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Instinct Animal

12 mai 2009

Partie 4

C’était à l’heure du crépuscule, le vent soufflait fort, rabattant toutes les odeurs vers Arisa. Elle attendait son amie le long de leur chemin de promenade, se sentant pour une raison quelconque plutôt angoissée. Après tout, Mimiko avait juste dit qu’elle avait quelque chose à lui dire. Arisa sortit son téléphone portable et relut le texto pour la quatrième fois.

C’est alors qu’elle la sentit. Cette odeur forte et inquiétante qui la mettait en pelote. Elle ne savait pas ce que c’était, mais cela lui évoquait quelque chose de gros et de dangereux. Mais le pire, c’est que cette odeur, elle avait commencée à la sentir sur Mimiko. D’abord juste une faible fragrance qui lui avait fait penser que c’était l’odeur de ses chats, puis elle était devenue de plus en plus puissante et entêtante.

Mimiko apparut au point où elle savait qu’elle apparaitrait.

-Yo ! Fit Arisa en se levant de l’herbe, époussetant le derrière de son manteau.

-Salut. Désolé de t’avoir demandé de venir si tard.

-Bah, c’est pas grave, j’avais justement envie de me dégourdir les pattes. Alors qu’est ce que tu avais envie de me dire ?

Le vent souffla, rabattant leurs longues chevelures, pour l’une derrière, pour l’autre dans le visage. Mimiko s’empressa de réunir ses boucles dans son dos et bien qu’elle eu l’air pâle et fatiguée, elle se tourna pour faire face en vent.

-Je crois que ça pourra attendre que tu te sois dégourdit les pattes, on en parlera en partant.

-T’es sure ?

-Oui.

-Sure sure sure ?

-Mais oui.

Mimiko s’assit à son tour dans l’herbe pendant qu’Arisa se dirigeait vers les arbres pour prendre son autre forme. Elle ressortit rapidement en bondissant dans les hautes herbes et se roula par terre de bonheur. Sous ses yeux de loups, les étoiles étaient en train d’apparaitre dans le ciel. Puis elle se rappela de Mimiko et se dirigea vers elle pour se blottir contre elle. Sous sa forme humaine, elle avait toujours du mal à savoir quoi faire pour remonter le moral des personnes tristes, mais sous cette forme, elle savait qu’elle pouvait montrer qu’elle était là. Et Mimiko était sans aucun doute toujours triste depuis la dernière fois.

Arisa remarqua alors avec surprise que le bandage de la brune avait changé de côté. Mimiko la repoussa de la main :

-Argh… Arisa tu sens super fort aujourd’hui…

-C’est toi qui sens bizarre, aboya Arisa, étonnée de voir son amie froncer le nez.

Elle s’éloigna pour ne plus indisposer la jeune fille et partit chasser les bestioles vivant dans les herbes sous les yeux scrutateurs de cette dernière.

Elle ne comprit que trop tard ce que signifiait l’attitude de Mimiko. Et encore après, elle se trouvait bête de n’avoir pas remarqué qu’au moment où elle avait tourné la tête pour se concentrer sur une souris, les yeux de la brune avaient tourné au JAUNE.

Quoiqu’il en soit, le fait est, qu’au moment où elle sprintait pour attraper sa proie, une énorme chose noire la dépassa pour s’abattre sur celle-ci.

Arisa calla net.

Ses yeux s’écarquillèrent alors que, fouettée de plein fouet par l’odeur bizarre, elle observait le grand fauve noir qui l’observait calmement de ses deux yeux jaunes, la souris coincée sous une de ses grosses pattes.

Sur l’une des pattes antérieures se trouvait toujours un bandage blanc qui pendait, sur l’autre, un fin croissant de lune blanc se détachait sur la fourrure noire.

La louve ne tourna même pas la tête pour vérifier si Mimiko se trouvait à sa place, assise le long de la route. Elle savait qu’elle allait probablement y découvrir des bouts de vêtements lacérés.

Mais comment était-il possible que Mimiko se soit aussi transformée ?! Et en un tel monstre ?! Son regard se posa sur la marque blanche, identique à la sienne. Toutes les deux avaient la même marque à l’endroit où des chiens hors de contrôle les avaient mordues…

Mais elles n’étaient pas les seules personnes à s’être fait mordre par des chiens enragés et jusqu’ici, aucune de ses personnes ne semblait s’être plainte de transformation…

Oui mais elle avait tout de même réussie à retenir le loup pendant plus de cinq ans…

La panthère noire tourna sa fine tête vers le bois, faisant revenir l’attention d’Arisa vers elle. Mimiko lâcha sa proie qui resta sur place, tétanisée de peur et commença à se diriger vers les arbres d’un bons pas.

-Hey ! Mimiko ! Aboya Arisa en la suivant.

Un coup de queue dans la figure lui répondit.

-Mais Mimiko où tu vas ?!

La panthère augmenta la longueur de ses enjambées et Arisa dû trottiner pour se mettre à sa hauteur. Elles entrèrent dans le bois alors que dans la ville les lampadaires s’allumaient et les volets des maisons se refermaient. L’obscurité était définitivement tombée sur terre et dans un arbre un hibou faisait raisonner son hululement d’un arbre à un autre.

Arisa chercha à dépasser la panthère mais celle-ci tourna la tête et montra les crocs en vociférant :

- Laisse-moi tranquille !

-Mais…

D’un bond, Mimiko enfonça ses griffes dans un arbre et y grimpa sans difficulté, faisant s’enfuir une nuée de chauve-souris. Arisa ne pouvait que la surveiller d’en bas pendant qu’elle passait d’un arbre à un autre.

-Mimiko ! Tu t’es toi aussi transformée ! L’appela-t-elle alors que la panthère disparaissait derrière un épais feuillage.

La louve perdit alors sa trace et tourna en rond un instant, affolée. Elle faillit redevenir humaine de peur quand le grand félin tomba derrière elle comme une pierre, se réceptionnant cependant sur ses quatre pattes.

-Oui je sais, répondit Mimiko d’une voix lointaine.

-Tu n’as pas peur ?

-Pourquoi aurais-je peur ? C’est bien au contraire fantastique. Je me sens incroyablement… Libérée… Comme si les chaines qui entravaient mon corps et mon esprit venaient de se briser…

Le vent souffla, se brisant contre elles et la panthère huma profondément l’air remplie de nuances sauvages et nocturne. C’était l’air de la liberté. C’était tellement beau qu’elle avait envie d’en pleurer.

Sans crier garde, elle s’élança à nouveau droit devant elle, goutant avec délice les capacités de son nouveau corps. Arisa la suivait de prés, contaminée par la joie de son amie, laissant son côté humain et ses questions pour plus tard. Actuellement il faisait nuit, elle était libre et repue et elle avait une nouvelle camarade de jeux. 

Que demander de mieux ?

animal_fond_ecran_panthere_noire_02

Credit Photo    

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30 janvier 2009

Partie 3

-Tu es en retard ! Souffla Sumomo alors que Mimiko se laissait tomber sur sa chaise de tout son poids.

- Le prof n’est pas là, répliqua la jeune fille en sortant ses affaires.

-Il est parti faire des photocopies. Ca va mieux ton bras ?

-Ouais, je pense que je vais bientôt pouvoir virer le bandage.

-Tu n’as pas réussi à te réveiller ? Se moqua Sumomo, taquine.

Mimiko ne lui répondit pas.

Non. Elle s’était levée à la même heure que d’habitude. Elle avait juste attendu que sa mère parte au travail pour se faufiler dans son bureau.

Recherche veine, songea la jeune fille, apercevant à peine le prof revenir avec une pile de polycopié. Et inutile. Quoiqu’elle ait voulu trouver.

Sa mère n’avait certainement rien gardé… Et la poubelle venait d’être vidée. Avait-elle déjà quelques soupçons ?

Une feuille s’abattit sur son coin de table, une feuille blanche couverte de lignes noire et bleu, puis massacrée de rouge. Elle leva les yeux vers le professeur qui essayait d’attirer son attention, à moitié penché sur elle.

Un faible grognement s’échappa de sa gorge. Trop faible pour que l’homme l’intercepte, mais Mimiko l’entendait résonner dans son corps comme une corde de guitare. Colère/Danger. Pourquoi cet homme était il penché sur elle dans une posture dominatrice ? Elle n’aimait pas ça du tout.

Son bras se mit à l’élancer.

Le professeur récupéra la copie pour se tourner vers la classe en la brandissant telle une oriflamme :

-Voici exactement le genre de copie que je ne veux pas voir ! Le travail est bâclé et ne fait que répéter le cours ! Au niveau lycée, on attend plus de vous, on attend déjà une « réflexion » de votre part. Je sais que vous êtes en seconde, mais je vous rappelle que l’année prochaine, vous passerez la première partie du bac !

La pauvre copie innocente fut à nouveau abattue sur la table comme un agneau égorgé sur l’autel du savoir.

Mimiko serra les dents et récupéra sa copie, jetant à peine un coup d’œil sur le gros 5 qui ornait le coin droit de la feuille. Elle la lissa consciencieusement, pendant que Sumomo, à côté d’elle, se rongeait les sangs en se demandant quel serait sa propre note.

Génial, une joyeuse note à ramener à sa mère alors que c’était la fin du trimestre… L’ « histoire de l’Art » était le mal.

Une onde de douleur venant de son bras lui coupa alors le souffle. Ce n’était pas encore guéri apparemment…

Mimiko leva la main.

-Qu’il y a-t-il ? Demanda le professeur.

-Est-ce que je peux aller à l’infirmerie ?

-Oui vas-y. Tu as besoin de quelqu’un pour t’accompagner ?

-Non, ça ira.

Juste un antidouleur… Un petit antidouleur de rien du tout, pria t’elle intérieurement avant de frapper à la porte maudite de l’infirmerie.

Maudite oui, parce qu’il n’y avait jamais personne et cette fois-ci ne fut pas l’exception de la règle. Elle tourna la poignée : c’était fermé.

Deux solutions : attendre prés de la porte ou revenir en cours.

Attendre prés de la porte.

Elle s’assit sur les chaises mises à disposition dans le couloir et se tint le bras pour apaiser la douleur. Elle sentait fiévreuse tout d’un coup. Perdue dans ses pensées, elle se mit à somnoler.

Elle imagina plusieurs plans pour pouvoir retrouver Alec. Des plans stupides et impossibles pour la plupart à moins d’être Catwoman. Aaah comme ça serait bien d’être un chat… Un joli chat noir… Libre… Vivant au jour le jour… Et…

Elle fut brusquement réveillée par l’image d’un chien lui sautant dessus.

-AH !!! Mon dieu !!!

Mais il n’y avait personne dans le couloir, en tout cas, pas la trace d’un des dangereux molosses qui les avaient attaqués elle et Arisa, dans le Jardin des Plantes. De toute façon, Arisa les avaient tués.

Une sueur froide coulait le long de sa tempe, elle l’essuya d’un mouvement du bras. Elle ne se souvenait pas de s’être déjà sentie aussi mal… Comme si elle allait s’évanouir d’un moment à l’autre. Le monde tanguait devant ses yeux et sa gorge lui brulait.

Elle se releva et essaya d’aller aux toilettes qui se trouvaient au bout du couloir. Elle n’arrivait pas à marcher droit et dû se retenir de temps en temps au mur car elle perdait son équilibre.

Que se passait-il ?

Quelques pas de plus, ça y est…

Brutalement elle eut la nausée et s’empressa de vider le contenu de son estomac dans les toilettes.

*Berk… Je savais que les haricots de ce

midi

étaient suspects… Si seulement ils nous avaient servis de la viande correcte avec… Et pas ce poisson pourri…*

Elle sentait ses jambes sur le point de la lâcher mais préféra quitter la vision des toilettes pour se rincer la bouche dans le lavabo. Relevant la tête, elle aperçut son reflet dans le miroir.

Comme elle était pitoyable… Déjà qu’habituellement elle se trouvait plus ou moins affreuse, là, la chevelure noire désordonnée, les quelques boucles tombant sur le visage, le visage ayant perdu toute ses couleurs et son regard enfiévré, elle faisait carrément peur.

*Gééénial… Là je suis sure de faire fuir tous les gens que je croiserais… Je veux pas retourner en cours comme ça… Déjà que ce prof m’a humiliée… Après tout ce qui me tombe dessus en ce moment… Je déteste ce monde… Je déteste les gens… C’est injuste… J’en ai assez !*

La colère et l’injustice grondait au fond d’elle, puissant, secouant son esprit comme des lames de fonds, l’adrénaline la rendant nerveuse et tendue comme un arc. Puis soudain, une pure bouffée de violence s’empara d’elle et avant qu’elle ne comprenne quoique ce soit, son poing s’enfonça dans la glace du miroir, la faisant exploser en plusieurs petits éclats qui brillèrent de blanc et de rouge.

Elle haletait quand elle aperçut son propre sang couler le long du mur. Elle dégagea sa main et l’ouvrit doucement. Elle avait brisée cette glace avec tellement de facilité… Ne l’ayant jamais fait avant, elle se demandait si c’était normal… Le sang provenait des quelques morceaux qui s’étaient enfoncés dans ses doigts, mais sinon, elle ne ressentait presque aucune douleur.

L’adrénaline retombée, la surprise passée, Mimiko s’aperçu alors du massacre : Elle venait de casser une glace et son sang maculait le reste du miroir et du mur.

-Oh merde…

Elle tourna les robinets et fit couler de l’eau sur sa blessure. Heureusement, elle réussit à retirer les fragments de miroir sans trop de mal. Elle éclaboussa à grandes eaux le mur pour faire partir toute trace de son sang et commença à dérouler son bandage au bras gauche pour pouvoir en entourer sa main droite.

Définitivement estropiée. Mais son bras gauche ne lui faisait plus mal, comme si le fait d’avoir évacuer sa colère, avait aussi évacué le mal.

C’est au moment où elle enroulait la bande autour de sa main, qu’elle se figea.

Sur son bras gauche libéré, à l’emplacement de la morsure, il y avait une cicatrice.

Un fin croissant de lune.

broken_mirror_by_julilene

Crédit Peinture

26 janvier 2009

Partie 2

Le paysage avait bien changé : les feuilles étaient presque toutes tombées et un vent froid frappait les arbres et courbaient les herbes fauves de la prairie.

Parmi elles, Mimiko apercevaient de temps en temps des touffes de fourrures couleur miel. Assise sur le bord de la route, même la vision comique du loup sautant comme un cabri n’arrivait pas à lui arracher un sourire.

Elle songeait a quel point ce serait bien de ne plus se préoccuper de tous ses ennuis et d’aller courir dans les hautes herbes avec insouciance. Pour ça, elle enviait énormément Arisa. Ne plus penser au lycée, ne plus penser à l’avenir, ne plus penser aux contraintes familiales et suivre simplement les élans de son cœur…

Arisa passa devant elle, lui renifla le visage, interrogatrice, mais Mimiko était trop perdue dans ses pensées pour y faire attention. Elle partie courir de l’autre côté du chemin, là où il y avait un peu de forêt.

Il devait forcément y avoir une lettre… Alec ne serait pas rentré sans essayer de la contacter. Ou alors… Il n’en avait plus rien à faire d’elle ? Il fallait dire que sa mère lui en avait fait tellement baver. Peut être qu’il s’en fichait maintenant…

A cette pensée, Mimiko se recroquevilla encore plus. Il semblait faire plus froid d’un coup.

Se pouvait-il qu’elle éprouve encore des sentiments pour Alec ? Même en sachant que c’était à présent impossible ? Même en sachant que le même sang coulait dans leurs veines ?

-Idiote… Se lança-t-elle. Si ça se savait…

Mais on pouvait difficilement résister à Alec… Ca lui faisait au moins une excuse. Ils avaient beau être nés le même jour du même père, Alec avait toujours était l’incarnation de la beauté, chaleureux comme un soleil, quand Mimiko à côté avait hérité de la nuit et de l’obscurité.

Juste un mouton noir…

Elle fut déconcentrée de ses pensées moroses lorsqu’Arisa revint vers elle, toute joyeuse, bondissant plus que courant, quelque chose entre les crocs de sa gueule.

-ARISA !!! Hurla Mimiko, la stoppant sur place. Qu’as-tu fait ?!

La louve baissa les oreilles et déposa la carcasse du petit lapin qu’elle avait attrapée parce qu’il bondissait devant elle et qu’elle avait voulu en faire cadeau à Mimiko qui était triste.

Ah oui, mais Mimiko était humaine. Détail qu’elle oubliait souvent.

-C’est pas bien ! Pas bien du tout ! La gronda Mimiko. Pauvre lapin ! Qu’est ce qu’il t’a fait ?!?

-Il bondissait insolemment ! Il me narguait ! Tenta d’expliquer Arisa, ce qui évidemment se traduit sous forme d’aboiement.

Mimiko n’avait plus peur quand elle aboyait, Arisa lui avait expliqué que ce n’était pas ce qu’elle croyait, mais il était vrai que sous sa forme de loup, la communication était un gros problème. Et devoir expliquer tout après, sous sa forme humaine, ennuyait profondément Arisa.

Elle n’avait pas le même mode de pensée sous ses deux formes.

Par exemple, elle trouvait l’attitude de Mimiko très étrange. Pourquoi la grondait-elle ? C’était la première fois qu’elle réussissait à chasser. Elle s’y était essayée à plusieurs reprises, mais ce n’était vraiment pas facile.

La jeune fille était en ce moment même en train de chercher un moyen d’enterrer sa proie.

-Pfff… Je la retrouverais sans problème. Il me suffira de gratter un peu la terre, grommela Arisa tandis que Mimiko recouvrait le lapin de terre en creusant à même ses mains.

Arisa sentit alors l’humidité et le sel.

Des larmes dévalaient le long des joues de la brune avant de s’écraser à terre. Arisa fut aussitôt devant son amie. Celle-ci faisait de son mieux pour pleurer en silence, la tristesse déformant son visage.

-C’est à cause de moi et du lapin ?!? S’affola la louve.

La jeune fille passa les bras autour de son cou, enfouissant son visage dans la crinière dorée de l’animal.

Arisa gémit. Elle n’aimait pas du tout la voir dans cet état.

-Désolé Risa… Est-ce qu’on peut juste rester comme ça un peu ?

Les yeux verts de la louve fixèrent la longue chevelure bouclée de Mimiko, essayant de percer le mystère de ses larmes et des sanglots qui agitaient son corps. Mais elle ne comprenait pas.

Levant son fin museau lupin vers la nuit qui commençait à tomber, elle était soulagée que les loups ne puissent pas pleurer.

wolf_girl_sample

15 janvier 2009

Partie 1

Chapitre 2 : Virus

C’était une scène familière, un déjeuner comme un autre. Mais la tension de sa mère était visible. Mimiko inspira un bon coup, hésitant à se lancer.

Elle repoussa dans un coin de son assiette les haricots, éprouvant ces temps-ci plus d’attirance pour la viande. Elle pouvait désormais se servir à nouveau de ses deux mains. Il ne lui restait plus qu’un bandage au bras et les évènements d’il y a presque un mois lui paressait bien loin.

Il faut dire que quelques jours plus tard, la police avait retrouvé le chien dans un local à poubelle.

Dans un sale état à ce qu’on disait.

-Est-ce que, par hasard, tu aurais reçu une lettre… pour moi ? Lança Mimiko avec un faux désintéressement.

La bouche de sa mère frémit.

-Non. Rien.

Difficile de savoir si elle disait la vérité, Mimiko n’avait pas les clefs de la boite aux lettres et, comble du comble, ces temps-ci, sa mère ouvrait toutes ses lettres afin de vérifier si c’était oui ou non, nocif pour SON bien.

Mimiko sentit la colère refluer en elle et gémit presque aussitôt car sa blessure semblait se réveiller, la brûlant comme si un forgeron lui avait administré sur la peau du métal fondu.

D’accord, elle voulait bien croire que ce n’était pas facile pour sa mère, mais la faute en revenait tout entière à ex-mari et non à Alec.

-Papa m’a dit qu’Alec était en ville, expliqua le plus froidement possible la jeune fille.

Comme toujours, le prénom du fils de son ex-mari et de son amante de l’époque provoqua une salve de courroux chez sa mère.

-Evidemment que je le sais ! Ce n’est pas pour ça que je vais le laisser s’approcher de notre famille ! Quand je repense au fait que ton père l’ai fait passé toutes ces années pour votre COUSIN ! Et qu’il a la même date de naissance que toi !

Umiko avait musardé, évidemment.

Mimiko lança un regard tueur à sa jeune sœur qui avait le sourire du « devoir fait ».

-J’ai plus faim.

-Attends ! Tu n’as pas fini tes légumes !

Mimiko quitta la salle en claquant la porte derrière elle, s’apprêtant à monter s’enfermer dans sa chambre. C’est vrai, pendant de longues années, Mimiko avait cru qu’Alec était son cousin, ils avaient d’ailleurs passé tous leurs été ensemble. Il avait même été son amour d’enfance. Elle lui était très attachée. Et puis un jour, alors qu’elle s’apprêtait à rentrer en 5eme, sa mère avait tout découvert.

Elle ne l’avait plus revu, mais ils avaient tenu une correspondance importante… Jusqu’à ce que sa mère, encore une fois le découvre. Depuis 2 ans, c’était le silence radio.

Son demi-frère.

Elle s’arracha de ses pensées en recevant un texto d’Arisa.

« Balade ! »

C’était le loup qui parlait, songea Mimiko en riant.

Il y a une semaine, alors que le loup s’ennuyait dans leur petit espace de verdure, elle avait eu le tord de taquiner Risa-le-loup en déclarant qu’elle ressemblait à un croisement bâtard d’un loup et d’un chacal. Arisa n’avait pas appréciée et s’était mise au défi d’apparaitre devant un homme pour voir s’il avait peur ou non. C’était à l’origine une très mauvaise idée, mais alors qu’elles se promenaient sur le chemin de l’aussonnelle, tous les passants les prirent pour un chien et sa maitresse, ce qui en soit, énerva beaucoup plus Risa.

Mais maintenant, accompagnée de Mimiko, elle avait la possibilité de se dégourdir les pattes dans un terrain beaucoup plus grand.

-Quelle innocence, songea Mimiko en caressant du bout des doigts son bandage.

letter_by_jestesmojakokaina

Credit Photo

15 janvier 2009

Le Loup Rouge

Loup_Rouge

Arisa est en fait un loup rouge.

Famille : Canidé

Vit : En meute.

Régime alimentaire : Carnivore (mais il leur arrive de manger des fruits comme du raisin et des insectes en cas de famine.)

Vitesse : Environ

60 kilomètre

à l’heure.

Point fort : Bon coureur, bon nageur, excellent odorat (peut détecter un animal à

270 m

contre le vent), angle de vision à 250°, bonne audition (peut entendre des sons jusqu'à 40 kHz (20 kHz chez l'homme), il perçoit notamment d'autres loups hurler jusqu'à une distance de 6,4 à

9,6 km

.)

Le Loup rouge (Canis rufus), ou loup roux est le plus rare de tous les loups, car gravement menacé d'extinction. Il doit, bien sûr, son nom à la couleur du pelage et vit en Amérique du Nord.

Pendant des décennies, le loup rouge n'a pas été distingué génétiquement du loup gris ou du coyote. Il se distingue cependant du loup gris (qui présente souvent des nuances rougeâtres) par d'autres différences physiques : plus petit, plus léger, pattes plus fines. Il présente, d'autre part, la particularité de pouvoir se dresser sur ses pattes postérieures. Le loup rouge peut se reproduire avec ces deux espèces.

(Merci Wikipedia)

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15 janvier 2009

Partie 5

-Alors c’est ici, le « fameux endroit »…

Il était impressionnant de penser qu’à seulement quelques mètres se trouvaient les résidences qui bordaient la ville de ce côté. Dans cette petite forêt aux bois touffus, le terrain était si escarpé qu’Arisa se demandait bien ce que Mimiko pouvait faire ici.

Elles se trouvaient en haut d’une grande pente de terre à angle effrayant, en bas se trouvait un petit havre de verdure longeant une petite rivière, protégé de chaque côté par des rangés d’arbres qui entremellaient leurs feuillages de façon sauvage. Des petits papillons volaient et les oiseaux sifflaient gaiement, accompagnant le doux glougloutement de l’eau.

-C’est ici que je viens lorsque j’ai envie de méditer un peu… On peut facilement rejoindre le chemin de l’Aussonelle d’ici, mais rare sont les gens qui dévalent jusqu’ici, ce n’est pas assez bien entretenu, répondit Mimiko. C’est très agréable n’est ce pas ?

Arisa hocha la tête.

Le loup aimait bien.

-Tu peux descendre pour te transformer, moi je resterais en haut, comme ça, si jamais tu as envie de m’attaquer, j’aurais le temps de m’enfuir.

Elle disait cela, mais Arisa savait qu’elle n’y comptait pas trop. C’était juste histoire de la rassurer.

Se transformer… Arisa ne savait même pas si elle en était capable et avait attendue exprès que la lune commence à décroitre pour se prouver que non, elle n’était pas un loup-garou. Elle essaya aussi de se souvenir si ça lui avait fait mal la première fois… Mais elle se souvenait juste de l’impression douce et réconfortante d’avoir enfilée un manteau de fourrure.

Elle posa son sac de cours prés de Mimiko et commença à dévaler la pente.

On allait vers la fin de l’automne, pourtant cet endroit semblait subsister en printemps éternel. Cela allait au moins lui faire croire qu’il faisait chaud, songea t’elle en commençant à ôter son coupe-vent. Elle hésita un instant, puis retira aussi ses tennis.

Elle n’en avait pas prévue de rechange.

Ne sachant pas encore COMMENT se transformer, elle refusait de se retrouver toute nue pendant des heures, vulnérable malgré la protection de Mimiko.

Une fois cela fait, elle se trouva bête : que devait-elle faire ? Essayer de faire sortir son chakra en forçant sur son corps ?

*Eh ! Toi le loup, dis-moi comment faire !!!*

… Voila qu’elle se parlait à elle-même…

*J’ai froid…*

Le vent souffla, faisant s’envoler quelques feuilles des arbres, amenant avec lui des odeurs multiples et différentes. Elle ne s’était jamais rendu compte avant que le vent était un tel cocktail d’arôme. La pollution était la plus forte, due à la route qu’elle entendait vrombir au loin…

Alors qu’Arisa faisait cette découverte, elle s’aperçut qu’elle entendait comme elle n’avait jamais entendue avant. Elle n’y avait pas fait attention jusqu’ici mais elle était capable d’entendre le moindre mouvement des oiseaux dans les arbres. Au-delà, elle entendait Mimiko s’agiter et encore plus loin, derrière les arbres et d’autres arbres, elle entendait les Hommes fermer les portes dans leurs maisons…

C’était comme si les sens du loup ne l’avaient pas quittée lorsqu’elle s’était, sous le sentiment de la panique, retransformée en humaine.

Peut être était-elle capable de courir aussi vite… Peut être pouvait-elle voir dans le noir ? Mimiko lui avait dit qu’avant même qu’elle se transforme, elle avait vue ses yeux briller dans la nuit…  

Arisa ferma ses yeux et se détendit. Si la peur, la panique et le stress la faisait redevenir humaine, il fallait qu’elle oublie tout ça et qu’elle se concentre sur ce qu’elle était à l’origine.

Avant même d’être un être humain, elle était un loup.

Le doux manteau de fourrure vint la recouvrir, la réchauffer et la protéger.

En ouvrant les yeux, elle tomba de sa position debout pour se mettre à quatre pattes. Ses habits l’entouraient…

L’emprisonnaient…

Elle s’empressa d’essayer ses nouveaux crocs pour les réduire en charpie. Voila, c’était mieux. Elle s’étira l’échine longuement, faisant travailler ses muscles fins et athlétiques, ayant la conscience paisible de tout ce qui l’entourait.

L’Homme le plus proche était encore loin. Aucune chance qu’il l’aperçoive. Et aucun autre prédateur digne de ce nom, ne hantait ces bois. Aucune odeur qui marquerait la délimitation d’un territoire en tout cas… A part celle fade et presque inexistante des chiens qui se promenaient beaucoup plus haut.

Néanmoins… Elle avait réussie à redevenir loup !

Soudainement elle avait envie de donner la bonne nouvelle à Mimiko. Elle trottina jusqu’à la montée, apercevant la jeune fille tout en haut. Les yeux de celle-ci s’arrondirent et elle sembla se tendre comme la corde d’un arc.

Maintenant qu’Arisa était sous cette forme, elle s’apercevait à quel point ses craintes avaient été stupides… Jamais elle n’attaquerait Mimiko. Celle-ci n’était ni classifiée ennemi, ni proie. C’était… Un membre de la meute.

Elle poussa un aboiement amical à la jeune fille et commença à grimper la pente, la queue battant de joie. Pff, c’était si simple en tant que loup. Au fur et à mesure qu’elle montait, Mimiko commença à reculer petit à petit et son odeur était de plus en plus forte.

Sueur… Souffle chaud… Une odeur désagréable de chat… Mais plus que tout : une odeur de peur.

Pourquoi avait-elle peur ?

Arisa refit le tour des lieux mentalement : il n’y avait aucun danger dans le coin.

-Tout va bien ! Lança Arisa.

Ce qui fit retranscrit par un bref aboiement qui fit faire un sursaut de 1m à son amie.

Il devint évident, que c’était d’elle, qu’elle avait peur. Elle aurait peut être dû se détransformer avant de grimper cette fichu côte.

Que devait-elle faire pour faire comprendre à Mimiko qu’elle ne lui voulait aucun mal ?

Arisa prit alors la pose du « j’ai fait une bêtise, désolé » en se plaquant contre le sol, la queue entre les pattes, les yeux levés vers la jeun fille, les oreilles baissée. Un gémissement désappointé sortit de sa gorge.

Mimiko se détendit peu à peu et l’odeur de la peur se fit de moins en moins évidente, remplacée par la suspicion.

-Arisa ? Lança-t-elle en avançant doucement la main qui n’était pas immobilisée par l’attelle.

Arisa ne bougea pas, restant soigneusement immobile, attendant que la main de la jeune fille se pose sur le haut de son crâne. Mimiko lui adressa de petite caresse, soulagée et Arisa, toujours avec énormément d’attention, se releva et plongea ses beaux yeux verts dans le brun de ceux de l’humaine.

Evidemment, si elle avait voulue, il lui aurait été d’une facilité déconcertante d’arracher la main qui lui prodiguait ses douces et timides caresses. Elle savait donc, qu’il faudrait un certain temps avant que Mimiko la considère avec plus de légèreté sous sa forme de loup.

Elle savait qu’il lui faudrait aussi bientôt reprendre son apparence humaine et étrangement, cela ne la réjouissait guère. C’était comme si, en récupérant la parole, elle récupérait aussi le lourd fardeau que portait continuellement les Hommes.

Et s’il n’y avait pas eu Mimiko prés d’elle… Elle aurait peut être choisie d’ignorer l’évolution et de rester un animal.

C’était beaucoup plus simple… 

12loup_dans_le_soleil

Credit Photo

14 janvier 2009

Partie 4

- Tu ne peux pas savoir le mal que je me suis donnée pour pouvoir sortir de chez moi en douce, râla Mimiko pendant qu’Arisa enfilait ses habits.

Elles se trouvaient dans un îlot de verdure artificiel au milieu du parc, là où les gens passaient encore peu à cette heure. Il faisait humide et froid à l’intérieur et la terre gardait encore les traces d’un gros animal. Ces pattes longues et griffues tournaient autour d’Arisa, comme si l’animal s’était affolé et avait tourné sur lui-même plusieurs fois consécutive.

-Je suis désolé, j’aurais dû me souvenir que ton bras était blessé. J’imagine que ta mère ne voulait pas te laisser sortir…

-Oh, si c’était que ça… Non, c’est les journalistes qui zonent autour de la maison en attente d’un témoignage de ma part à rajouter sur leur navet. D’ici trois jours, je suis sure de passer sur les éditions régionales à la télé. Voire sur les nationales si une guerre n’éclate pas entre temps au Moyen-Orient…

-Ca n’a pas l’air de te réjouir…

-Voir mon horrible tête décoiffée à la télé ? Si au moins c’était pour quelque chose de plus glorieux que « je me suis fait attaquer par des chiens et j’en suis ressortie vivante. » !

-Vu comme ça, rigola Arisa en finissant d’ajuster un large haut de survêtement.

Mimiko se radoucie et, humidifiant un mouchoir, nettoya les traces rouges qui voisinait la bouche de son amie :

-Et puis qui d’autre que moi aurait pût t’aider ?

-Merci… Fit Arisa, son visage redevant grave et presque douloureux.

Mimiko en fit de même et s’accroupit prés de son amie.

-Qu’est-il arrivé à l’autre chien ?

Arisa frissonna et passa machinalement la main sur ses lèvres.

-Je ne veux pas me souvenir et CROIS MOI : tu ne veux pas savoir.

Elle passa ses bras autour de ses jambes, se tassant sur elle-même.

-Dans ce cas, murmura Mimiko, que t’est t’il arrivée ?

-J’en suis pas très sure, répondit Arisa en rentrent la tête dans ses épaules. Il vaut mieux sûrement que tu n’en sache rien aussi. Oui, ca vaut mieux…

-Qu’est ce que tu veux me cacher Risa… J’ai tout vu.

-Non, tu n’as rien vu… Tu ne SAIS rien…

-Tu t’es transformée en LOUP, Risa, l’informa Mimiko. Je t’aie vue.

-C’est bien ce qu’il me semblait, marmonna t’elle au bout d’un moment. Mais… Est-ce que c’est mal ? Je veux dire, Mi, tu as peur de moi maintenant ?

-Si j’avais peur de toi, je ne serais pas là. En fait… Je crois que c’était plutôt cool et puis tu m’as sauvée la vie en te transformant…

Arisa eut un sourire amer.

-Est-ce que tu te rends compte que je n’étais plus capable de raisonner ? De me contrôler ? S’il n’y avait pas eu le deuxième chien, peut être que c’est toi que j’aurais… Oh mon dieu… Oh mon dieu…

Arisa renversa sa tête sur ses genoux.

-Je n’ais pas de mot pour définir ça… Murmura-t-elle alors. Mais c’était un sentiment de puissance… De liberté… Incroyable… Je ne me souciais plus de rien. Le monde me paraissait étrangement simple et pourtant, je ne l’avais jamais vu aussi distinctement, aussi bien… La nuit était si belle, elle me donnait envie de…

Un son étouffé s’échappa de sa gorge, comme si elle retenait une vocalise.

-… De hurler mon plaisir, mon contentement, ma joie…

-Tu ne m’aurais pas attaquée, l’assura Mimiko.

-QU’EST-CE QUE TU EN SAIS !?!?

-Parce que tu serais restée. Tu ne serais pas partie à la poursuite de l’autre chien. Tu l’avais soumis. Tu n’avais pas de raison de le tuer. C’est la preuve que tes émotions humaines restent présentes en toi.

-…

-Mais c’était la première fois que ça t’arrivait ? La questionna Mimiko, cherchant à changer de sujet.

-Oui. Jusqu’ici, j’avais l’intuition que je pouvais mais je me suis toujours retenue… Là, je n’ai pas réussi à me contrôler… Ca me fait un peu peur…

-C’est peut être due à la pleine lune ?

-Attends… Là t’es en train de me comparer à un loup-garou ???

-Pourquoi pas ! Fit Mimiko. Il faudrait que tu essaies de voir si tu peux encore te transformer.

-QUOI ?!?! S’exclama Arisa, se relevant. J’ai peur que ça arrive, je ne vais donc pas le déclencher intentionnellement !!!

-Si tu veux le contrôler, il faut t’entrainer. Savoir comment ça marche. Et puis, mine de rien, ça a plutôt l’air de te plaire, non ?

-A toi aussi à l’évidence, grogna Arisa, les sourcils froncés. Et où tu veux que je m’entraine sans que quelqu’un m’aperçoive ?

Mimiko se leva à son tour, l’air ravi :

-Je connais l’endroit idéal, prés de chez moi. Je te montrerais !

-Non ! C’est trop dangereux pour toi ! Imagine que n’ayant pas d’autres chiens à poursuivre et à mettre en charpie, je me tourne vers toi ?!?!?

-Je me tiendrais à distance. De toute façon, tu as besoin de quelqu’un pour faire le guet.

-Ok, ok, céda Arisa, songeant qu’il était en effet temps qu’elle maitrise cet « autre elle » lupin et que la jeune fille ne semblait pas prête de céder sur cet affaire. Définitivement maso.

-Mais ça reste un secret entre toi et moi, hein ? T’en parle à PERSONNE d’autre !

-Pas de problème !

Les jeunes filles sortirent de leur cachette et prirent donc le chemin du retour, planifiant quand aurait lieu le premier « entrainement ».

-Au fait, tu vas te faire enguirlander par ta mère en rentrant, la prévint Mimiko quand elles sortirent du train, je lui ais dit que tu étais restée dormir chez une amie anonyme…

-… … … HEIIINNN ?!?!

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14 janvier 2009

Partie 3

Les gyrophares de l’ambulance et de la police peignirent des ombres rouges sur le visage de Mimiko. Elle essayait tant bien que mal de donner sa version des faits à un policier tandis que deux infirmiers l’attachaient sur un brancard.

 

Tout autour de la scène était tendue une ligne de démarcation et la police scientifique s’affairait prés du cadavre du chien noir.

 

-Donc c’est le deuxième chien qui a tué le premier, récapitula le policier, après que celui-ci vous ait mordu…

 

-C’est cela, mentit Mimiko.

 

-Mais pourquoi celui-ci est parti après l’avoir tué ?

 

-Je n’en sais rien, mais c’est une vaine car à l’heure qu’il est, je serais peut être morte…

 

Machinalement elle fit bouger son bras blessé, contente de sentir les effets de l’anesthésie.

 

-Et les vêtements déchirés que l’on a trouvé, ce sont les vôtres ?

 

Encore une fois, Mimiko hocha la tête et mentit.

 

Elle ne savait pas pourquoi elle faisait cela et alors qu’on faisait glisser le brancard dans l’ambulance, elle essaya de chasser l’étrange intuition qu’elle avait sur cette histoire.

 

Arisa était un loup-garou.

 

Elle laissa échapper un petit gloussement paniqué à cette conclusion fantaisiste et on ne peut plus irrationnelle.

 

Néanmoins, deux choses étaient sures : Arisa avait disparue et ce loup apparut de nulle part lui avait sauvé la vie.

 

Est-ce qu’elle allait bien ? Ou s’était elle enfuie ? Qu’est ce qu’elle ressentait en ce moment ? Etait-elle blessée ? Maintenant que Mimiko ne sentait plus son bras, elle ne pouvait s’empêcher de se faire du souci pour son amie. Ha, si seulement elle n’avait pas perdu ce fichu portable…

 

Le trajet de l’ambulance jusqu’à l’hôpital rajouta encore plus de questions. Sur les vêtements déchirés d’Arisa… Sur la marque de croissant de lune présente sur la patte du loup… Elle se souvenait aussi des pupilles vertes de l’animal… Iris qui brillait… Un loup plus petit qu’elle le pensait, ressemblant à un chacal… Mais trop gros pour en être un.

 

Le brancard quitta le véhicule et voyagea dans les couloirs de l’hôpital. Allongée, la jeune fille voyait les néons défiler. Il s’arrêta devant une porte et un médecin en sortit. Les infirmiers lui tendirent la feuille de soin avant de partir s’occuper de quelqu’un d’autre.

 

-Hum, fit le docteur, ça a juste l’air plus terrible que ça ne l’est…

 

Mimiko tourna la tête pour l’observer : il devait avoir dans la vingtaine, probablement un tout jeune médecin. Calme, les cheveux couleur poivre, il y avait dans ses yeux, dans sa voix et dans un geste quelque chose qui respirait la sagesse. Très étonnant d’ailleurs quand on considérait sa taille et sa carrure. Les mots « force douce » s’assemblèrent dans l’esprit de la jeune fille tandis qu’il l’aidait à se mettre en position assise.

 

Il défit le bandage et observa la plaie avec un murmure appréciateur.

 

-Vous êtes bonne pour porter une attelle pendant plusieurs jours, il faudra éviter de bouger votre muscle pour qu’il cicatrise et pour éviter de faire sauter les points de suture…

 

-Quels points de sutures ? Demanda-t-elle avant de regretter aussitôt sa question quand le docteur fit venir à lui un meuble contenant du désinfectant, des aiguilles et du fil.

 

-Les points de suture que je vais vous faire, répondit-il d’une voix douce et caressante.

 

Il avait probablement intercepté le regard d’horreur qu’elle avait lancée aux aiguilles.

 

-Vous ne sentirez rien grâce à l’anesthésie, je vous le jure, déclara t’il en commençant à nettoyer la plaie.

 

-Mais après ? Grommela Mimiko en détournant la tête.

 

-Vous aurez probablement des démangeaisons à cet endroit là au bout d’un moment. Mais il ne faudra surtout pas que vous grattiez.

 

Il avait commencé à coudre la blessure et comme annoncé, Mimiko ne le sentait même pas.

 

-Vous avez été vaccinée contre la rage ? Continua-t-il en fermant définitivement les deux lèvres de la plaie.

 

-Je ne crois pas, non.

 

-Les analyses de la police pourront dire si cet animal avait la rage ou pas, mais si vous voulez, on peut vérifier nous même en vous faisant une prise de sang.

 

-Ha ? Euuh je passe…

 

-Vous n’aimez pas les piqures ! Plaisanta l’homme.

 

-Incroyable déduction…

 

-J’ai terminé. Je vais vous passer une attelle à votre taille et après vous pourrez passer à l’accueil voir si vos parents sont arrivés.

 

Surprise, Mimiko s’évita un torticolis et regarda à nouveau devant elle et son bras. Elle ne put s’empêcher de grimacer.

 

Le docteur revint avec plusieurs attelles et chercha celle qui était le plus adaptée à ses bras.

 

-Au fait… Commença-t-il avec hésitation. Est-ce que ce chien avait quelque chose de bizarre ? De différent ? Une marque quelconque ? Un comportement étrange ?

 

-Il m’a sauté dessus sans raison, si ça c’est pas un comportement bizarre !

 

-Hum, répondit simplement l’homme en attachant sn bras. Si jamais vous ressentez une brûlure au niveau de votre plaie ou d’autres choses bizarres, n’hésitez pas à revenir me voir. Je suis presque tout le temps de service la nuit.

 

Il finit par laisser partir Mimiko qui retrouva ses parents et sa maison. Ceux-ci la prévinrent qu’il fallait s’attendre à ce qu’une flopée de journaliste vienne couvrir ce fait divers et déjà Mimiko imaginait la Une du journal de la ville « Deux chiens attaquent une innocente jeune fille dans un parc ! ».

 

-Pff… Je n’arrive pas à y croire… Gémit Mimiko.

 

Au même moment, le téléphone sonna et la brune décrocha.

 

C’était la mère d’Arisa.

 

-Pas rentrée ?

 

Il était une heure du matin, normale qu’elle s’inquiete…

 

Que devait-elle faire ? Devait-elle dire toute la vérité ou bien inventer ?

 

« Excusez moi madame, votre fille s’est transformée en loup pour me sauver la vie et a disparue. J’aurais bien essayé de la siffler pour la faire revenir, mais siffler je sais pas et j’étais en train de perdre tout mon sang… A part ça, ça va la famille ? Les enfants ? »

 

Non. Définitivement pas.

 

Il fallait aussi penser à ce que Arisa aurait voulu qu’elle dise. Elle ne voulait probablement que ses parents se fassent du mouron pour elle… Mais si jamais il lui était arrivé un souci ?

 

Ca pouvait attendre le lendemain, songea Mimiko.

 

-Elle m’a dit avant qu’on se sépare qu’elle allait dormir chez une amie… Laquelle ? Je l’ignore… Désolé… Oui… Au revoir…

 

Mimiko raccrocha le téléphone.

 

Et c’est la conscience lourde qu’elle monta se coucher. Elle eut d’ailleurs un mal de chien, c’était le cas de le dire, à s’endormir.

 

« La pleine lune » Disait toujours sa mère dans ces cas là.

 

Quelques heures plus tard, le matin, elle fut réveillée part sa mère qui lui tendit le combiné du téléphone.

 

- Pour toi, lui indiqua-t-elle.

 

-Raaaloooo ??? Marmonna Mimiko, dans le cirage.

 

-Mimiko ? C’est moi ! Fit une voix qu’elle appréciait d’entendre et qui la réveilla sur le coup, tel un électrochoc.

 

-ARISA !!! Mon dieu ! Comment est ce que tu vas ? Où tu es ?

 

-J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle pour toi, commença Arisa. La bonne c’est que j’ai retrouvé ton portable et que je téléphone avec. La mauvaise c’est que tu dois venir le plus vite possible m’apporter des vêtements. Et quand je dis le plus vite, c’est vraiment à la vitesse de l’éclair : je suis nue dans le parc et seul un buisson me cache du reste du monde !

 

CIMG1411

 

14 janvier 2009

Partie 2

Elle frissonna et se tourna vers son amie :

-C’est bien là qu’on était cet après

midi,

non ?

-Il me semble, approuva la brune en commençant à regarder par terre. J’espère que je pourrais retrouver mon téléphone portable avant qu’il fasse trop noir pour y voir…

Les jeunes filles se mirent donc à la recherche de l’objet perdu. Quelques passants étaient encore présents, flânant dans les allées, mais plus le soleil disparaissait derrières les immeubles, moins de personnes croisèrent le chemin d’Arisa et de Mimiko.

Finalement, il fit trop noir malgré la lumière des réverbères pour trouver quoi que ce soit.

-On devrait rentrer, murmura Arisa, n’osant pas lever la voix.

-Moui… Pff mon pauvre portable… Si on n’avait pas fait les folles cet après-midi, ce ne serait pas arrivé…

Elle s’arrêta, coupée par une longue plainte d’un chien, suivie peu après d’aboiement.

-Brrr… On dit que quand un chien aboie la nuit, c’est qu’il a vu un fantôme… Gémit Mimiko en se rapprochant de son amie.

Celle-ci était figée. Son regard était fixé sur un buisson, les poings crispés. Un frisson la parcourut tandis que les bruits de courses se rapprochaient d’elles. Non… Ca ne pouvait pas être possible, pas avec Mimiko à ses côtés…

Elle aurait aimé lui dire de s’enfuir mais sa gorge était sèche et ses jambes semblaient plantées profondément dans la terre.

-Risa ? Fit la voix hésitant de son amie.

Soudain, les branches du buisson frémirent et deux molosses jaillirent devant elles, les babines ouvertes sur des crocs d’une blancheur captivante. Un grognement roque et menaçant sortaient de leur gorge tandis qu’ils jaugeaient les deux jeunes filles devant eux.

C’était deux énormes Pitbull, l’un aux poils ras et noirs, l’autre clair, instinctivement, la lèvre supérieure d’Arisa se releva, les dents serrées : elle détestait ces bestioles.

*Enemi ! Enemi ! Enemi !* Lui cria une petite voix dans son cerveaux.

Mimiko était pareillement effrayée, mais Arisa sentit qu’elle reculait et se tassait, jetant des brefs regards furtifs autour d’elle.

-Risa… Ces chiens n’ont pas l’air très content… Je pense qu’il faudrait mieux se retirer en silence…

*Se retirer ?! Se soumettre ? Et puis quoi encore ?! Je leur suis supérieur !* Grogna la voix intérieure d’Arisa. 

-Vaut mieux ne pas faire de gestes brusques… Ajouta raisonnablement Arisa en retrouvant l’usage de ses jambes. Ignorant mentalement « le loup ».

Les deux chiens ne les quittaient pas de leurs yeux jaunes qui brillaient.

Les jeunes filles reculaient lentement à petits pas, espérant que leurs maîtres ne tarderaient pas à accourir pour les museler.

*Ils n’ont pas d’alpha… Ce sont des vagabonds ! Des ennemis !*

Alors qu’Arisa écoutaient distraitement son instinct, un bruit de craquement raisonna du côté de Mimiko. Son pied venait de s’écraser sur une branche sèche.

Celle-ci se pétrifia d’horreur.

La suite fut très rapide. En moins de temps qu’il lui en aurait fallut pour dire « ouf », une pression de 65 kg/cm2 s’abattit sur le bras gauche qu’elle avait lancée devant son visage pour se protéger.

Les crocs s’enfoncèrent dans la chair tendre de son bras et un sang rouge et chaud jaillit. Arisa ignorait comment elle savait qu’il pouvait être chaud, mais la vue de ce monde écarlate et noir la plongea dans une transe. Ses yeux verts se mirent à briller sous l’effet de la pleine lune.

*Il attaque un membre de la meute !!! Il a blessé un membre de la meute !!!* Hurla son instinct.

Mimiko ne put retenir un cri de douleur et c’est ce qui finit par faire perdre toute raison à Arisa qui se précipita vers le chien.

Ce sont les mâchoires d’un loup qui se refermèrent sur l’abdomen du pitbull, l’éviscérant en l’entrainant avec lui dans son saut. Le chien noir boula contre un arbre, éventré, son sang s’écoulant autour de lui.

Mimiko se retint de vomir, à la fois de douleur et d’écœurement, se bâillonnant de sa main valide. Le loup avait atterrit un peu plus loin et était en train de mettre en morceaux les fripes dans lequel il s’était empêtré. Elancé, l’animal avait une belle couleur clair, mais il y avait sans conteste quelque chose de sauvage qui le différenciait de ses cousins chiens. Et le rouge qui tâchait le bout de son museau n’y était que pour peu.

Un bref instant, la jeune fille remarqua une décoloration nette au niveau de son coude.

Un fin croissant de lune.

Le deuxième chien s’apprêta à sauter sur le loup, mais celui-ci l’évita d’un saut et s’empara de sa courte oreille. Les deux fauves se lancèrent dans un duel violent, grognant, les dents entièrement découvertes, la queue haute, ébouriffée et dressée.

Les mâchoires claquaient, les deux animaux tournaient en essayant de s’agripper à quelque chose. Oreille, truffe, pattes, du pareil au même tant qu’ils pouvaient avoir une prise. Au bout d’un long moment de suspens, le chien sembla comprendre qu’il n’avait aucune chance et rentrant la queue entre ses pattes, se mit à gémir lamentablement.

Mais le loup ne semblait pas décidé à le laisser tranquille et les deux canins s’élancèrent dans les fourrés du parc, l’un pourchassant l’autre.

Mimiko se retrouva toute seule au beau milieu d’un carré d’herbe, se vidant de son sang. Secouant la tête, elle sembla sortir de sa léthargie :

-Risa ? Appela-t-elle.

Sans réponse.

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14 janvier 2009

Partie 1

Werewolf_Calendar___March_by_Novawuff

(peinture de l'incroyable Novawuff)

Chapitre 1 : Pleine Lune.

Ca avait commencé une nuit et puis ça ne l’avait plus quitté.

Elle ne dormait plus. Elle ne VOULAIT plus dormir. Car à chaque fois qu’elle fermait les yeux, c’était pour voir SES yeux brillants, SES dents blanches et pointues dégoulinante de baves, SES griffes raclant la terre, SES muscles se bandant pour lui sauter dessus.

Elle se réveillait alors en hurlant, la sueur envahissant son front et le souffle court. Ramenant sa couette jusqu’à son cou, elle se pelotonnait en boule pour se protéger, retenant ses larmes.

Cela faisait maintenant plus de trois ans qu’elle retenait le loup la nuit et personne ne le savait.

***

Arisa fit un bond pour contourner le chien qui jappait en sa direction, retenu par sa laisse.

-Grr, sale petit roquet ! Grogna-t-elle en revenant sur le trottoir.

-Il ne va pas te manger tu sais, commenta Mimiko en couvant du regard la petite bestiole.

-C’est comme ça, j’ai horreur des chiens, grommela Arisa avant de continuer : Depuis que l’autre m’a sauté dessus pour me mordre…

Instinctivement, elle jeta un regard où elle savait se trouver la trace en croissant de lune qui ornait son bras.

-Mais eux semblent bien t’aimer, ce n’est pas mon cas…

Arisa grommela alors dans sa barbe que c’était toujours comme ça les animaux adoraient ceux qui les détestaient.

Mais au fond d’elle, elle se mordit l’intérieur des joues car elle comprenait très bien les jappements des chiens…

La plupart étaient attiré par elle, car il reconnaissait sa dominance sur eux, d’autre hélas, plus gros, plus méchant, ne perdaient pas une occasion de tirer un grand coup sur leur laisse pour essayer de l’égorger et la chasser de ce qu’il considérait comme « leur territoire ».

Elle poussa un soupir agacé et allongea le pas sans s’en apercevoir, obligeant ainsi Mimiko, moins rapide, à trottiner derrière elle.

La nuit commençait à tomber et les deux jeunes filles ne purent s’empêcher de contempler la magnifique pleine lune qui commençait à rayonner sereinement au dessus des arbres du parc.

-Je vais surement faire des cauchemars cette nuit, déclara alors la brune. J’en fais toujours quand la lune est pleine.

*Moi c’est tout le long du cycle lunaire que je cauchemarde… *

Il était vrai qu’à la nouvelle lune, le loup semblait s’éloigner.

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