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Instinct Animal
26 octobre 2009

Partie 2

***

La pluie s’était finalement mise à tomber. Arisa avait le nez couvert de boue à force de le trainer par terre, mais elle n’en avait cure pour l’instant. Derrière elle, suivaient comme elles le pouvaient, Naru et Asuka qui sur deux jambes, n’étaient pas aussi tout terrain que leur amie sous sa forme canine.

Après avoir fait un tour complet de la zone où Arisa avait eu l’habitude de se promener et s’être assuré à coups de truffe que Mimiko n’y avait pas remis les pieds, les jeunes filles et la louve avait grimpé vers le Nord/Est. Cependant, cela fut moins facile qu’elles ne l’avaient escomptée. La police cerclait chaque coin boisé du paysage, car la forêt n’était pas une seule étendue uniforme : les humains avaient déboisés pour construire des routes, des champs ou même des maisons, et les villes grignotaient petit à petit ces derniers vestiges de ce qui avait dû être une gigantesque et majestueuse forêt.

Il leur avait fallut ruser et être discrètes pour se faufiler à travers les mailles du filet, mais heureusement, ou malheureusement, l’averse qui dégringola sur leur tête en milieu d’après-midi, leur facilita l’infiltration des lieux gardés. Il était quatre heures cinquante quand elles rentrèrent dans la zone de forêt la plus au nord. Une ville se tenait derrière, il était donc improbable que Mimiko soit allé encore plus haut.

Les jeunes filles s’arrêtèrent, mendiant à l’animal une pause, s’installant dans un endroit relativement protégé par un arbre.

La louve fit demi-tour et s’assit sagement à côté d’elles sans rien dire.

-Et dire que normalement, c’est toi la moins sportive… Râla Asuka en cherchant de quoi gouter dans son sac.

Elle tendit une brioche à Naru et en posa une autre à côté d’Arisa qui se coucha et la prit dans ses pattes pour pouvoir s’en régaler.

-Il ne faut pas qu’on reste trop longtemps, rappela Naru. A cette heure là, on risque de rencontrer les chasseurs…

-Je sais… Mais on risque moins de choses à les croiser que Mi.

-Bon sang, toute cette histoire est vraiment… Soupira Naru en enfouissant sa tête dans ses mains. On se croirait dans la quatrième dimension…

-Une quatrième dimension très humide alors, ajouta Asuka d’un ton léger.

-Ca te fait rien toi ?!

-Si, si… Trop de choses nouvelles en trop peu de temps. Je crois que je n’ais simplement pas réalisé. Mais je pense aussi que ça sert à rien de se lamenter. Arisa et Mimiko sont comme ça et jusqu’à preuve du contraire, on ne peut rien y faire.

Arisa releva sa fine tête et fixa la jeune fille de ses beaux yeux verts, comme si elle cherchait à lui dire quelque chose. Prise d’un élan, Asuka passa sa main sous son menton et le lui gratouilla. La louve se laissa faire sans broncher.

Oui, c’était comme ça et il était trop tard pour arranger les choses.

Soudain, les oreilles du canidé s’orientèrent vers l’arrière et Arisa se redressa, grognant en direction des buissons. Ce ne fut que quelques minutes plus tard que l’ouïe humaine perçut de très faible bruit.

-Les chasseurs ! S’exclama avec angoisse Naru alors qu’Asuka s’était accroupie dans la boue prés de la louve, la retenant par le poitrail pour l’empêcher de bondir vers les hommes, tout crocs dehors.

-Qu’est ce qu’on fait, on s’enfuie et on les évite ?

Naru fronça les sourcils et se mit à réfléchir à toute allure :

-D’un autre côté, si on s’enfuit, ils vont croire qu’on a fait quelque chose de mal… Ou même nous tirer dessus en pensant abattre le loup…

-Mais si on reste là, ce n’est pas seulement nous, mais Arisa qui va être découverte ! Et comme c’est un loup, je doute qu’ils attendent nos explications avant de lui tirer dessus.

-Alors il faut qu’elle se retransforme.

-Mais elle serra NUE ! Répliqua Asuka avant d’être prise d’une inspiration soudaine : Mais oui, on a qu’à dire qu’on la retrouvée dans cet état, que le « loup » l’avait attaqué et qu’il lui a arraché ses vêtements !

La louve s’agita et s’ébroua dans ses bras, cherchant à montrer combien cette idée lui déplaisait, mais la jeune fille tint bon.

-Mais si, c’est la meilleure chose à faire pour le moment !

-Ils arrivent, annonça Naru en se tordant les mains, angoissée.

-Eh vous ! Fit un des hommes de têtes, Restez où vous êtes !

Rain_in_wolf_form_by_Brambleclaw4evr

Credit Photo

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8 octobre 2009

Partie 1

Chapitre 4 : La traque

-Bon voyooonnns… Essayons d’agir de façon logique, annonça Asuka en tapotant sur le clavier d’un des antiques ordinateurs du CDI.

A côté d’elle Arisa avait du mal à rester en place et tournait nerveusement autour des tables couvertes d’ordinateurs installée en rond.

-Cherchons une carte, approuva Naru, assise sur une chaise.

C’était encore le matin. La réunion d’information pour les parents et les élèves n’était pas encore terminée, la bibliothèque était donc complètement déserte. Ce qui leur facilitait agréablement leurs recherches. De toute façon, les vautours de documentalistes (et après avoir vu Arisa se transformer, Asuka se demanda si ces vieilles femmes n’étaient pas aussi de la partie avec la façon dont elles avaient de tournoyer autour de leur victime avant de leur fendre dessus.) n’auraient pas supporté le va-et-vient incessant de la blonde.

-Voila j’ai trouvé une carte, fit Asuka en cliquant sur un lien qui fit apparaitre une carte du département.

Elle l’agrandie un peu pour se placer sur leur commune. Arisa se stabilisa alors enfin derrière elle, observant les zones boisées. Elle posa un doigt sur la partie la plus proche de leur ville :

-C’est là où Mimiko et moi on se promenait. Mais hier je suis sure qu’elle n’y était pas.

-Bon eh bien, si tu ne la sens pas quand on ira, on cherchera ailleurs.

Naru désigna alors une longue bande de verdure :

-C’est là où les gens t’ont entendu hurler. Tu devais être dans ce coin là.

-Alors c’est là où se trouvait les champs et le pré où a été découvert la vache morte, en conclut Arisa en montrant un vide.

-C’est vachement prés de la forêt de Bouconne ça, remarqua Asuka. Tu crois que c’est là qu’elle se serait dirigée ?

-Non. Pas si elle est comme moi. C’est une route très fréquentée qui passe par là, ça m’a aussitôt inquiétée et j’ai préférée aller vers là où je sentais la forêt plus proche, autrement dit vers l’ouest.

-Donc tu as visité tout le sud ouest… Et le Nord Est, vers Cornebarrieu et Mondonville ? Il y a des petits coins boisés par là.

-Non, trop crevée… Sur une carte ça parait toujours petit, mais quand on doit faire le chemin, on s’aperçoit des distances…  

-Alors je pense que c’est par là que nous devrions chercher. Elle a peut être tourné vers le nord au lieu de tourner vers l’ouest. Peut être pensait-elle pouvoir contourner la grande route par là.

-Oui… Comment allons-nous nous y prendre pour l’expédition ? Surtout que la police sera dans le coin ! Demanda Naru.

-J’ai entendu dire qu’ils ne partaient pas avant cinq heurs ce soir. Les loups sortent plus la nuit. On sera alors déjà dans la forêt, espéra Asuka en lançant une impression de la carte.

Elle récupéra la feuille de papier et éteignit l’ordinateur.

-Et pour le reste… Il y a quelqu’un chez toi Naru ?

-Oui, ma mère.

Asuka jeta un coup d’œil critique à ses chaussures :

-Bon ça devrait aller avec des tennis. Moi aussi d’ailleurs. Mais on va passer chez moi prendre un sac avec de quoi manger et boire.

-Attends, tu veux dire qu’il faut qu’on sèche les cours ???

-Ils commencent leur traque à

5h,

nous FINISSONS nos cours à tu vois d’autres solutions ? Argumenta Asuka. Ca ne me fait pas plus plaisir que toi, mais c’est un cas d’urgence. On se fera passer malade.

Naru se mordit la lèvre. On sentait que cette histoire ne lui plaisait, mais alors pas du tout du tout. Ainsi, jusqu’à chez Asuka, elle serra obstinément les dents, sans lâcher un mot.

C’est alors qu’Asuka fourrait plusieurs choses dans un gros sac à dos qu’elle reprit la parole :

-Tu as pensé à aller voir un médecin ?

-Dissection… Répondit aussitôt Arisa.

-Mais non…

-Mais si.

-Peut être qu’il a déjà vu des cas dans votre genre et qu’il sait comment le guérir ! Comme vous vous êtes faites mordre, peut être que vous avez attrapé un virus mutant de la rage…

Arisa fit une grimace, sceptique :

-Alors d’après toi, on est simplement… malade ?

L’ironie suintait trop de cette question pour que Naru prenne la peine d’y répondre.

-Bon c’est pas le sujet du jour, maugréa Asuka en enfilant son sac à dos. On en discutera lorsqu’on aura retrouvé Mimiko et qu’on sera au chaud en train de boire un bon café au lait.

-D’accord avec toi, fit Arisa en sortant la première.

Elles se dirigèrent vers le fond du quartier, là où commençait le bois. De gros nuages gris sombres se déplaçaient dans le ciel, n’annonçant rien de bon. Mais ce ne fut pas assez pour décourager les jeunes filles.

-Bon je porte le sac, Naru tu t’occupe de la carte et de nous orienter et Arisa…

-Moi je suis la trace, finit celle-ci en commençant à retirer son coupe vent.

***

Une trace… Une odeur différente…

Une masse noire passait de branches en branches dans la lumière terne du jour. La panthère noir stoppa sur une branche, se ramassant sur celle-ci, jouant des épaules, prête à bondir… Quand soudain…

L’odeur changea.

L’animal s’immobilisa, pareil à une statue, les pupilles se rétrécissant à l’extrême, ne devenant plus qu’un trait noir sur un iris d’or.

Ca sentait les Hommes.

Ses babines se retroussèrent, découvrant ses canines blanches et tranchantes. Ils étaient plusieurs à l’orée de la forêt, faisant craquer les feuilles mortes sous leurs bottes à chaque pas. Tout en bleu.

Quelque part, au fond de l’animal, une voix les reconnus.

*Des policiers.*

Ce mot semblait s’accompagner de peur et c’est ce qu’en retenu l’animal. Elle ne voulait pas les voir s’approcher de son territoire. Se redressant sans un bruit, la panthère lança un feulement d’avertissement avant de sauter sur une branche supérieure. Ce fut une bonne idée, car l’un des hommes qui avait entendu un drôle de bruit rentra prudemment dans le bois, mitraillette à la main, poussant du canon de celle-ci les branches basses, fouillant l’océan de verdure des yeux.

-Eh ! Qu’est ce que tu fais Ben ? Le capitaine avait dit qu’on ne devait pas encore rentrer ! Lança son duo en rentrant à son tour.

-J’ai cru entendre un bruit bizarre… Répondit le dénommé Ben.

-C’est pas étonnant, ya des bestioles partout ici… Mon territoire à moi c’est la ville, pas la forêt, pourquoi ils n’ont pas fait appel à des gardes forestiers ?

-Ils en avaient besoin pour ratisser Bouconne. Moi ça me pose pas de problème. Hé Michel, lança-t-il à son équipier qui retournait sur la route prés de leur fourgon : tu savais que quand j’étais petit, mon grand père m’amenait avec lui à la chasse !

Michel haussa des sourcils, apparemment, il n’en n’avait rien à faire et s’apprêtait à subir un long monologue. Effectivement Ben le suivit tout en continuant à parler :

-Je suis pressé de

17h,

tu verras, ce loup je l’abattrais avant n’importe lequel de ces chasseurs amateurs…

Mimiko tomba souplement là où s’était tenu l’homme quelques instants auparavant et feula dans sa direction avant de s’éloigner de la route.

Elle n’avait pas aimé du tout ce que l’Homme avait raconté et avait compris qu’ils tentaient de pénétrer dans son territoire… Et foi de Mimiko, elle n’allait pas les laisser faire !

8 octobre 2009

Promenons nous dans les bois...

Les lieux de l’action :

Tout ce qui est en vert clair est le bois où  est susceptible de se balader Mimiko.

Carte

Merci a Google Map.

8 octobre 2009

Partie 4

***

-Ouuwwaa… Je veux plus jamais dormir à la belle étoile… Marmonna Arisa en baillant tout en se dirigeant vers son lycée, la tête bringuebalant d’un côté à l’autre de ses épaules, trop fatiguée pour arriver à la tenir longtemps droite.

Elle n’était pas repassée chez elle et songeait déjà à squatter les douches du gymnase en séchant sa première heure. Elle en profiterait aussi pour acheter de quoi se remplir l’estomac et faire une petite sieste au foyer…

Malheureusement pour elle, tous ces petits plans furent annulés quand elle fit irruption dans le hall du bâtiment, encombré par toute une foule. Des professeurs semblaient se tenir prés de l’un des gros blocs de bétons qui entouraient les larges poteaux jaune soutenant le plafond. La proviseur adjointe se trouvait sur ces derniers et semblait faire un discours dont elle attrapa une phrase au passage :

-… Inutile de s’inquiéter. Je compte sur vous pour rester chez vous la nuit…

-Qu’est ce qu’il se passe ici ? S’étonna-t-elle en regardant tout autour d’elle.

Elle attrapa au passage les yeux de Naru et d’Asuka qui se dirigèrent aussitôt vers elle, avec sur leurs visages une mine qui inquiétât énormément Arisa. Oh ça sentait pas bon du tout cette histoire…

En effet, sans prévenir, Naru l’avait agrippé par les bras et Arisa fit une grimace, retenant la bouffée d’agressivité que ce geste avait provoqué chez son elle « loup ».

*Calme toi, ne prends pas ça pour une agression… Ce n’est pas une agression…*

Malgré tout ses efforts pour se calmer, un son roc et sec grésillait au fond de sa gorge.

-ARISA ! Ou étais tu ? Nous étions tous fous d’inquiétudes !!! S’exclama Naru en la secouant légèrement. On a cru qu’il t’était arrivé quelque chose !

-Tes parents ont appelés tout le monde en voyant que tu ne rentrais pas, enchaina Asuka, après Mimiko, on pensait que toi aussi tu avais disparu… Vu que vous aviez tendance toutes les deux à trainer prés des bois… Il faut qu’on prévienne tout le monde que tu es rentrée !

-Oh oui, tes parents sont quelque part par là aussi !

-A… Attendez, tout ce monde, c’est à cause de moi et de Mimiko ?! Arriva à placer Arisa en se défaisant de la prise de la brune.

-Bein oui et non, après deux disparitions… On a pensait que tu as été aussi attaqué par le loup ! Expliqua Asuka.

-Moi ?! Attaqué par un loup ? Se moqua Arisa car pour elle, la louve, cela était effectivement très ironique, avant de continuer toujours sur le ton de la plaisanterie : Mais il n’y a pas de loups ici !

Ah ça, s’il y avait eu des loups, elle l’aurait su : ils lui auraient forcément répondu hier soir.

-Ce n’est pas marrant Arisa ! C’est sûrement ce qui est arrivé à Mimiko ! Répliqua Naru le visage sévère. Il y a vraiment des loups. Tout un quartier de Pibrac, de Brax et de Leguevin les ont entendus hurler hier soir !

-Hein ?!

-Oui ! D’ailleurs la police a prévu de faire une battue des bois avec un groupe de chasseur pour le débusquer, annonça Arisa.

-Oh… Merde… Ils m’ont entendu… Murmura Arisa, à présent atterrée. Qu’est ce que vais bien pouvoir faire…

-Il faut qu’on annonce à tout le monde que tu vas bien, lança Naru en s’apprêtant à tourner les talons.

Mais une prise de fer sur son pull la tint fermement sur place. De son autre main, Arisa s’empara du poignet d’Asuka et les tira toutes les deux vers un couloir de salles de classes.

-Non ne dites rien toutes les deux et suivez moi !

Les jeunes filles, interdites, n’eurent pas vraiment d’autres choix que coopérer. La blonde les fit entrer dans une des salles de cours où elle les libéra, avant de refermer la porte derrière elles.

-Qu’est ce qui se passe Arisa ? Fit Naru d’une voix à la fois agacée et inquiète.

-Mimiko est en danger et je ne sais pas comment faire pour la retrouver ! J’ai passé toute la nuit à fouiller les bois en vain ! Si ces chasseurs la trouvent avant moi, ils risquent de la tuer !

-Mais de quoi tu parles ? C’est pas les chasseurs le danger, c’est les loups ! Répliqua Naru. Et… Tu as passé toute la nuit dans la forêt ????

-Non, il n’y a pas de loups ! Réfuta Arisa. Hier ces cris c’était moi !

Elle eut droit à deux haussements de sourcils perplexes. Arisa se maudit intérieurement et souffla entre ses dents en se passant une main sur son visage. Les yeux des deux jeunes filles devant elle se tournèrent en direction de leur voisine, s’interrogeant mutuellement sur la santé mentale de leur amie. Asuka reprit finalement la parole :

-Euuuh… Donc tu vas dans les bois et tu t’amuse à hurler comme un loup ?

Arisa lui lança un regard noir.

-Bein écoute, c’est ce que tu viens de dire ! Tu es totalement incohérente dans tes propos.

-Bon j’ai compris, soupira Arisa. La vie de Mimiko est en danger alors je ne vois pas d’autres solutions…

-De quoi tu parles ?

-Mimiko et moi avons un secret, commença Arisa. C’est pour ça que ces temps-ci on passait beaucoup de temps ensemble.

-Un secret ? Répéta Asuka, sa curiosité piquée.

-Oui, il faut que vous juriez de ne jamais le dire à personne.

Asuka et Naru se concertèrent à nouveau d’un regard, avant de hocher la tête gravement. Arisa décida alors de se lancer :

-Je ne sais pas encore pourquoi, ni comment, si c’est normal ou même explicable scientifiquement mais… Depuis que toutes les deux nous avons été mordues par un chien complètement fou… Eh bien… On se transforme en animal.

-Quoi ?!

-Tu te moques de nous ?

-Non, sinon j’en ferais pas tout une histoire ! C’est pour ça que je vous ai dit que c’était moi qui hurlais. Je cherchais Mimiko sous ma forme de loup et… Sur le moment j’avais pas réalisé… Mais c’est vrai que c’était vraiment con de gueuler aussi fort…

-Tu… T’es un loup garou ? Lança Asuka.

-NON ! Mes transformations n’ont rien à voir avec la lune ! Quoique la première… Enfin, je sais pas… Je peux me changer à tout moment et même en fait… Je le suis toujours un peu…

-Comment ça ?

Arisa avisa le dossier de bois d’une chaise et s’y appuya, le serrant fortement. Il y eu bref bruit sec et tout un morceau du dossier lui resta dans la main.

Asuka et Naru la regardait à présent avec de gros yeux ronds et de plus en plus mal à l’aise.

-Kitsune m’avait dit que tu avais péter deux stylos hier… Mais je pensais pas que c’était à ce point, bégaya Asuka. C’est plutôt impressionnant…

-Et… Et Mimiko est comme toi ?

-Oui, au détail prés que elle, ce n’est pas un loup, c’est une panthère et qu’elle s’est transformée pour la première fois avant-hier et depuis… Elle est restée sous sa forme animale. Je ne sais pas trop si elle ne veut pas reprendre sa forme humaine ou si elle ne sait pas comment s’y prendre… Mais une chose est sur, il faut que je la retrouve. Et ceux avant les chasseurs ! C’est elle qui a tué la vache et ils risquent de croire qu’elle est son propre assassin… Mais de toute seule… Je me sens un peu perdue… J’aurais besoin de votre aide !

-Pourquoi tu n’irais as voir la police pour leur raconter tout ça ? Demanda faiblement Naru.

-Oui, PARFAITE IDEE ! Et puis après ils vont s’amuser à me disséquer pour voir comment un être humain normalement constitué peut se transformer en bébête toute poilu ! Répondit Arisa avec sarcasme.

L’inquiétude qu’elle ressentait pour Mimiko, le temps qui passait et la perspective des chasseurs rendaient Arisa de plus en plus hargneuse. Pourtant, quelque part elle comprenait Naru. Elle aussi, elle avait toujours été couarde et elle continuerait probablement à l’être, mais l’instinct et la meute l’empêchait de réfléchir clairement au danger.

-Si Mimiko est en danger, on va t’aider avec nos maigres moyens, tempéra Asuka. Mais avant ça… Tu peux te transformer, juste pour voir ?

-…

-Allleeeezzzz !!!

-D’accord mais n’ayez pas peur hein ? N’hurlez pas ou je ne sais quoi : je ne vous ferais pas de mal.

-Pas de problème ! Répondit Asuka, heureuse de pouvoir assouvir sa curiosité pendant que Naru faisait mine de pas s’y intéresser.

Elle fixa avec un grand sourire son amie.

-Euh…

-Oui ?

-Ca m’arrangerait si vous pouviez vous retourner le temps que euuuh… Je me déshabille… Marmonna Arisa, pleine de gêne.

-Oh oui ! Bien sur !

Les deux jeunes filles lui tournèrent le dos et la blonde commença à retirer ses vêtements là où les stores étaient tirés. Elle se souvint alors brusquement de la dernière fois où elle avait vue Mimiko. C’était dans cette même situation… La brune avait grogné d’agacement devant sa pudeur, mais Arisa savait que si elle avait été sous sa forme humaine, Mimiko en aurait plutôt sourit.

Et le sourire de Mimiko lui manquait.

… Elle ne laisserait pas ces chasseurs tourner un seul fusil dans sa direction… Si ça devait être le cas…

… Elle les tuerait. 

salle_de_classe

Credit photo

4 octobre 2009

Partie 3

***

Arisa fit un dernier geste pour dire au revoir à ses amies. Puis, au lieu de continuer sa route, resserra les bretelles de son sac à dos et se mit à courir dans la direction opposée. Cela aurait été plus rapide de galoper en tant qu’animal, mais elle était encore dans la ville… Il allait lui falloir se contenter de ses deux jambes et de son train d’escargot…

Pourtant… Pourtant l’air frais fouettait son visage, elle filait comme si elle était aussi légère qu’une plume et sans même se fatiguer. Les muscles de ses jambes lui répondaient comme ils n’avaient jamais répondus, la faisant bondir à chaque foulée beaucoup plus loin que d’habitude. Courir partout sous sa forme de loup l’avait musclée et elle ne s’en était même pas aperçue !

Mais à bien y réfléchir, il n’y avait pas que son endurance qui avait changé : ses cinq sens s’étaient développés et elle avait aussi gagné en force…

Elle s’arrêta devant le petit chemin où Mimiko et elle avait l’habitude de se promener et huma l’air. Il faisait presque totalement nuit, son téléphone vibrait de fureur dans la poche arrière de son sac et la température ne cessait de se rafraichir. Les odeurs ne lui apprirent rien de particulier, la trace de Mimiko était vieille.

S’enfonçant dans les herbes hautes, elle se dirigea vers les arbres tout en écoutant autour d’elle les bruits de la forêt. Un oiseau se posant sur une branche quelques mètres plus loin, arracha de l’écorce avec ses petites griffes. Un petit prédateur, peut être un renard, marchait avec précaution sur les feuilles mortes. Il devait sûrement être à la recherche du lièvre qui bondissait dans la plaine derrière. Un chien zigzaguait sur le chemin de terre qui la traversait.

Pas un son pouvant rappeler une immense bête noire…

Arisa rentra dans le bois et posa ses affaires dans son tronc habituel, éteignant son portable d’un geste vif et un peu agacé, bien qu’elle ne sut dire contre qui exactement elle l’était. Elle se déshabilla avec hâte, pressée d’éteindre ses incertitudes et enfila sa peau de loup.

S’ébrouant, la louve jeta un regard vers le ciel, triste de le découvrir entièrement caché par de sombres nuages. Point de lune à qui raconter ses tourments, point d’étoiles pour pleurer sa sœur disparue.

Elle avança dans les bois avec précaution, reniflant autour d’elle, cherchant avec acharnement la trace. Elle passa sa truffe sur chaque plante, sur chaque tronc se trouvant sur son passage. Plus d’une fois, elle fut déconcentrée par une odeur alléchante, la faim commençant à se faire sentir, mais elle se donnait des baffes mentales pour reprendre sa recherche. Puis n’y tenant plus, elle fendit sur la première musaraigne qui se tenait prés d’elle, espérant être bien caché sous ses feuilles. L’instinct avait précédé sa pensée, et un long moment, Arisa resta face à face avec le petit corps sans vie. D’un petit coup de patte elle s’en assura. Le rongeur ne broncha pas. Son cerveau était tenaillé entre la réaction humaine de dégout et la réaction animale d’envie. Cette chose était pleine de poil, ça ne devait vraiment pas être « agréable » d’en manger… Et puis sans couteau et sans fourchette, comment allait-elle faire ? Et puis c’était cru bordel…

Finalement, la louve affamée, perdue dans ses pensées, se fit piquer son repas par un renard qui le lui faucha sous ses yeux en un instant, tout en continuant à décamper.

Encore une fois le loup réagit bien avant Arisa et bondit sur ses quatre pattes en grognant pour corriger l’impudent. Cependant, le rouquin avait déjà disparut.

Arisa continua donc sa route et arriva pas loin du pré où la vache avait été tuée. Elle ne s’approcha pas car elle avait sentie l’odeur de deux gros chiens. Le fermier avait sans doute prit des précautions. La louve passa son chemin et rentra dans un nouveau morceau de forêt. Là où elle n’était encore jamais allée.

Elle commençait à être fatiguée et était déjà complètement découragée. En s’éloignant des sources de lumières, elle arrivait de moins en moins à voir son environnement. Les quelques animaux autour d’elle s’enfuyaient en sentant sa présence. Peut être que eux savaient où se trouvait la panthère ?

Une chouette passa au dessus d’elle dans un froissement d’aile.

Peut être pouvait-elle lancer un appel ?

Bien qu’elle ne l’eu jamais fait, une longue stridulation monta le long de sa gorge, tout naturellement, avant de se changer en un long et douloureux hurlement qui résonna autour d’elle. Ce son était magnifique… Elle ne s’était jamais crue capable de hurler aussi fort et aussi bien. Elle recommença parce que ça lui faisait du bien, puis encore et encore, évacuant sa colère, sa frustration et son chagrin.

Sans même se douter qu’à quelques mètres de là, les lumières s’allumaient dans les maisons du voisinage et  qu’en quelques instants, le commissariat local croula sous le nombre d’appel téléphonique mentionnant le mot : « loup ».

Lune

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