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Instinct Animal

24 novembre 2009

Partie 1

Chapitre 5 : Les Autres

Novembre était arrivé et les feuilles des arbres étaient presque toutes tombées, arrachée par des bourrasques froides sur fond de ciel d’acier. Arisa lança un soupir. La moindre chose portée par le vent l’attirait plus que son devoir maison de physique. Assise à une table du CDI avec Asuka et Naru, seulement occupé de quelques élèves qui discutaient ou travaillaient, elle jouait distraitement avec son stylo, le regard perdu en direction des fenêtres.

Le loup avait envie de sortir s’amuser. Et elle sentait que sa partie humaine le désirait presque autant. Elle tourna la tête vers ses deux amies et leur lança un regard rempli d’innocence :

-Et si on allait se balader ?

-On a du travail à finir, répliqua Asuka qui était elle aussi plongée dans des exercices impliquant des chiffres associés à des symboles bizarres et farfelus.

-Alllezzzzz ! Insista Arisa en lançant son regard de chien battu. Juste histoire de se dégourdir les jambes !

-Les « jambes » ou les « pattes » ? Demanda Naru d’un ton soupçonneux.

Naru sentait aussi un peu la peur et la colère. Arisa s’aperçut alors qu’elle massait machinalement le bandage qu’elle portait à la main depuis bientôt 2 semaines et demie. Elle retira presque aussitôt la main en grinçant les dents.

Arisa savait qu’elle n’aimait pas ces histoires de transformation, qu’elle trouvait ça dangereux et complètement insensé. Elle pensait que « Mimiko et elle devrait arrêter de se transformer et chercher s’il existe un quelconque vaccin, comme pour la rage ».

Elle n’avait guère apprécié la comparaison par ailleurs. Et il lui semblait impensable, maintenant qu’elle y avait goutée, d’abandonner cet incroyable sentiment de force et de liberté totale. Naru ne savait pas ce que c’était. Elle n’avait jamais courue dans la fraîcheur nocturne où tout était plus beau, où l’air pétillait d’odeur exquise, où la lumière se diffusait presque de façon mélodieuse et ténue, caressant la surface de toute chose en silence et en douceur.

Lui ôter tout ça, ce serait comme lui mettre une muselière avant de l’enfermer dans une cage d’où elle ne pourrait voir la lune qu’à travers d’épais barreaux.

Le loup en elle grogna à cette idée et menaça Naru de l’intérieur. Extérieurement, Arisa s’était redressée, levait le menton et un son presque inaudible sortit du fond de sa gorge. Elle avait encore du mal à contrôler ça… Mais c’était toujours mieux que Mimiko qui ronronnait quand elle était contente.

Si, si, véridique.

D’ailleurs la panthère était en retard.

-Fait attention Arisa, ya ta queue qui est sortie, lança Asuka d’un coup d’œil vers le manteau de la louve qui, posée sur le dossier de la chaise, laissait apparaitre un pinceau de poil clair.  .

-OH PUTAIN DE BORDEL DE MERDE ! Lâcha la jeune fille en se retenant de ne pas se lever et ainsi montrer à tout le monde, l’appendice qui n’avait pas lieu d’être.

Evidemment, le seul jour où elle avait décidé de mettre une jupe… Mais bon, ça lui permettait de mettre aussi ces superbes bottes qu’elle s’était achetée

-Tu devrais faire plus attention, la réprimanda Naru alors qu’elle essayait tant bien que mal de faire disparaitre cet attribut canin.

Ca aussi, ça arrivait de temps en temps. Lorsque le loup cherchait à sortir et que l’humain résistait, elles se transformaient à moitié. Leurs cordes vocales pour les ronronnements et les grognements, parfois leurs oreilles, parfois leurs yeux… Mais bon, cela restait généralement discret quoiqu’un peu déroutant.

La queue disparut, Arisa sentit alors l’odeur caractéristique, forte et encore un peu écœurante pour elle, de Mimiko envahir la pièce.

-Un problème ? Lança cette dernière, encore emmitouflée dans un gros manteau beige.

-C’est réglé, expliqua Arisa. Viens t’asseoir !

La brune ne se le fit pas dire deux fois et pris place autour de la table, regardant d’un air dégoutés les exercices de physique.

-… Je vois que vous vous amusez bien…

-On t’attendait, expliqua Asuka en fermant son cahier. Alors ?

Mimiko avait dû se présenter à un interrogatoire de police ce matin, tout comme ses amies qui avaient été convoquée tout le long de la semaine.

-Ca y est, l’affaire est bouclée : ils ont conclu que les deux policiers avaient été tués par des bêtes sauvages. Par contre ils vont continuer à patrouiller dans le secteur… Soupira Mimiko avant de se tourner vers Arisa : Il va falloir trouver un nouveau territoire…

Arisa hocha la tête gravement.

-Je me sens mal tout de même pour ce pauvre policier qu’on a essayé de sauver… Sans succès… Commenta Naru en baissant tristement la tête.

-Tu as fait de ton mieux, temporisa Arisa en voyant que Mimiko et Asuka était gênée par ce sujet.

Naru fit un signe de la tête et recommença à se malaxer son bandage. S’en apercevant, Mimiko fronça les sourcils :

-Naru, tu as encore mal ? Demanda-t-elle, continuant à se sentir mal à ce sujet.

-Je sais pas pourquoi, mais ça m’élance… Ca me brûle… Ca a dû s’infecter avec toute la boue de ce jour là… Il faut dire que j’étais tellement inquiète pour le policier que j’ai même pas pensé à me bander ou à désinfecter…

-Ca brule, tu me dis… Ca m’inquiète, moi aussi ma morsure me brulait…

-Oui, mais moi j’ai pas été mordu, s’empressa d’ajouter la jeune fille, à présent anxieuse.

-On sait pas si c’est uniquement avec morsure, répliqua Arisa. En fait on sait rien du tout sur nous… Peut être que les griffures ont le même effet…

-Oh non… Oh non… Mimiko, dis moi que ce n’est pas vrai ! Je ne veux pas me transformer en bête féroce !

-Comme l’a dit Arisa, on en sait rien… Et puis on n’est pas des bêtes féroces !

Naru lui lança un air désabusé et réprobateur en guise de réponse.

-Cependant… Je viens de me souvenir de quelque chose… Continua Mimiko.

-Quoi ? Fit Arisa.

-Lorsque j’ai été mordu, on m’a emmené à l’hôpital et j’ai rencontré un médecin très gentil qui m’a dit de retourner le voir si ma blessure me brûlait… Quand ça a été mon cas, j’ai pas fait le rapprochement… Mais il m’a aussi demandé il me semble s’il ne s’était pas passé des choses bizarres… Je me demande s’il n’est pas au courant de quelque chose.

-Tu m’en as jamais parlé, réalisa Arisa.

-J’avais pas fait le rapprochement ! Et puis j’ai une mémoire sélective, que veux-tu !

-Ah ! Ce serait tellement bien si un médecin savait ce qui VOUS arrivez ! S’exclama Naru en insistant pour ne pas s’intégrer dans cette histoire.

-Hm… Oui… Mais je ne connais pas son nom… Avoua Mimiko, un peu piteuse. Mais ça peut peut être se trouver… A votre avis : est-ce que je peux utiliser un des ordis du CDI ?

-Je vais t’inscrire à mon nom, fit Arisa en se levant pour aller s’inscrire sur le cahier se trouvant au bureau des documentalistes, invoquant une hypothétique recherche sur le milieu hospitalier pour les cours de SVT.

Pendant ce temps là, Mimiko s’installa devant un ordinateur, entourée d’Asuka et de Naru entra sur Google le nom de l’hôpital. Elle chercha alors la liste des praticiens, regardant particulièrement leurs horaires, se souvenant que l’homme lui avait expliqué qu’il était de garde la nuit. Elle s’arrêta finalement sur un nom qui semblait correspondre.

-Le docteur Kyogane Aoba… Tiens, je n’avais pas réalisé qu’il était asiatique… Songea à voix haute la brune.

-C’est lui ? Demanda Naru.

-On dirait… Mais il n’y a pas de photo, alors je peux me tromper.

-Alors ? Tu pense qu’on devrait aller le voir ? La questionna Arisa qui s’était penchée sur son épaule.

-On ne perd rien à le faire, répondit Mimiko.

Elles se décidèrent alors sur une date et une heure pour rendre visite au mystérieux docteur, en espérant qu’il aurait des réponses à leurs questions.

Elles ne s’attendaient cependant pas à ce qu’elles allaient entendre.

***

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17 novembre 2009

Partie 3

***

Benoit, dit « Ben », franchit d’un bond les dernières broussailles les séparant des formes se cachant sous un grand arbre. Ses bottes, en atterrissant dans la boue, firent jaillir des gouttelettes brunes alors qu’il mettait prudemment en joue les trois créatures.

Il fut extrêmement surprit de découvrir trois jeunes filles de l’âge de son fils ainé, deux le regardant d’un air angoissé et terrifié et le visage de la dernière était cachée sous un rideau de longs cheveux blonds raides. Ses poings étaient crispés, tout comme chaque muscle de son corps, ce dont il pouvait se rendre compte avec facilité en raison de sa nudité totale, bien que grandement cachée par les bras et le corps de la jeune fille qui la protégeait.

Michel arriva alors et ouvrit deux grands yeux :

-Mais qu’est ce qu’il se passe ici ?! Qui êtes-vous ? Et pourquoi celle-là est à poil ???

Celle qui semblait la plus âgée, aux longs cheveux bouclés et frisés, se présenta alors d’un ton sifflant, ainsi que ses compagnes.

-Nous étions venu chercher notre amie qui avait disparue, ajouta rapidement celle qui s’appelait Asuka. Quand nous l’avons retrouvée, elle était dans cet état.

Michel, bien que toujours suspicieux, s’empressa de retirer son k-way pour le déposer sur les épaules de la blonde qui leur tournait toujours le dos, avant que le reste de l’équipe arrive.

Ce qui une fois arrivé, provoqua une série de questions et d’embrouillas que les deux hommes s’empressèrent d’éviter en s’éloignant un peu. Ils savaient effectivement que deux jeunes filles du coin avait disparut, et c’était une bonne nouvelle que l’une d’entre elle soit encore en vie. Mais les deux jeunes filles qui l’accompagnait rendait tout cela très suspect, même si celle aux courts cheveux châtains répondaient à toutes les questions sans se laisser trop impressionner. Il y avait quelque chose d’étrange derrière tout ça.

-Bon, en tout cas, elles n’ont plus rien à faire dans ce périmètre, raisonna le chef d’équipe. C’est beaucoup trop dangereux.

-Mais… Tenta Asuka.

-Non, je ne veux rien entendre ! Vous avez déjà violé les lois en entrant ici… (L’homme se tourna vers les deux hommes qui se tenaient un peu à l’écart) Benoit ! Michel ! Raccompagnez-les hors de la forêt !

Benoit fronça les sourcils, apparemment peu ravi d’avoir à jouer les baby-sitters. Il hocha de la tête à contrecœur avant de fusiller les jeunes filles du regard. Le reste de la troupe se remit en marche tandis qu’il se dirigeait vers Michel :

-Bordel ! C’est la chasse de ma vie et je suis obligé de rester en arrière !

Il donna un coup de pied dans un caillou.

Arisa se releva, à présent couverte du K-way, et se plaça devant lui, l’air menaçante.

-Ca vous plait à ce point là de tuer des créatures juste pour satisfaire votre plaisir ? Grogna-t-elle.

-Ca, ce ne serait pas arrivé si tu n’étais pas allé dans les bois ! Ma petite !

-On a le droit d’aller dans les bois, c’est des espaces publics ! Et je ne suis pas votre petite !

-Allons, allons, intervint Michel qui sentait que ça allait dégénérer, plus vite elles seront hors de cette forêt, plus vite tu pourras repartir chasser !

-Pas faux, lâcha Ben en décontractant sa mâchoire. Allons-y.

Il passa devant, restant attentif aux bruits et la mitraillette à la main. Les jeunes filles le suivirent, penaudes, tandis que Michel fermait la marche.

-Qu’est ce qu’on va faire maintenant ? Demanda doucement Asuka, la pluie couvrant sa voix. Ils risquent de trouver Mimiko avant nous ?

-On ne peut plus rien faire, répliqua Naru. La situation est déjà assez catastrophique comme ça…

Arisa percevait à peine la discussion : elle écoutait les bruits de la forêt et humait l’air. Si l’odeur des arbres et de l’humus était trop fort pour sentir autre chose, elle entendait cependant un bruit faible de branches qui se courbaient, laissant choir toutes les gouttelettes d’eau qui s’y étaient amassés. 

Son instinct lui disait que c’était elle.

Mimiko était en train de les suivre… Non… Mimiko les traquait.

Arisa se rapprocha de ses deux amies et leur pris le bras :

-Faites attention et restez prés de moi, Mimiko est pas très loin de nous.

-Hein ?!

Un craquement de branches lui apprit qu’elle était encore plus proche qu’elle se l’était imaginée et elle ne fut pas la seule à l’entendre car Ben s’immobilisa instantanément et braqua son arme dans une direction un chouilla trop à l’est.

-Il est là ! Siffla-t-il en direction de Michel qui vint se mettre devant les jeunes filles à ses côtés.

L’attaque eut alors lieu. Surgissant du haut d’un arbre, et non d’un buisson comme se l’était imaginé Ben, et un peu plus sur son côté gauche, une masse noire s’abattit sur Michel, l’attrapant au cou. Les jeunes filles s’écartèrent aussitôt en criant alors qu’il basculait vers l’arrière, incapable de se défendre. Il s’écroula dans la boue, l’animal toujours accroché à son épaule, ses canines accrochée dans sa chair, ses longues griffes aiguisée plantée dans son gilet pare-balle. Ben jura et tourna aussitôt son arme vers l’animal, qui, comme s’il avait deviné ce qui allait arriver, lâcha prise en entendant le bruit de la gâchette. Le tir le manqua.

-Putain, c’est pas un loup, c’est une panthère ! Hurla l’homme en essayant de suivre les mouvements souples et aérien de la bête qui semblait monté sur deux ressorts et prenait appui aux arbres, sautaient sur les branches avant d’atterrir sans difficulté, comme doté de deux suspension.

Il tirait dés qu’il le pouvait, ratant l’animal de quelques centimètres à chaque fois. Totalement concentré sur ses déplacements, il ne vit pas venir la louve qui lui sauta dessus et plongea ses crocs dans le bras qui tenait son arme, lui faisant tirer un coup dans son pied.

Ben hurla de douleur et tenta de faire lâcher l’animal roux sans succès. Impuissant, il vit l’autre bête fondre sur lui et refermer sa mâchoire sur sa gorge, teintant ses babines de son sang. Le corps de l’homme s’affaissa dans un dernier cri qui s’étrangla en gémissement.

Naru et Asuka se tenait prés de Michel qui avait perdu conscience, tenant fermement un morceau de manteau contre la plaie de son épaule qui saignait abondamment. Elles étaient tétanisées par le spectacle auquel elles venaient d’assister. C’était si horrible… Cet homme qu’elles venaient juste de rencontrer était mort. Tué par deux de leur amies.

Arisa lâcha sa prise quand elle sentit que le bras était devenu tout mou et s’assit, sa langue nettoyant le contour de sa gueule. La panthère refusa de faire de même et entreprit de tirer le cadavre avec elle. Arisa grogna sur elle et posa deux pattes sur le corps. Mimiko laissa alors le mort et vociféra de rage. Arisa ne se laissa pas démonter et retroussa ses babines.

Les deux jeunes filles ne comprenaient absolument pas ce qu’il se passait mais devinait qu’Arisa était en pleine discussion avec Mimiko. La panthère posa alors ses yeux dorés sur elles, ce qui les fit déglutir de peur. Il y avait dans ce regard une lueur de concupiscence qui les faisait trembler, surtout quand l’animal se plaça dans leur direction, jouant des épaules, en se léchant les babines.

Arisa se plaça aussitôt entre elles d’un saut, les oreilles complètement baissées, sa jolie queue touffue ébouriffée et grogna. La panthère eut l’air ennuyée et regarda à droite et à gauche, semblant humer l’air.   

Arisa se calma alors et s’assit à terre, la regardant profondément dans les yeux. Avant de se relever d’un air excité et de faire mine de se retourner vers Asuka et Naru, la queue battant l’air. Le fauve n’eut aucune réaction.

Alors Arisa reprit sa forme normale, accroupie par terre.

-Arisa ! Alors qu’est ce qui se passe ? Mimiko veut nous manger ??? S’exclama Asuka d’un ton hystérique.

-Bien sur que non, quelle idée… C’est le policier qu’elle veut tuer, répliqua Arisa sans quitter des yeux la panthère. Ces deux là l’avaient énervée en entrant dans son territoire, c’est pourquoi c’est eux qu’elle avait traqués.

-Ouais bein elle a déjà tué ce pauvre homme ! C’est une chance si l’autre ne meurt pas aussi !

-Ce « pauvre homme » comme tu dis n’aurait pas hésité une seconde à la tuer… Ce qu’il a fait d’ailleurs. Pardonne moi Asuka, mais là je suis d’accord avec Mimiko, c’est la loi de « tuer ou être tué » qui prédomine.

-On est pas dans la jungle Arisa ! C’est très grave ! Tu es coupable de complicité de meurtre !

-Ah oui ? C’est bizarre : moi je croyais que c’était un loup et une panthère qui l’avait tué ?

Asuka serra la mâchoire face au ton calme utilisé par Arisa.

-C’est pas le moment de se disputer ! Réagit Naru, ce policier risque de mourir s’il n’a pas accès à des soins rapidement ! Pourquoi Mimiko n’a pas encore reprit sa forme humaine ?!

-Si c’était aussi simple, elle l’aurait reprit depuis longtemps et ce, sans notre aide. Mais elle ne veut pas…

-Comment ça, elle veut pas ?! Qu’elle y mette un peu de bonne volonté !

-C’est pas vraiment ça, c’est que son instinct animal a pris le dessus sur sa pensée humaine. Actuellement, la panthère a presque bouffé tout ce qu’il y avait d’humain en elle : elle raisonne comme un animal et bientôt elle risque même d’oublier qu’elle a était Homme un jour… Si j’ai repris ma forme humaine, c’est pour lui donner l’exemple… Mais on dirait que le déclic n’est toujours pas là…

-Bien… Fit Naru.

Elle se leva et dépassa Arisa avec précaution.

-Attention ! Fit Arisa. Moi elle m’accepte parce que je fais partie de sa meute, mais je ne sais pas ce qu’il en est pour toi…

Naru s’accroupit à quelques mètres de la panthère qui s’était levée et piétinait nerveusement le sol trempé, regardant successivement l’humaine, la main tremblante qu’elle tendait dans sa direction avec lenteur, et derrière elle.

-Là… Gentille… Tout va bien, tu vois, c’est moi Naru… Ton amie…

A présent sa main était à quelques centimètres de la tête du fauve, et il lui aurait suffit d’un mouvement pour la lui arracher, mais à la place de cela, Mimiko feula et fit un saut en arrière en lui donnant un coup de griffes.

-Aïeee !!! Cria Naru en reculant précipitamment, tenant sa main qui arborait à présent quatre griffures ensanglantées.

Arisa s’empressa de repasser devant elle et grogna en direction du fauve qui à présent semblait très mal à l’aise et agité. Naru avait les larmes aux yeux et s’efforçait de ne pas crier de douleur, tenant sa main barbouillée de son sang et de celui du policier. Serrant les dents, elle choisit de refaire un essai et sous les yeux impressionné de Asuka et d’Arisa, recommença à avancer vers l’animal, sa main intacte devant elle.

Cette fois-ci elle gardait le regard fixé dans celui de la panthère et après s’être stoppée un instant, fut surprise de voir le grand félin, après plusieurs mouvements hésitants, s’approcher d’elle, renifler sa main et poser son museau dans le creux de celle-ci.

Cela dura un instant, car quelques secondes plus tard, ce n’était plus une truffe humide qu’elle sentait, mais la peau douce et dénudée de poil de Mimiko, qui tenait sa main contre sa joue, des larmes coulant de ses yeux.

-Oh Naru… Je suis désolée…

La jeune fille esquissa un sourire un peu tordu par la douleur, et retira son manteau pour le déposer sur le corps nu de son amie.

-Je suis contente que tu sois de retour parmi nous.

Et elle accueilli dans son giron la jeune fille qui explosa en pleurs.

La pluie qui continua à tomber jusqu’à la nuit étouffa le bruit de ses sanglots au fond de la forêt.

A suivre…

Black_Panther_by_Wild_Soul

Credit Photo

26 octobre 2009

Partie 2

***

La pluie s’était finalement mise à tomber. Arisa avait le nez couvert de boue à force de le trainer par terre, mais elle n’en avait cure pour l’instant. Derrière elle, suivaient comme elles le pouvaient, Naru et Asuka qui sur deux jambes, n’étaient pas aussi tout terrain que leur amie sous sa forme canine.

Après avoir fait un tour complet de la zone où Arisa avait eu l’habitude de se promener et s’être assuré à coups de truffe que Mimiko n’y avait pas remis les pieds, les jeunes filles et la louve avait grimpé vers le Nord/Est. Cependant, cela fut moins facile qu’elles ne l’avaient escomptée. La police cerclait chaque coin boisé du paysage, car la forêt n’était pas une seule étendue uniforme : les humains avaient déboisés pour construire des routes, des champs ou même des maisons, et les villes grignotaient petit à petit ces derniers vestiges de ce qui avait dû être une gigantesque et majestueuse forêt.

Il leur avait fallut ruser et être discrètes pour se faufiler à travers les mailles du filet, mais heureusement, ou malheureusement, l’averse qui dégringola sur leur tête en milieu d’après-midi, leur facilita l’infiltration des lieux gardés. Il était quatre heures cinquante quand elles rentrèrent dans la zone de forêt la plus au nord. Une ville se tenait derrière, il était donc improbable que Mimiko soit allé encore plus haut.

Les jeunes filles s’arrêtèrent, mendiant à l’animal une pause, s’installant dans un endroit relativement protégé par un arbre.

La louve fit demi-tour et s’assit sagement à côté d’elles sans rien dire.

-Et dire que normalement, c’est toi la moins sportive… Râla Asuka en cherchant de quoi gouter dans son sac.

Elle tendit une brioche à Naru et en posa une autre à côté d’Arisa qui se coucha et la prit dans ses pattes pour pouvoir s’en régaler.

-Il ne faut pas qu’on reste trop longtemps, rappela Naru. A cette heure là, on risque de rencontrer les chasseurs…

-Je sais… Mais on risque moins de choses à les croiser que Mi.

-Bon sang, toute cette histoire est vraiment… Soupira Naru en enfouissant sa tête dans ses mains. On se croirait dans la quatrième dimension…

-Une quatrième dimension très humide alors, ajouta Asuka d’un ton léger.

-Ca te fait rien toi ?!

-Si, si… Trop de choses nouvelles en trop peu de temps. Je crois que je n’ais simplement pas réalisé. Mais je pense aussi que ça sert à rien de se lamenter. Arisa et Mimiko sont comme ça et jusqu’à preuve du contraire, on ne peut rien y faire.

Arisa releva sa fine tête et fixa la jeune fille de ses beaux yeux verts, comme si elle cherchait à lui dire quelque chose. Prise d’un élan, Asuka passa sa main sous son menton et le lui gratouilla. La louve se laissa faire sans broncher.

Oui, c’était comme ça et il était trop tard pour arranger les choses.

Soudain, les oreilles du canidé s’orientèrent vers l’arrière et Arisa se redressa, grognant en direction des buissons. Ce ne fut que quelques minutes plus tard que l’ouïe humaine perçut de très faible bruit.

-Les chasseurs ! S’exclama avec angoisse Naru alors qu’Asuka s’était accroupie dans la boue prés de la louve, la retenant par le poitrail pour l’empêcher de bondir vers les hommes, tout crocs dehors.

-Qu’est ce qu’on fait, on s’enfuie et on les évite ?

Naru fronça les sourcils et se mit à réfléchir à toute allure :

-D’un autre côté, si on s’enfuit, ils vont croire qu’on a fait quelque chose de mal… Ou même nous tirer dessus en pensant abattre le loup…

-Mais si on reste là, ce n’est pas seulement nous, mais Arisa qui va être découverte ! Et comme c’est un loup, je doute qu’ils attendent nos explications avant de lui tirer dessus.

-Alors il faut qu’elle se retransforme.

-Mais elle serra NUE ! Répliqua Asuka avant d’être prise d’une inspiration soudaine : Mais oui, on a qu’à dire qu’on la retrouvée dans cet état, que le « loup » l’avait attaqué et qu’il lui a arraché ses vêtements !

La louve s’agita et s’ébroua dans ses bras, cherchant à montrer combien cette idée lui déplaisait, mais la jeune fille tint bon.

-Mais si, c’est la meilleure chose à faire pour le moment !

-Ils arrivent, annonça Naru en se tordant les mains, angoissée.

-Eh vous ! Fit un des hommes de têtes, Restez où vous êtes !

Rain_in_wolf_form_by_Brambleclaw4evr

Credit Photo

8 octobre 2009

Partie 1

Chapitre 4 : La traque

-Bon voyooonnns… Essayons d’agir de façon logique, annonça Asuka en tapotant sur le clavier d’un des antiques ordinateurs du CDI.

A côté d’elle Arisa avait du mal à rester en place et tournait nerveusement autour des tables couvertes d’ordinateurs installée en rond.

-Cherchons une carte, approuva Naru, assise sur une chaise.

C’était encore le matin. La réunion d’information pour les parents et les élèves n’était pas encore terminée, la bibliothèque était donc complètement déserte. Ce qui leur facilitait agréablement leurs recherches. De toute façon, les vautours de documentalistes (et après avoir vu Arisa se transformer, Asuka se demanda si ces vieilles femmes n’étaient pas aussi de la partie avec la façon dont elles avaient de tournoyer autour de leur victime avant de leur fendre dessus.) n’auraient pas supporté le va-et-vient incessant de la blonde.

-Voila j’ai trouvé une carte, fit Asuka en cliquant sur un lien qui fit apparaitre une carte du département.

Elle l’agrandie un peu pour se placer sur leur commune. Arisa se stabilisa alors enfin derrière elle, observant les zones boisées. Elle posa un doigt sur la partie la plus proche de leur ville :

-C’est là où Mimiko et moi on se promenait. Mais hier je suis sure qu’elle n’y était pas.

-Bon eh bien, si tu ne la sens pas quand on ira, on cherchera ailleurs.

Naru désigna alors une longue bande de verdure :

-C’est là où les gens t’ont entendu hurler. Tu devais être dans ce coin là.

-Alors c’est là où se trouvait les champs et le pré où a été découvert la vache morte, en conclut Arisa en montrant un vide.

-C’est vachement prés de la forêt de Bouconne ça, remarqua Asuka. Tu crois que c’est là qu’elle se serait dirigée ?

-Non. Pas si elle est comme moi. C’est une route très fréquentée qui passe par là, ça m’a aussitôt inquiétée et j’ai préférée aller vers là où je sentais la forêt plus proche, autrement dit vers l’ouest.

-Donc tu as visité tout le sud ouest… Et le Nord Est, vers Cornebarrieu et Mondonville ? Il y a des petits coins boisés par là.

-Non, trop crevée… Sur une carte ça parait toujours petit, mais quand on doit faire le chemin, on s’aperçoit des distances…  

-Alors je pense que c’est par là que nous devrions chercher. Elle a peut être tourné vers le nord au lieu de tourner vers l’ouest. Peut être pensait-elle pouvoir contourner la grande route par là.

-Oui… Comment allons-nous nous y prendre pour l’expédition ? Surtout que la police sera dans le coin ! Demanda Naru.

-J’ai entendu dire qu’ils ne partaient pas avant cinq heurs ce soir. Les loups sortent plus la nuit. On sera alors déjà dans la forêt, espéra Asuka en lançant une impression de la carte.

Elle récupéra la feuille de papier et éteignit l’ordinateur.

-Et pour le reste… Il y a quelqu’un chez toi Naru ?

-Oui, ma mère.

Asuka jeta un coup d’œil critique à ses chaussures :

-Bon ça devrait aller avec des tennis. Moi aussi d’ailleurs. Mais on va passer chez moi prendre un sac avec de quoi manger et boire.

-Attends, tu veux dire qu’il faut qu’on sèche les cours ???

-Ils commencent leur traque à

5h,

nous FINISSONS nos cours à tu vois d’autres solutions ? Argumenta Asuka. Ca ne me fait pas plus plaisir que toi, mais c’est un cas d’urgence. On se fera passer malade.

Naru se mordit la lèvre. On sentait que cette histoire ne lui plaisait, mais alors pas du tout du tout. Ainsi, jusqu’à chez Asuka, elle serra obstinément les dents, sans lâcher un mot.

C’est alors qu’Asuka fourrait plusieurs choses dans un gros sac à dos qu’elle reprit la parole :

-Tu as pensé à aller voir un médecin ?

-Dissection… Répondit aussitôt Arisa.

-Mais non…

-Mais si.

-Peut être qu’il a déjà vu des cas dans votre genre et qu’il sait comment le guérir ! Comme vous vous êtes faites mordre, peut être que vous avez attrapé un virus mutant de la rage…

Arisa fit une grimace, sceptique :

-Alors d’après toi, on est simplement… malade ?

L’ironie suintait trop de cette question pour que Naru prenne la peine d’y répondre.

-Bon c’est pas le sujet du jour, maugréa Asuka en enfilant son sac à dos. On en discutera lorsqu’on aura retrouvé Mimiko et qu’on sera au chaud en train de boire un bon café au lait.

-D’accord avec toi, fit Arisa en sortant la première.

Elles se dirigèrent vers le fond du quartier, là où commençait le bois. De gros nuages gris sombres se déplaçaient dans le ciel, n’annonçant rien de bon. Mais ce ne fut pas assez pour décourager les jeunes filles.

-Bon je porte le sac, Naru tu t’occupe de la carte et de nous orienter et Arisa…

-Moi je suis la trace, finit celle-ci en commençant à retirer son coupe vent.

***

Une trace… Une odeur différente…

Une masse noire passait de branches en branches dans la lumière terne du jour. La panthère noir stoppa sur une branche, se ramassant sur celle-ci, jouant des épaules, prête à bondir… Quand soudain…

L’odeur changea.

L’animal s’immobilisa, pareil à une statue, les pupilles se rétrécissant à l’extrême, ne devenant plus qu’un trait noir sur un iris d’or.

Ca sentait les Hommes.

Ses babines se retroussèrent, découvrant ses canines blanches et tranchantes. Ils étaient plusieurs à l’orée de la forêt, faisant craquer les feuilles mortes sous leurs bottes à chaque pas. Tout en bleu.

Quelque part, au fond de l’animal, une voix les reconnus.

*Des policiers.*

Ce mot semblait s’accompagner de peur et c’est ce qu’en retenu l’animal. Elle ne voulait pas les voir s’approcher de son territoire. Se redressant sans un bruit, la panthère lança un feulement d’avertissement avant de sauter sur une branche supérieure. Ce fut une bonne idée, car l’un des hommes qui avait entendu un drôle de bruit rentra prudemment dans le bois, mitraillette à la main, poussant du canon de celle-ci les branches basses, fouillant l’océan de verdure des yeux.

-Eh ! Qu’est ce que tu fais Ben ? Le capitaine avait dit qu’on ne devait pas encore rentrer ! Lança son duo en rentrant à son tour.

-J’ai cru entendre un bruit bizarre… Répondit le dénommé Ben.

-C’est pas étonnant, ya des bestioles partout ici… Mon territoire à moi c’est la ville, pas la forêt, pourquoi ils n’ont pas fait appel à des gardes forestiers ?

-Ils en avaient besoin pour ratisser Bouconne. Moi ça me pose pas de problème. Hé Michel, lança-t-il à son équipier qui retournait sur la route prés de leur fourgon : tu savais que quand j’étais petit, mon grand père m’amenait avec lui à la chasse !

Michel haussa des sourcils, apparemment, il n’en n’avait rien à faire et s’apprêtait à subir un long monologue. Effectivement Ben le suivit tout en continuant à parler :

-Je suis pressé de

17h,

tu verras, ce loup je l’abattrais avant n’importe lequel de ces chasseurs amateurs…

Mimiko tomba souplement là où s’était tenu l’homme quelques instants auparavant et feula dans sa direction avant de s’éloigner de la route.

Elle n’avait pas aimé du tout ce que l’Homme avait raconté et avait compris qu’ils tentaient de pénétrer dans son territoire… Et foi de Mimiko, elle n’allait pas les laisser faire !

8 octobre 2009

Promenons nous dans les bois...

Les lieux de l’action :

Tout ce qui est en vert clair est le bois où  est susceptible de se balader Mimiko.

Carte

Merci a Google Map.

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8 octobre 2009

Partie 4

***

-Ouuwwaa… Je veux plus jamais dormir à la belle étoile… Marmonna Arisa en baillant tout en se dirigeant vers son lycée, la tête bringuebalant d’un côté à l’autre de ses épaules, trop fatiguée pour arriver à la tenir longtemps droite.

Elle n’était pas repassée chez elle et songeait déjà à squatter les douches du gymnase en séchant sa première heure. Elle en profiterait aussi pour acheter de quoi se remplir l’estomac et faire une petite sieste au foyer…

Malheureusement pour elle, tous ces petits plans furent annulés quand elle fit irruption dans le hall du bâtiment, encombré par toute une foule. Des professeurs semblaient se tenir prés de l’un des gros blocs de bétons qui entouraient les larges poteaux jaune soutenant le plafond. La proviseur adjointe se trouvait sur ces derniers et semblait faire un discours dont elle attrapa une phrase au passage :

-… Inutile de s’inquiéter. Je compte sur vous pour rester chez vous la nuit…

-Qu’est ce qu’il se passe ici ? S’étonna-t-elle en regardant tout autour d’elle.

Elle attrapa au passage les yeux de Naru et d’Asuka qui se dirigèrent aussitôt vers elle, avec sur leurs visages une mine qui inquiétât énormément Arisa. Oh ça sentait pas bon du tout cette histoire…

En effet, sans prévenir, Naru l’avait agrippé par les bras et Arisa fit une grimace, retenant la bouffée d’agressivité que ce geste avait provoqué chez son elle « loup ».

*Calme toi, ne prends pas ça pour une agression… Ce n’est pas une agression…*

Malgré tout ses efforts pour se calmer, un son roc et sec grésillait au fond de sa gorge.

-ARISA ! Ou étais tu ? Nous étions tous fous d’inquiétudes !!! S’exclama Naru en la secouant légèrement. On a cru qu’il t’était arrivé quelque chose !

-Tes parents ont appelés tout le monde en voyant que tu ne rentrais pas, enchaina Asuka, après Mimiko, on pensait que toi aussi tu avais disparu… Vu que vous aviez tendance toutes les deux à trainer prés des bois… Il faut qu’on prévienne tout le monde que tu es rentrée !

-Oh oui, tes parents sont quelque part par là aussi !

-A… Attendez, tout ce monde, c’est à cause de moi et de Mimiko ?! Arriva à placer Arisa en se défaisant de la prise de la brune.

-Bein oui et non, après deux disparitions… On a pensait que tu as été aussi attaqué par le loup ! Expliqua Asuka.

-Moi ?! Attaqué par un loup ? Se moqua Arisa car pour elle, la louve, cela était effectivement très ironique, avant de continuer toujours sur le ton de la plaisanterie : Mais il n’y a pas de loups ici !

Ah ça, s’il y avait eu des loups, elle l’aurait su : ils lui auraient forcément répondu hier soir.

-Ce n’est pas marrant Arisa ! C’est sûrement ce qui est arrivé à Mimiko ! Répliqua Naru le visage sévère. Il y a vraiment des loups. Tout un quartier de Pibrac, de Brax et de Leguevin les ont entendus hurler hier soir !

-Hein ?!

-Oui ! D’ailleurs la police a prévu de faire une battue des bois avec un groupe de chasseur pour le débusquer, annonça Arisa.

-Oh… Merde… Ils m’ont entendu… Murmura Arisa, à présent atterrée. Qu’est ce que vais bien pouvoir faire…

-Il faut qu’on annonce à tout le monde que tu vas bien, lança Naru en s’apprêtant à tourner les talons.

Mais une prise de fer sur son pull la tint fermement sur place. De son autre main, Arisa s’empara du poignet d’Asuka et les tira toutes les deux vers un couloir de salles de classes.

-Non ne dites rien toutes les deux et suivez moi !

Les jeunes filles, interdites, n’eurent pas vraiment d’autres choix que coopérer. La blonde les fit entrer dans une des salles de cours où elle les libéra, avant de refermer la porte derrière elles.

-Qu’est ce qui se passe Arisa ? Fit Naru d’une voix à la fois agacée et inquiète.

-Mimiko est en danger et je ne sais pas comment faire pour la retrouver ! J’ai passé toute la nuit à fouiller les bois en vain ! Si ces chasseurs la trouvent avant moi, ils risquent de la tuer !

-Mais de quoi tu parles ? C’est pas les chasseurs le danger, c’est les loups ! Répliqua Naru. Et… Tu as passé toute la nuit dans la forêt ????

-Non, il n’y a pas de loups ! Réfuta Arisa. Hier ces cris c’était moi !

Elle eut droit à deux haussements de sourcils perplexes. Arisa se maudit intérieurement et souffla entre ses dents en se passant une main sur son visage. Les yeux des deux jeunes filles devant elle se tournèrent en direction de leur voisine, s’interrogeant mutuellement sur la santé mentale de leur amie. Asuka reprit finalement la parole :

-Euuuh… Donc tu vas dans les bois et tu t’amuse à hurler comme un loup ?

Arisa lui lança un regard noir.

-Bein écoute, c’est ce que tu viens de dire ! Tu es totalement incohérente dans tes propos.

-Bon j’ai compris, soupira Arisa. La vie de Mimiko est en danger alors je ne vois pas d’autres solutions…

-De quoi tu parles ?

-Mimiko et moi avons un secret, commença Arisa. C’est pour ça que ces temps-ci on passait beaucoup de temps ensemble.

-Un secret ? Répéta Asuka, sa curiosité piquée.

-Oui, il faut que vous juriez de ne jamais le dire à personne.

Asuka et Naru se concertèrent à nouveau d’un regard, avant de hocher la tête gravement. Arisa décida alors de se lancer :

-Je ne sais pas encore pourquoi, ni comment, si c’est normal ou même explicable scientifiquement mais… Depuis que toutes les deux nous avons été mordues par un chien complètement fou… Eh bien… On se transforme en animal.

-Quoi ?!

-Tu te moques de nous ?

-Non, sinon j’en ferais pas tout une histoire ! C’est pour ça que je vous ai dit que c’était moi qui hurlais. Je cherchais Mimiko sous ma forme de loup et… Sur le moment j’avais pas réalisé… Mais c’est vrai que c’était vraiment con de gueuler aussi fort…

-Tu… T’es un loup garou ? Lança Asuka.

-NON ! Mes transformations n’ont rien à voir avec la lune ! Quoique la première… Enfin, je sais pas… Je peux me changer à tout moment et même en fait… Je le suis toujours un peu…

-Comment ça ?

Arisa avisa le dossier de bois d’une chaise et s’y appuya, le serrant fortement. Il y eu bref bruit sec et tout un morceau du dossier lui resta dans la main.

Asuka et Naru la regardait à présent avec de gros yeux ronds et de plus en plus mal à l’aise.

-Kitsune m’avait dit que tu avais péter deux stylos hier… Mais je pensais pas que c’était à ce point, bégaya Asuka. C’est plutôt impressionnant…

-Et… Et Mimiko est comme toi ?

-Oui, au détail prés que elle, ce n’est pas un loup, c’est une panthère et qu’elle s’est transformée pour la première fois avant-hier et depuis… Elle est restée sous sa forme animale. Je ne sais pas trop si elle ne veut pas reprendre sa forme humaine ou si elle ne sait pas comment s’y prendre… Mais une chose est sur, il faut que je la retrouve. Et ceux avant les chasseurs ! C’est elle qui a tué la vache et ils risquent de croire qu’elle est son propre assassin… Mais de toute seule… Je me sens un peu perdue… J’aurais besoin de votre aide !

-Pourquoi tu n’irais as voir la police pour leur raconter tout ça ? Demanda faiblement Naru.

-Oui, PARFAITE IDEE ! Et puis après ils vont s’amuser à me disséquer pour voir comment un être humain normalement constitué peut se transformer en bébête toute poilu ! Répondit Arisa avec sarcasme.

L’inquiétude qu’elle ressentait pour Mimiko, le temps qui passait et la perspective des chasseurs rendaient Arisa de plus en plus hargneuse. Pourtant, quelque part elle comprenait Naru. Elle aussi, elle avait toujours été couarde et elle continuerait probablement à l’être, mais l’instinct et la meute l’empêchait de réfléchir clairement au danger.

-Si Mimiko est en danger, on va t’aider avec nos maigres moyens, tempéra Asuka. Mais avant ça… Tu peux te transformer, juste pour voir ?

-…

-Allleeeezzzz !!!

-D’accord mais n’ayez pas peur hein ? N’hurlez pas ou je ne sais quoi : je ne vous ferais pas de mal.

-Pas de problème ! Répondit Asuka, heureuse de pouvoir assouvir sa curiosité pendant que Naru faisait mine de pas s’y intéresser.

Elle fixa avec un grand sourire son amie.

-Euh…

-Oui ?

-Ca m’arrangerait si vous pouviez vous retourner le temps que euuuh… Je me déshabille… Marmonna Arisa, pleine de gêne.

-Oh oui ! Bien sur !

Les deux jeunes filles lui tournèrent le dos et la blonde commença à retirer ses vêtements là où les stores étaient tirés. Elle se souvint alors brusquement de la dernière fois où elle avait vue Mimiko. C’était dans cette même situation… La brune avait grogné d’agacement devant sa pudeur, mais Arisa savait que si elle avait été sous sa forme humaine, Mimiko en aurait plutôt sourit.

Et le sourire de Mimiko lui manquait.

… Elle ne laisserait pas ces chasseurs tourner un seul fusil dans sa direction… Si ça devait être le cas…

… Elle les tuerait. 

salle_de_classe

Credit photo

4 octobre 2009

Partie 3

***

Arisa fit un dernier geste pour dire au revoir à ses amies. Puis, au lieu de continuer sa route, resserra les bretelles de son sac à dos et se mit à courir dans la direction opposée. Cela aurait été plus rapide de galoper en tant qu’animal, mais elle était encore dans la ville… Il allait lui falloir se contenter de ses deux jambes et de son train d’escargot…

Pourtant… Pourtant l’air frais fouettait son visage, elle filait comme si elle était aussi légère qu’une plume et sans même se fatiguer. Les muscles de ses jambes lui répondaient comme ils n’avaient jamais répondus, la faisant bondir à chaque foulée beaucoup plus loin que d’habitude. Courir partout sous sa forme de loup l’avait musclée et elle ne s’en était même pas aperçue !

Mais à bien y réfléchir, il n’y avait pas que son endurance qui avait changé : ses cinq sens s’étaient développés et elle avait aussi gagné en force…

Elle s’arrêta devant le petit chemin où Mimiko et elle avait l’habitude de se promener et huma l’air. Il faisait presque totalement nuit, son téléphone vibrait de fureur dans la poche arrière de son sac et la température ne cessait de se rafraichir. Les odeurs ne lui apprirent rien de particulier, la trace de Mimiko était vieille.

S’enfonçant dans les herbes hautes, elle se dirigea vers les arbres tout en écoutant autour d’elle les bruits de la forêt. Un oiseau se posant sur une branche quelques mètres plus loin, arracha de l’écorce avec ses petites griffes. Un petit prédateur, peut être un renard, marchait avec précaution sur les feuilles mortes. Il devait sûrement être à la recherche du lièvre qui bondissait dans la plaine derrière. Un chien zigzaguait sur le chemin de terre qui la traversait.

Pas un son pouvant rappeler une immense bête noire…

Arisa rentra dans le bois et posa ses affaires dans son tronc habituel, éteignant son portable d’un geste vif et un peu agacé, bien qu’elle ne sut dire contre qui exactement elle l’était. Elle se déshabilla avec hâte, pressée d’éteindre ses incertitudes et enfila sa peau de loup.

S’ébrouant, la louve jeta un regard vers le ciel, triste de le découvrir entièrement caché par de sombres nuages. Point de lune à qui raconter ses tourments, point d’étoiles pour pleurer sa sœur disparue.

Elle avança dans les bois avec précaution, reniflant autour d’elle, cherchant avec acharnement la trace. Elle passa sa truffe sur chaque plante, sur chaque tronc se trouvant sur son passage. Plus d’une fois, elle fut déconcentrée par une odeur alléchante, la faim commençant à se faire sentir, mais elle se donnait des baffes mentales pour reprendre sa recherche. Puis n’y tenant plus, elle fendit sur la première musaraigne qui se tenait prés d’elle, espérant être bien caché sous ses feuilles. L’instinct avait précédé sa pensée, et un long moment, Arisa resta face à face avec le petit corps sans vie. D’un petit coup de patte elle s’en assura. Le rongeur ne broncha pas. Son cerveau était tenaillé entre la réaction humaine de dégout et la réaction animale d’envie. Cette chose était pleine de poil, ça ne devait vraiment pas être « agréable » d’en manger… Et puis sans couteau et sans fourchette, comment allait-elle faire ? Et puis c’était cru bordel…

Finalement, la louve affamée, perdue dans ses pensées, se fit piquer son repas par un renard qui le lui faucha sous ses yeux en un instant, tout en continuant à décamper.

Encore une fois le loup réagit bien avant Arisa et bondit sur ses quatre pattes en grognant pour corriger l’impudent. Cependant, le rouquin avait déjà disparut.

Arisa continua donc sa route et arriva pas loin du pré où la vache avait été tuée. Elle ne s’approcha pas car elle avait sentie l’odeur de deux gros chiens. Le fermier avait sans doute prit des précautions. La louve passa son chemin et rentra dans un nouveau morceau de forêt. Là où elle n’était encore jamais allée.

Elle commençait à être fatiguée et était déjà complètement découragée. En s’éloignant des sources de lumières, elle arrivait de moins en moins à voir son environnement. Les quelques animaux autour d’elle s’enfuyaient en sentant sa présence. Peut être que eux savaient où se trouvait la panthère ?

Une chouette passa au dessus d’elle dans un froissement d’aile.

Peut être pouvait-elle lancer un appel ?

Bien qu’elle ne l’eu jamais fait, une longue stridulation monta le long de sa gorge, tout naturellement, avant de se changer en un long et douloureux hurlement qui résonna autour d’elle. Ce son était magnifique… Elle ne s’était jamais crue capable de hurler aussi fort et aussi bien. Elle recommença parce que ça lui faisait du bien, puis encore et encore, évacuant sa colère, sa frustration et son chagrin.

Sans même se douter qu’à quelques mètres de là, les lumières s’allumaient dans les maisons du voisinage et  qu’en quelques instants, le commissariat local croula sous le nombre d’appel téléphonique mentionnant le mot : « loup ».

Lune

13 septembre 2009

Partie 2

***

Le jour fatalement levé. Une rencontre compromise. Le sang versé. Et un vent d’est qui se lève…

Arisa était extrêmement nerveuse quand elle dût se résoudre à se rendre en classe. Une nouvelle engueulade. Un nouveau mensonge. Et Mimiko qui avait disparue.

Mais il n’y avait pas que ça, tout ses sens lui indiquaient un danger, le moindre bruit la faisait sursauter, comme si elle avait l’impression d’être suivie/ Traquée   

Alors qu’elle s’était toujours plus ou moins sentie en sécurité, sure de sa force, elle se sentait soudain à découvert, comme si quelqu’un la tenait constamment en joue avec un fusil. Impossible de se concentrer dans de telles conditions.

Entre ses doigts, le plastique de son stylo Bic s’éclata.

*Oups !*

Elle ouvrit la main, laissant tomber de petits fragments sur sa table, ainsi que le stylo inutilisable et attrapa un crayon à papier qui ne tarda pas à suivre son exemple. Sa voisine de table, une jeune fille aux courts cheveux roux frisés la regardait avec des yeux ronds.

-Eh bien Arisa… Qu’est ce qu’ils t’ont fait ces pauvres crayons ? S’étonna doucement Kitsune.

-Rien, grogna Arisa qui abandonna sa prise de note pour essayer d’écouter le professeur, ses mains fermement plaquée sur ses cuisses, de peur de casser la table en deux.

Elle n’avait jamais cassée de tables en deux, mais aujourd’hui, elle avait l’intuition que ça ne lui serait pas bien difficile. Derrière elle, deux autres de ses amies la regardaient avec inquiétude : Shinobu et Isaka se penchèrent sur la table pour pouvoir lui murmurer sans être entendue.

-C’est parce que Mi a disparut et que tu es la dernière à l’avoir vue ? Demanda Isaka.

-Ce qui s’est passé hier soir, c’était pas une histoire de garçon ?

-BIEN SUR QUE NON ! CE N’ETAIT PAS UNE HISTOIRE DE GARCON ! EST-CE QUE J’AI L’AIR DE M’EMBARQUER DANS DES HISTOIRES DE GARCONS ?!?! S’exclama Arisa en se levant de sa chaise, comme électrocutée par les paroles de Shinobu, se tournant vers elle, les poings et dents serrées. Les yeux brillant d’une lumière verte, l’iris s’allongeant pour faire disparaitre toute la surface blanche de l’œil.

Une craie lui atterrit alors sur la tête, la replongeant dans la réalité. L’iris se rétracta aussitôt, tellement vite que pour un simple regard humain, le changement fut perçu comme une illusion d’optique, et elle tourna la tête vers son professeur qui la regardait d’un air désabusé, tapotant du pied d’impatience.

Elle fit une grimace, le loup en elle avait envie de gémir en s’aplatissant par terre, conscient d’avoir fait une bêtise.

-Désolé Monsieur…

-J’aimerais bien que ce genre d’interruption de mon cours n’ait plus lieu…

-Oui monsieur…

Arisa se rassit, penaude, retenant un soupir. Elle supportait mal cette attente… Elle avait envie de se mettre immédiatement à la recherche de son amie. Avec son flair, elle devrait pouvoir la retrouver dans ce minuscule petit bois… A condition qu’elle n’ait pas quitté ce dernier…

Mais elle ne savait même pas encore comment elle pourrait la retrouver… Ses parents avaient très mal pris son deuxième « découchage ». Ils l’avaient interdite de sortie pendant un mois et elle avait pour ordre de rentrer directement après le lycée.

*Un mois enfermé… Impossible !*

Elle ne pouvait pas désobéir à ses parents…

*Impossible avec un membre de la meute disparu… Peut être en danger…*

Mimiko ne l’avait pas écouté après tout, c’était sa faute ! La famille ça passait quand même avant les amies !

*La meute, c’est la famille.*

Bon sang non… C’était pas la même chose…

*Elle a besoin de mon aide, comme j’ai eu besoin de la sienne…*

…Quand elle s’était transformée la première fois sans avoir peur…

Soudain, c’était clair pour Arisa. Elle se souvenait du sentiment qu’elle avait ressenti, comme si en se transformant, on lui avait aussi enlevé un lourd fardeau des épaules. Elle s’était sentie si légère, si libre, le futur lointain n’avait plus eu aucune importance, seul comptait le présent et le futur proche. Sa famille… N’avait plus eu beaucoup d’importance non plus a ce moment là, c’était des Hommes. Ils n’étaient pas comme elle. Ou comme Mimiko. Et elle l’avait toujours su. Le loup l’avait toujours su a partir du moment où elle avait été mordu. A partir du moment où elle était devenue comme elle. Un Animal.

Si Mimiko n’avait pas été là, sous sa forme humaine, elle n’aurait vu alors aucune bonne raison de reprendre sa peau d’humaine et tout le poids qui allait avec.

Et Mimiko était perturbé par son humanité, Arisa l’avait vu pleurer. Elle était malheureuse en tant qu’humaine… Mais pas en tant qu’animal : ce qui devait la perturber ne devait pas avoir beaucoup d’importance pour une bête.

C’était pourquoi elle n’avait pas eu envie de reprendre son apparence humaine.

Arisa DEVAIT la retrouver.

Maintenant c’était une question de devoir envers un membre de la meute en difficulté… Les conséquences vis-à-vis de sa famille viendraient ensuite.

-EH !

Avant que la main de Kitsune ne se pose sur son épaule, Arisa se tourna vers elle :

-Quoi ?

-Bein t’as pas entendu la sonnerie ? C’est l’heure de manger !

-Ah… Oui… Fit Arisa en rangeant machinalement ses affaires.

Elle balança son sac dans son dos et suivit la jeune fille rousse dans les couloirs du lycée. Elle ne put s’empêcher de froncer légèrement du nez à la vue du passage encombré d’une cohue d’adolescents, qui, tel un fleuve à deux courants opposés, entrainaient ou bousculaient les choses qui cherchaient à y rentrer.

C’était dans ces moments là qu’on regrettait son odorat développé. Ce qu’elle sentait lui donnait parfois envie de gerber. Odeur de sueurs, de vieilles chaussettes, ou alors de déodorants ou de parfums… Ou d’autres choses qu’elle se refusait à identifier. Tout ça mélangé, c’était simplement infect.

Ensuite, depuis sa transformation, elle n’appréciait pas trop d’être touchée par des Hommes, quant à la foule, elle la détestait bien avant de se découvrir loup.

-Tu sais, les filles et moi se fait un peu de soucis pour toi ces derniers temps, lança Kitsune qui suivait le flot menant jusqu’à la queue du self. Bon d’accord, ça fait que quelques mois qu’on se connait mais tu as changé de comportement.

-Ah oui ? Répondit Arisa entre ses dents, qui ne l’écoutait que d’une seule oreille, trop occupée à bloquer sa respiration.

-Oui, avant tu étais toujours la première à sortir hors de la classe pour la pause de

midi

et tu as tout le temps l’air ailleurs… Je comprends que là tu t’inquiètes pour Mimiko si elle n’est pas rentrée chez elle de toute la nuit, mais tu as des soucis à part ça ?

-Hein ? Non. Non. Tout va très bien, c’est juste une période, ça va passer.

-Bon… Si tu le dis…

Elles étaient finalement arrivé au bout de la longue queue qui leur permettrait de rentrer dans le restaurant du lycée et Arisa leva les yeux vers la petite télé qui était allumé sur la chaine des informations.

Fronçant les yeux, elle crut voir apparaitre le nom de sa ville.

Se concentrant sur son ouïe qu’elle savait aussi excellente, elle tenta de faire abstraction de tout le vacarme que produisaient les lycéens pour entendre ce qui se disait.

Elle retint un petit glapissement en voyant le cadavre sanguinolent d’une vache passer devant l’objectif de la caméra. Suivi aussitôt par le propriétaire, un fermier du coin, qui témoignait l’avoir trouvé là en faisant sa tournée, intrigué par le fait que toutes ses vaches se soient recroquevillées dans un coin du champ, les yeux révulsés de terreur. La journaliste réapparut pour faire la conclusion du reportage :

-Vu le carnage dont a été témoin cette petite ville du sud de la France, peut on craindre la présence d’un loup ou même d’un ours prés de nos maisons ? C’est ce que vont vérifier…

-Eh ARISA ! T’es encore dans la lune ! S’exclama Kitsune.

-Hein quoi ?!

-Faut avancer, on bouche tout le monde !

-Ah oui, désolé…

-Franchement, t’es vraiment pas clair en ce moment…

Arisa ne faisait déjà plus attention à la jeune fille, regrettant de n’avoir pas pu entendre la fin du reportage. Cependant, ce qu’elle avait entendu avait suffit à lui faire comprendre l’urgence de la situation. Si elle ne faisait rien, les médias allaient découvrir leur existence ! Elle ne devait pas perdre de temps : elle partirait à la recherche de Mimiko au coucher du soleil.

eye_of_the_wolf_by_LoceImicaMornie

Credit photo

20 août 2009

Partie 1

Chapitre 3: Nuit sans lune

Un chant de coq retentit. Arisa ouvrit les yeux, surprise. Elle inspira profondément, se demandant comment elle avait réussit à s’endormir le museau dans cette courte fourrure noire qui sentait le fauve… C’était le cas de le dire.

Elle leva sa fine tête, fronçant du museau, observant les lieux machinalement : c’était un petit coin de bois humide où grouillait de la vie. N’étant pas encore bien réveillée, elle se campa sur ses pattes et s’ébroua pour disperser la rosée qui collait à ses poils, aspergeant les pauvres âmes qui se trouvaient dans son périmètre. Dont la panthère qui se réveilla de forte mauvaise humeur.

-Arisa ! Grogna Mimiko avant de chercher à continuer sa nuit.

C’est son prénom qui ramena Arisa à la réalité.

-Oh MERDE !!! Oh merdeuuuuuuuh !!!!

Sa partie humaine était en train de refaire surface avec force violence, lui donnant un mal de crâne pas possible.

-Quoi ?!

Mimiko se demanda si elle n’allait pas sauter sur une branche pour pouvoir avoir la paix. En même temps, si la louve continuait à hurler, ça ne changerait pas grand-chose.

-Eh bien Mimiko, tu ne t’en aperçois pas ??? On est le matin !

-Et alors ?

-Et alors on a passé toute la nuit ici !

-Ca je le sais bien.

-Mais nos parents, non ! Eclata Arisa qui se demandait si son amie faisait exprès d’être bête ou si sa transformation lui avait supprimé quelques neurones.

La réaction du félin la laissa un instant muette de stupeur : Mimiko se redressa sur ses pattes et retomba par terre de tout son poids, lui tournant le dos.

-On va se faire engueuler en rentrant. La deuxième fois pour moi… Continua avec humeur Arisa en s’approchant de la panthère. On dirait que ça te fait rien !

La panthère resta silencieuse un moment, avant de déclarer d’un mouvement de queue désinvolte :

-Tu as raison, ça me fait rien.

-Quoi ?! Glapit la louve. Non laisse tomber, je veux pas savoir, on doit juste retourner là où j’ai laissé mes vêtements et puis je me retransformerais et j’irais t’en chercher.

Puis poussant du museau la grosse masse noire :

-Allezzzzz debout !

Mimiko lui lança un regard excédé avant de bailler largement, montrant ses crocs blancs et lisses et de se lever avec une sensible mauvaise grâce. Elle consentit à suivre la louve en trottinant, cherchant tout de même au passage, quelque chose à se mettre sous la dent. La forêt n’étant guère grande, elles arrivèrent rapidement à l’arbre creux où la blonde cachait ses vêtements.

Le loup disparut en un instant, laissant place à une jeune fille nue qui s’empara prestement des habits pour s’habiller à la vitesse de l’éclair, non sans avoir d’abord demandé à la panthère de se retourner, ce que celle-ci fit en grommelant.

S’il y avait bien quelque chose qui ne changeait pas dans ses deux formes, c’était bien ses grognements, mais Arisa la trouvait d’humeur mauvaise sous sa forme animal. Franchement pas sympathique.

Elle lui avait grogné dessus plusieurs fois parce qu’elle chassait comme un chien fou et qu’elle faisait fuir toutes les proies en manquant de patience et en leur courant bêtement après.

*Et gnagnagna, comme si mademoiselle s’y connaissait mieux en chasse ! C’est quand même moi la plus expérimentée des deux !*

Une fois habillée, elle se tourna avec précaution vers le fauve :

-Bon, tu m’attends là, je reviens le plus vite possible !

Aussitôt dit, aussitôt fait, Arisa se mit à courir le long du chemin encore embrumé et Mimiko regarda un moment la silhouette s’éloigner, assise sur son arrière train. Elle huma l’air autour d’elle, décidant qu’elle n’aimait pas cet endroit. Trop d’odeurs d’Hommes

Et puis son ventre se mit à se manifester et elle oublia partiellement Arisa et le fait qu’elle devait rester assise. Et puis elle entendit un long meuglement.

Et là elle oublia instantanément tout.
A part qu’elle était un chasseur et qu’elle avait trouvé une proie.

12 mai 2009

Panthère et Leopard

panthere_noire_20_201Mimiko est une panthère noire, Alec est un léopard.
Famille : Felidae
Vit : Solitaire sauf durant la saison des amours (environ 15 jours par an)
Régime alimentaire : Carnivore.
Vitesse : vitesse de pointe de 60km/h.
Point fort : Très bon grimpeur, il peut hisser de grosses masses avec lui, est capable d’accélération foudroyante.

 

 

Certains léopards peuvent être noirs et sont alors appelés « panthères noires ». Il ne s'agit pas d'une sous-espèce distincte mais d'une variation liée à une mutation génétique appelée mélanisme : la fourrure conserve ses taches, mais celles-ci ne sont plus visibles dans le poil.

 

(Merci Wikipedia)

 

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