait pas dû lui résister, elle aurait dû savoir où était sa place…grrr…

Nouveau tour de canapé.

Et voila que l’autre, la dernière personne qu’elle aurait voulu voir venait de rappliquer : La panthère. Pas moyen de se battre contre elle, c’était trop dangereux… Quoique sans effet de surprise elle arriverait peut être à la prendre à la gorge… Oui mais il y avait un peu trop de griffes au bout des pattes. Non, elle n’arriverait pas à l’obliger à se soumettre, pas avec son poids plume.

Elle n’en pouvait pourtant plus : elle étouffait ici ! Sans pouvoir sentir le vent contre sa peau, sa fraicheur depuis trois jours !

Si c’était ça la meute, autant rejoindre Kyo ! Lui au moins, il lui donnerait ce dont elle avait envie !

Comme c’était devenu une espèce d’idée fixe, elle avait passé de longues heures à réfléchir au moyen le plus sur de rejoindre l’appartement de ce dernier. Elle avait beau ignorer où elle se trouvait précisément, la porte-fenêtre du salon donnait sur le canal. 

Sentant que le moment était venu de prendre une décision, elle sauta souplement du canapé et tripotta de ses pattes avant l’ouverture de la porte fenêtre. Une fois celle-ci déverrouillée, la louve pesa de tout son poids sur la porte pour la faire coulisser et lui dégager une ouverture assez grande pour qu’elle puisse se faufiler.

Restait le souci du haut garde corps du balcon. Allant chercher une des chaises de jardin présente, elle la poussa jusqu’au lieu qui l’intéressait.

Toute a son idée de se carapater, la louve ne laissait aucune place à ses inquiétudes d’humaine au sujet de ce qu’elle s’apprêtait à faire.

Bah ! Ce n’était que le troisième étage après tout ! 

instinct animal 1

19 décembre 2013

Chapitre 8- partie 3

Vu le peu de bonne volonté qu’elle y mettait et la mauvaise influence que les phéromones d’une femelle avait sur d’autres femelles, Kyogané finit par sortir son fusil anesthésiant du coffre pour le passer à une Asuka qui le regarda avec de gros yeux hallucinés.

Oui, oui, c’était tout à fait normal de se balader avec un fusil dans son coffre…

L’adolescente ne dit rien vu leur situation, mais elle ne pouvait s’empêcher de regarder le docteur de travers.

Tirer sur Arisa ne fut pas une mince affaire, ses doigts tremblaient sur la gâchette de peur de mal viser et de lui faire mal. Finalement Naru le lui prit des mains et sans aucune émotion, et apparemment beaucoup moins de scrupule, tira sur la louve qui poussa un jappement d’étonnement.

Celle-ci commença alors à divaguer sur ses pattes comme un employé japonais sortant d’un bar et s’écroula dans un gros « POF », faisant s’envoler au passage un nuage de petites plumes sur le plancher de la chambre.

-Voila… Réglons cette affaire au plus vite, maugréa Naru en rendant l’arme à Asuka qui la prit en silence.

-OKééé… Tout est normal… Déclara t’elle cependant à elle-même en descendant rendre le fusil à Kyogané, avant de remonter aider la labrador à descendre le corps endormi de leur amie.

Elle connaissait l’adage « la fin justifiait les moyens », néanmoins elle trouvait qu’un peu d’humanité, dans leur nouveau monde de bête ne serait pas en option. Elle s’étonnait et s’inquiétait aussi du revirement de comportement de son amie : Naru avait été la plus angoissée au sujet de leur transformation en changeur, elle semblait alors vouloir que les choses changent le moins possible… Et voila que soudain elle se montrait calme et froidement déterminée comme si… Comme si elle avait pris une décision.

Alors qu’elles descendaient l’escalier avec leur chargement, lui donnant l’étrange impression qu’elles allaient cacher un cadavre, Asuka fixait le visage lisse de la chienne. Impossible de savoir à quoi elle pensait.

Elle poussa un profond soupir, soulevant quelques mèches de sa frange. Combien de situations ubuesques subiraient-elles encore avant la fin de la journée ? Combien de temps encore allaient-elles trimballer Arisa partout ???

Déposant le corps de la louve sur la banquette arrière, elle se trouva comme elle pût une place tandis que Naru montait à l’avant à côté du docteur. Ils démarrèrent et Asuka essaya vainement de se détendre. Elle poka le museau d’Arisa endormie en essayant de ne pas repenser à tout ce qu’elle avait encore appris de « sensationnel » sur sa nouvelle vie.

Elle savait déjà que ce soir, couchée dans son lit à chercher vainement le sommeil, elle se repasserait tout en boucle…

-Dis Naru, qui de nous deux la garde pour aujourd’hui et demain ?

-Toi. Il faut que je nettoie ma chambre avant que mes parents rentrent.

Asuka grimaça brièvement, elle aurait préféré les autres horaires.

-Il faut que j’aille chercher des affaires alors. Et de quoi réviser.

-Ta mère est chez toi, non ? Qu’est ce qu’elle va dire si elle te voit arriver alors que tu devrais être en cours ? Rétorqua Naru en se retournant vers elle.

-J’adore ma vie…

Se remettant droite, Naru esquissa un petit sourire à Kyogané et ils dirent quelque chose qu’Asuka n’entendit pas, avant de rigoler doucement.

Les yeux d’Asuka s’étrécirent un peu devant ce spectacle. Elle eut envie de remonter ses lunettes sur son nez, comme pour mieux y voir, mais son doigt rencontra du vide. Elle oubliait souvent qu’elle n’en portait plus.

Voyant que de toute évidence les deux personnes devant ne faisaient plus attention à elle, elle se carra contre la banquette arrière, croisant les bras et ne dit plus rien du voyage, tournant son profil contrarié vers la fenêtre aux verres fumés.

La morne rocade laissa place aux avenues bordées de platanes nus et de petits immeubles recouverts de briques rouges aux couleurs fanées par le temps et par l’hiver. Une fine pluie se mit alors à tomber, obligeant les passants emmitouflés à sortir leurs parapluies ou à marcher plus vite. Ils longèrent le canal gris acier doucement jusqu’à apercevoir Alec et Mimiko, assis sur des pylônes qui se levèrent alors et leurs firent signe. Kyogané tourna devant eux sur une route privée menant à un parking.

Pressée de sortir à l’air libre, Asuka se précipita hors de la voiture et pris une bouffée d’oxygène, puis elle fixa Mimiko et Alec qui avançaient vers eux, aussi curieux qu’elle aurait pût l’être si elle n’avait pas assistée aux derniers évènements au premier rang des spectateurs.

Kyogané sortit aussi rapidement de la voiture après un mot à Naru qui hocha de la tête. 

-Salut Asu !

-Ouais, salut Asuka ! Imita Alec avant de stopper, le nez froncé : tiens… Ca sent une drôle d’odeur…

Il chercha derrière l’épaule d’Asuka avant d’être épinglé par Kyogané qui s’empressa de l’éloigner :

-Venez par là jeune homme, il faut que nous ayons une discussion !

-Ouah ! Alors Alec peut sentir Arisa depuis cette distance, s’étonna Asuka.

-Kyogané dit que les changeurs y sont beaucoup plus sensibles que les humains ordinaires, lui appris Naru. Coucou Mi-chan. Prête à nous aider à monter Arisa ?

-Hein ? Pourquoi ?

-On a dû un peu… l’endormir… Lui appris Asuka en s’effaçant pour laisser la brune apercevoir le corps avachi du loup sur la banquette. 

Son regard s’obscurcit aussitôt :

-Oh… Génial… Ecoutez, si ce genre de truc m’arrive… Achevez-moi pour de vrai, d’accord ?

Naru leva les yeux au ciel et commença à tirer le corps endormi avant d’être rejointe par ses amies.

-Pauvre Arisa… Compatit Mimiko.

-Ouais bein tu dirais pas ça si elle avait mis ta chambre sans dessus dessous… Et mâcher l’une de tes plus belles tennis !

A trois, elles hissèrent le corps jusqu’à l’ascenseur et sortirent au troisième étage. Là, Mimiko lâcha un instant Arisa pour insérer une clef dans la serrure et ouvrir en grand la porte.

Le corps du loup fut placé sur le canapé en attendant son réveil.

-Bon je vais rejoindre Kyogané, il faut qu’il me ramène à la maison, fit Naru en se frottant les mains pour se débarrasser des poils qui s’y étaient collées.

-Et moi je fais comment ? Demanda Asuka d’une voix implorante.

-Demande à Mi.

Elles tournèrent la tête vers la brune qui haussa des épaules.

Naru partie, les deux filles décidèrent de s’installer sur la table du salon pour surveiller leur amie endormie.

-Tu l’as pas trouvé bizarre, Naru ? Attaqua presque aussitôt Asuka alors que Mimiko ouvrait une boite de cookie.

-Hum… Pour les minutes que je l’ai vu… J’aurais dû ?

-Bein, elle semble… Décidée et plus du tout hésitante… Tiens, t’as raison, passe moi un cookie, toute cette histoire m’a achevée…

Mimiko lui en tendit un avant de croquer dans le sien d’un air pensif.

-Je sais pas… C’est Naru. On a toutes plus ou moins tendance à nous reposer sur elle. Enfin, surtout moi, je crois. Mais c’est parce que j’étais toujours à côté d’elle au collège. Je crois que du coup, c’est devenue naturel pour elle de nous soutenir. Elle prend le contrôle des choses, c’est mieux de toute façon que de se laisser porter et de subir tout le temps.

-Mouais… Enfin là on subit quand même…

-Je m’en veux de l’avoir mêlée à toute cette histoire… Après tout c’est ma faute si elle a été contaminée…

-Arrêtes Mi ! Avec ce genre de discours je pourrais tout aussi bien dire que c’est la faute à Naru si je suis devenue changeuse ! Ce qui est fait est fait !

Mimiko piocha un nouveau gâteau avec un petit sourire contrit.

-En tout cas, heureusement que le docteur Aoba est là, conclut-elle.

-Ouais bein le docteur, parlons-en, sans compter du fait qu’il a des choses bizarres dans son coffre, il est devenu le mot préféré de Naru. « Kyogané » par ci, « Kyogané » par là… Tu devrais voir comme elle le regarde ! Je te le dis, ya anguille sous roche ! Prédit Asuka en tapant du poing sur la table.

-Tu voudrais dire qu’elle pourrait être tombée amoureuse ? S’étonna Mimiko. Bah… Pourquoi pas. Il y a pire qu’être amoureuse d’un jeune docteur qui est en plus déjà changeur !

-Vu comme ça… Il y a quand même une sacrée différence d’âge à mon avis. Ca m’étonnerait pas qu’il ait 10 ans de plus qu’elle ! En plus, on ne sait TOUJOURS PAS en quoi il se transforme celui là ! Comment peut-on savoir si c’est quelqu’un de bien sans avoir vu son animal ?

-Asu, tu es juste une grooooossse curieuse.

Celle-ci prit un air innocent qui lui allait aussi bien qu’une minerve à une girafe. Mimiko leva les yeux au ciel et détailla un instant le sac de cours d’Asuka ainsi que son manteau.

-Vous avez laissé les affaires d’Arisa chez Naru ?

Asuka suivit son regard, puis, alors que les mots atteignaient son cerveau, son visage se décomposa pour figurer un immense « MERDE » :

-Elles sont encore au lycée !!!!

***

-Bon… Elles ont encore disparue sans rien nous dire… Affirma Isaka en tournant autour de la chaise vide d’Arisa, là où se trouvait encore son sac à dos et son manteau.

-C’est vraiment pas sympa de leur part de nous exclure comme ça, en convint Shinobu, assise sur la chaise d’à côté.

C’était la pause de midi et ni Asuka, ni Naru n’étaient rentrées. Elles étaient allées à l’infirmerie demander des nouvelles d’Arisa mais les personnes présentes leur avait assurée n’avoir vu personne de la matinée.

-Devant tous ces mystères à résoudre, il ne nous reste qu’une chose à faire, Watson ! C’est enquêter sur cette curieuse affaire et découvrir ce qu’elles nous cachent ! Fit Isaka en s’immobilisant soudain, le doigt en l’air. Et pour ça ! La première chose à faire c’est de chercher des indices.

Le doigt s’abaissa alors sur le sac.

-Arisa n’aimerait surement pas qu’on fouille ses affaires.

-Les absents ont toujours tord.

La petite brune pouvait avoir réponse à tout quand il s’agissait de trouver des réponses à ses questions, surtout lorsque son joli petit nez sentait derrière les évènements une odeur de testostérone. Il se trouvait qu’en plus, dû à l’hiver et au mauvais temps qui donnait à chacun la goutte au nez et un teint de cadavre, chacun était en manque de potins et de cancans frais à se mettre sous la dent.

-Tu es sure de toi ? S’enquit Shinobu qui ne pouvait s’empêcher d’avoir des scrupules.

-Attends, Arisa est inhabituellement déchainée et quand elle croit qu’on ne la voit pas, elle pousse des soupirs à fendre l’âme en regardant son téléphone portable ! Si ça c’est pas une preuve !

-Hum… Oui… Et puis il y a les nombreuses fois où elle a découchée… Ajouta malicieusement Shinobu.

-Non… Tu ne crois pas que… si ? Déjà ? S’exclama Isaka qui s’efforçait d’avoir l’air choqué mais qui semblait au contraire extatique.

-On dit que les filles qui l’ont fait… Bein elles attirent plus les mecs. Ce serait une histoire de phéromone… Et tu as vu comme moi ce qui s’est passé ce matin !

-Ca pour avoir vu ! J’ai vu ! Et ça ne s’effacera pas de mémoire. Notre Arisa, notre petite Arisa qui regardait à peine les mecs, qui les qualifiait d’un vague « bof » désabusé… Est devenue une graaannnde fille !

Les deux jeunes filles s’esclaffèrent au dessus du sac.

Quand elles eurent finies de glousser tout leur saoul, Isaka se décida à relever ses manches, pure expression bien sure, et à ouvrir le sac. Pour avoir couramment espionné au dessus de son épaule, elles savaient qu’elles ne trouveraient rien dans ses cahiers ou son agenda. Même une Arisa-grande-fille ne semblait pas du genre à gribouiller des petits cœurs dans ses marges avec le nom de l’élu à l’intérieur. Du coup, il ne restait plus que le téléphone portable.

-TADAM ! Fit Isaka en l’arrachant d’une poche de manteau, après avoir été tenu en échec par le sac à dos.

Heureusement pour elles, il était ouvert. Elles auraient été bien embêtées s’il leur avait fallu un code.

-Booon voyooonnns ce que nous avons là… Commença-t-elle en faisant défiler les textos.

Les deux filles en furent cependant pour leurs frais car aucun message amoureux ou de garçon ne s’y trouvait.

-C’est bizarre…

-Essaie le journal d’appel, proposa Shinobu au-dessus de son épaule.

-Yep, good idea Watson !

Là, déjà, il y avait un contenu bien plus intéressant.

-« Kyo » ? Ca te dit quelque chose Shin ? On a un type qui s’appelle Kyo au lycée ?

-Ca me dit rien… Mais elle a appelé ce garçon un sacré nombre de fois… Par contre lui…

Effectivement, il n’y avait pas une seule trace d’appel de sa part.

-C’est bizarre… Soupira Isaka en se laissant glisser sur la table, déçu de n’avoir rien de plus probant pour comprendre le comportement erratique de ses amies.

-Peut-être qu’il n’est pas du lycée ? Peut-être que c’est une racaille ?

-Ou alors c’est un homme marié et il ne peut pas l’appeler car sinon sa femme le saurait !

-Mais oui, tout s’explique… Et si elle est si malheureuse c’est qu’il refuse de divorcer avec sa femme…

-Si il faut… A cette heure elle a peut-être fuguée avec lui en Ecosse pour se marier… Et Asuka et Naru lui servent de demoiselle d’honneur !

-C’est pas sympa de ne pas nous avoir invité ! Mais pourquoi l’Ecosse ?

-Tu sais, comme dans Orgueil et Préjugés, quand Lydia s’enfuit avec Mr Wickam.   

-Ah oui...

Les deux jeunes filles restèrent pensives un moment et la sonnerie de reprise des cours retentit.

-Bon… Quand on arrêtera de dire des bêtises, on trouvera peut-être une hypothèse moins tirée par les cheveux…

-Mais où elles soooonnntttt ?!?!????

***

1 octobre 2013

Lieux importants: Toulouse

Dans Instinct Animal, il y a deux lieux principaux à l'intrigue: Toulouse et la Forêt de Bouconne. 

Jetons donc un petit coup d'oeil sur les habitants de Toulouse et les lieux importants:

Toulouse

Concernant Whisper et Fujin, pas encore apparut, il s'agit en réalité des appartements de leur famille complète. 

-Hopital de Purpan

C'est là que Mimiko a été envoyée aprés s'être fait mordre dans le premier chapitre. C'est donc là où Kyogané fait son internat. 

-Appartement de Kyogané

appart kyoganeKyogané vit dans un trois pièces aux environs direct du centre-ville. Il a le métro non loin et aussi le bus qui lui permet de rejoindre l'hopital même s'il préfère prendre sa voiture. 

C'est une zone remplie de commerce non loin du lycée où étudies Mimiko et Alec. 

Kyogané paie son loyer tout seul puisqu'il a rompu tous liens avec ses parents (habitants au Japon) quand il est devenu changeur. 

 

 

 

 

-Lycée A

C'est le lycée de Mimiko et d'Alec. Situé pas loin du centre ville, il est à une sortie de métro et est relié à Colomiers par une gare.

-La Tête de Tigre

Situé en plein centre ville, dans le quartier d'Esquirol, sa devanture (avec une tête de tigre) à l'air d'un restaurant chinois abandonné, mais à l'interieur se trouve un bar/café/auberge/restaurant/salle de spectacle réservés aux changeurs. C'est là que joue les membres du groupe de la Meute de Bouconne. 

-Dojo

C'est le dojo d'arts martiaux où travaille Kyo en tant que professeur. 

-Appartement de Kyo

appart kyoSitué dans le beau quartier de Roseraie, c'est un petit studio d'une pièce et d'une salle de bain. Originellement c'est son ancien clan qui devait lui payer le loyer, mais tenant à son indépendance (et suite à une dispute), il le paie lui même, ce qui explique les dimensions un peu réduite.

 Il n'en est pas moins proche du métro et de commerces, ce qui fait qu'il se déplace facilement sans voiture. 

 

 

 

 

 

 

Appartement de Alec

appart alecDeux pièces avec cuisine séparée et salle de bain en bord de canal et juste à côté du Jardin Japonais dans le quartier de Compans Caffarelli. Alec est plutôt bien lotti, surtout que c'est son père qui lui paie absolument tout.

On comprend donc pourquoi Mimiko squatte souvent chez lui aprés ses soirées de chasse. 

Le métro n'est pas trés loin, mais Alec doit quand même mettre au moins 20mn a ralier son lycée car il a un changement de ligne à faire. 

 

 

 

 

 

Appartement de Whisper

appart whisperWhisper et sa mère vivent dans un ensemble d'immeuble dans le quartier de Bagatelle. C'est un deux pièces (avec une seule chambre donc) avec cuisine à l'américaine et salle de bain. 

Whisper déteste cet endroit, c'est pourquoi il y passe le moins de temps possible et ne réfléchira pas à deux fois avant d'aménager dans le manoir de Bouconne. Au moins là bas, il a une chambre pour lui tout seul. 

Avant le manoir, on le trouvait dans le centre ville, dans les cyber cafés, une boutique de tatouage/piercing dont le propriétaire est un ami ou à la Tête de Tigre. 

Et quelques rares fois, au collège aussi. Ca lui arrivait. 

 

Appartement de Fujin

appart fujinFujin vit lui dans les beaux quartiers avec ses parents adoptif. Ils ont un T4 dans une résidence situé pas loin du Museum d'Histoire Naturelle. 

Allant dans le collège de son quartier, il n'a pas besoin de faire d'énormes déplacements et fréquente peu le centre-ville. Sinon il se fait véhiculer par sa mère ou son père. 

 

 

 

 

 

Appartement de Heero

appart heeroJuste au dessus du métro des Arènes, un petit T2 au dernier étage avec cuisine à l'américaine et salle de bain. Sa fenêtre donne sur les voix férrées et non sur le lycée de Mimiko. 

Il y a donc le métro, mais aussi le train à côté, ce qui pour l'éternel voyageur qu'est Heero, est parfait. Il paie lui même son loyer et a deux doubles de clefs. Mimiko en a une, Naru possède l'autre. Vu qu'il est souvent absent, c'est l'une, puis l'autre qui passaient faire un peu de ménage, aérer, voire alimenter les placards et nourir le chat. 

Contrairement aux autres changeurs, Heero habitera durant toute la "première partie" dans son appartement car il a été refusé dans la Meute et est donc interdit de Bouconne. 

 

 

Voila pour le moment, j'en ai même dit plus que là où en est l'histoire. Je rajouterais sûrement des lieux par la suite. 

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